Après la performance des belges de Soulwax en première partie, on retrouve le groupe français pop-électro Phoenix qui revient sur la scène du Montreux Jazz Festival avec son nouvel album inspiré d’une Italie rêvée et idéalisée : Ti amo. Voir également la galerie photo de 70 images du set de Phoenix à l’Auditorium Stravinski.
Difficile de reprendre les reines de l’Auditorium Stravinski après le passage dévastateur de Soulwax. Lire la revue de concert des Belges.
Un modèle d’exportation
Les Versaillais arrivent sur une scène sans décor particulier, batteries et synthé à l’arrière et le reste du groupe bien aligné sur le devant de la scène. La mise en scène se veut donc très simple, mis à part le cœur – qui rappelle la pochette de l’album “Ti amo” – présent sur la batterie et le fil rouge criard du micro de Thomas Mars. En chemise à motifs palmiers, le frontman aux airs très british se lance. C’est la troisième fois que le groupe se produit à Montreux, après un premier passage en 2004 et un en 2010, au moment où leur album “Wolfgang Amadeus Phoenix” cartonne au delà des frontières européennes. La renommée internationale du groupe n’est plus à faire puisqu’il s’agit de la première formation française à avoir participé à la célèbre émission outre-Atlantique Saturday Night Live et qu’elle a également reçu le Grammy Awards du meilleur album alternatif en 2010. Le groupe fondé en 1995 par Thomas Mars, Christian Mazzalai et Deck d’Arcy a su évoluer au fil des années. Il est passé d’une orientation très électro – Laurent Brancowitz faisait partie avec le duo Thomas Bangalter et Guy-Manuel de Homem-Christo, Daft Punk pour les intimes – avant de se diriger progressivement vers des sonorités plus pop-rock, sans pour autant oublier leur premier amour. Pour leur retour en studio après trois ans, le groupe français nous propose une balade dans une Italie rêvée et mythique qui sent bon il gelato, la spiaggia et l’estate.
Felicità non gassata
C’est donc au son doux et bien calibré de “Tuttifrutti” ou encore de “Fior di latte” que les festivaliers entament la strada des vacances italiennes. Légers et entraînants, les titres joués issus de l’album relèvent d’une certaine image de l’Italie rêvée et nostalgique. Les titres s’enchaînent pendant une heure et demie derrière un écran projetant des illustrations kitsch à souhait, de l’arc-en-ciel avec en surimpression le nom du groupe aux inévitables émojis. Ce dernier choix fait d’ailleurs sourire, alors que les spectateurs sont invités, par des annonces et la surveillance constante du staff pendant le concert, à ne pas s’armer de son smartphone pour filmer ou photographier l’événement. C’est donc le téléphone dans la poche que le public reprend en cœur les tubes du groupe : Trying to Be Cool, If I Ever Feel Better ou encore Lisztomania (!) mais la formation versaillaise ne fait pas décoller son auditoire. Si l’on prend plaisir à écouter le concert, on est loin d’être transporté comme on l’a pu être quelques heures auparavant avec Soulwax. La barre est haute. La traversée de Thomas Mars sur le parterre du Stravinski ne suffira pas. On passe certes un agréablement moment en compagnie de Phoenix, mais leur prestation manque de fougue, d’énergie et ne restera pas dans les annales.