Léa Sprunger: « Athletissima est un meeting prioritaire dans ma préparation »

Lea Sprunger prête à se tester sur la piste de la Pontaise jeudi soir. © Oreste Di Cristino / leMultimedia.info

Une année après sa décevante prestation sur la piste du Stade de la Pontaise et une dernière place mal négociée d’entrée de course, Léa Sprunger retrouve Athletissima avec un état d’esprit nettement meilleur. Après un début de saison enrichissant tant sur les 300 mètres d’entraînement que sur les 400 mètres plat, distance sur laquelle elle a décroché la meilleure performance nationale dimanche, la Vaudoise sent pouvoir accomplir une course satisfaisante sur le tapis des Plaines-du-Loup sur 400 mètres haies. Une performance qui devrait pouvoir appréhender un temps en-dessous des 54 secondes dans un futur proche: « J’ai les jambes pour mais il faut m’avoir des conditions particulières réunies. Mais j’ai de grandes chances d’y parvenir, sinon cette saison, la prochaine », avouait-elle en conférence de presse 24 heures avant le meeting. Interview.

De retour à Lausanne après un début de saison très heureux. Quelles impressions ressens-tu à 24 heures de retrouver ton public à la Pontaise ?

Je me réjouis beaucoup. Il est vrai qu’avec le début de saison que j’ai fait, j’ai la confiance au beau fixe. De plus, pouvoir courir à Athletissima devant mon public et sur une piste que je connais très bien est un grand avantage pour moi. Athletissima est, cette saison – et ça l’a toujours été –, un meeting prioritaire dans ma préparation donc le pic de forme a été fait pour ce meeting et espérons que les conditions soient réunies pour que j’engage une bonne course.

Un meeting central pour ta préparation qui retrouve sa place habituelle, au début du mois de juillet, après avoir été décalé en 2016 en fin de mois d’août à cause des Jeux Olympiques de Rio. Tu y étais d’ailleurs sans doute plus fatiguée, plus éprouvée… Aujourd’hui, es-tu plus prête à concourir à nouveau dans le meilleur de ta forme pour obtenir un résultat satisfaisant ?

Oui, c’est vrai que ma forme actuelle est incomparable avec l’année passée. La date n’est pas la même et en 2017, Athletissima revient en juillet. C’est la date idéale en réalité avec la concurrence idéale que je recherchais. Je tiens donc vraiment à me distinguer jeudi.

« Le plein de confiance après la saison en salle qui s’est mal terminée »

Tu as obtenu de très bons résultats en début de saison sur 300 mètres à Bâle, puis à Langenthal à la fin du mois de mai. Cette préparation sur cette distance hybride est importante pour jauger ta condition physique à l’aube des grands rendez-vous ?

C’est vrai que quand l’on court les 300 mètres, c’est davantage dans une perspective d’entraînement, en fournissant le dernier effort avant les premières étapes décisives. Il est nécessaire de voir où l’on se situe dans la préparation. Cette ce fut très positif; j’ai réussi à abaisser mes records personnels et j’ai très vite vu que ça allait bien. Cela m’a aussi permis de faire le plein de confiance après la saison en salle qui s’était passablement mal terminée [ndlr, de mi-décembre à mi-mars]. C’est l’ensemble de tous ces petits éléments qui me permettent de garder la confiance et de construire mes futures performances.

La priorité aux championnats du monde à Londres (5 au 13 août) néanmoins ?

Bien sûr ! La priorité reste bien évidemment l’alignement sur les 400 mètres haies à Londres. C’est ma discipline de prédilection même si cette année, je me suis passablement alignée sur les 400 mètres plat, afin de trouver des réponses aux questionnements que je me suis posés en début d’année. Mais je viserai bien la distinction à Londres sur les 400 mètres haies.

« Je ne fais pas une fixette sur le record suisse du 400 mètres haies »

Battre le record d’Anita Protti sur 400 mètres haies (54”25 secondes) – après avoir battu de 23 centièmes son record sur 400 mètres plat dimanche (51”09 secondes) – sera un bonus ou une finalité lors des prochaines courses, y compris à Lausanne ?

Ce sera sans hésitation un plus, puisque l’on se bat le plus souvent contre soi-même. Néanmoins, si ma persévérance me permet d’établir un nouveau record de Suisse, j’en serai fière. Ce n’est toutefois pas une priorité, je ne m’en fait pas ma fixette principale même si je sais que j’ai les capacités et la force dans les jambes pour pouvoir y parvenir. Il tombera bien un jour mais je ne m’aligne pas sur la piste en pensant à ce record suisse. Je souhaite avant tout faire une course propre et généralement, le temps suit.

Les Suisses en conférence de presse

Kariem Hussein (400 mètres haies)

Kariem Hussein s’est définitivement débarrassé de son entorse au pied et court désormais plus libéré, enregistrant par ailleurs des résultats éminemment positifs en ce début de saison. Ayant débuté un entraînement intensif, le Thurgovien est monté en puissance dans chacun des meetings qu’il a disputés, retrouvant le plus vite possible le rythme de la compétition: « J’ai débuté un entraînement correct en octobre-novembre de l’année dernière. J’ai eu beaucoup de soucis les deniers hivers alors que j’ai pu bien m’entraîner cet hiver. J’espère courir ma meilleure performance personnelle de la saison en courant autour des 48 secondes », explique-t-il en conférence de presse. Mais pourquoi autant de difficulté à descendre autour des 49 secondes ? « On parle toujours de chiffre mais la différence est en réalité minime. Après mes performance sur 300 mètres, je pensais faire un bon résultat sur 400 mètres haies lors des dernières sorties mais cette année, l’on fait plus d’entraînements que les autres saisons. Néanmoins mon objectif reste centré sur les championnats du monde. »

Selina Büchel (800 mètres)

Même en l’absence de deux représentantes du podium olympique de 2016 à Rio – Caster Semenya (championne olympique) et Margaret Wambui (bronze) – Selina Büchel prêtera attention à la concurrence sur sa distance des 800 mètres, notamment en la figure de la médaillée d’argent à Rio, Francine Niyonsaba, favorite comme en 2016 où elle avait bouclé sa course en 1’57.71 minute. Néanmoins, avec des chronos intéressants à Eugène (1’59.46) et à Stockholm (1’59.66), la Suisse semble en posture d’appréhender la distance sous un bon sentiment. Après avoir amélioré sa marque personnelle sur la distance en indoor en mars dernier à Belgrade (2’00.38 minutes), elle cherchera sans doute à améliorer son Personal Best sur la piste de la Pontaise jeudi soir: « Je suis heureuse de mon début de saison, je me réjouis beaucoup de concourir demain à Lausanne avec la hâte de continuer sur ma lancée. Mon objectif sera de partir rapidement dans la course, espérant accomplir la boule en 1’58.00 minute. J’espère prendre les bonnes décisions tactiques durant la course », avoue-t-elle. Une marque audacieuse.

Sarah Atcho (200 mètres)

Après une blessure à une cuisse (ischio-jambier), Sarah Atcho est revenue cette saison avec une détermination bien trempée. D’abord à Bulle où, en plus d’établir son meilleur résultat personnel, elle a reçu les minimas nécessaires (22 »91 secondes) pour se qualifier aux championnat du monde de Londres au mois d’août. Un accomplissement qui lui permet désormais de courir plus libérée sans ne plus subir de pression aucune: « Je peux désormais choisir la course que je veux. Je peux me permettre de ne pas m’aligner dans les meetings quand les conditions ne sont pas optimales et je peux me concentrer sur les rendez-vous, comme Athletissima, qui peuvent réellement m’apporter une satisfaction importante moralement mais aussi sur le plan psychologique », explique-t-elle en conférence de presse. Ainsi, après avoir enlevé les records nationaux sur les distances de 60 mètres et 200 mètres en salle, dépassant sur les deux distances l’ancienne marque détenue par Mujinga Kambundji, Sarah Atcho pourra désormais vivre pleinement et sans retenue son rendez-vous sur la piste de la Pontaise: « Me retrouver aux côtés des meilleures, c’est très impressionnant. Je courrai avec beaucoup moins de pression, aussi par ce que je ne suis pas tenue au résultat comme à Bulle en début de saison », conclut-elle face à l’assistance.

Julien Wanders (5000 mètres)

Le jeune talent suisse concourra pour sa grande première au Stade de la Pontaise pour le meeting d’Athletissima, soit la grande découverte de l’envergure de la Diamond League. Mais il n’y sera qu’en simple repérage; Julien Wanders misera sur un chrono ambitieux, cupide de résultats à la signification porteuse. En effet, le champion suisse junior des 5000 et 10000 mètres en 2014 cherchera la qualification au championnat du monde de Londres, dont les performances minimales sont fixées à 13’22.60 minutes, soit quelque 15 secondes de moins de son record personnel, un défi ! « Effectivement le chrono que je dois atteindre est 15 secondes plus bas que mon meilleur temps, mais sachant que ce dernier a été atteint après un mois de blessure, je reste optimiste et j’y crois pour demain », affirme-t-il en conférence de presse d’ouverture de la 42e édition d’Athletissima. En outre, Julien aura sa référence sur la piste de la Pontaise, comme il l’explique lui-même: « Je m’entraîne depuis plus d’un an avec un partenaire kényan et qui sera mon lièvre demain. La course risque d’être rapide avec dix coureurs capables de descendre sous les 13 minutes mais j’adapterai mon rythme en fonction de mes sensations. » À son crédit néanmoins, ses bons résultats sur le demi-fond (10 kilomètres) susceptibles de porter bonne augure pour les 5000 mètres: « Mes 28’22’’ minutes sur 10’000 mètres à Milan devraient m’aider à passer en-dessous de mon meilleur temps de 13’37.48 », conclut-il au Mövenpick Hôtel à Ouchy.