C’est au Funky Claude’s Bar, attenant au Palace de Montreux, que s’est déroulée la conférence de presse d’ouverture de la 51e édition du Montreux Jazz Festival. L’occasion pour son CEO, Mathieu Jaton, de revenir sur les nouveautés ainsi que la programmation de cette année qui n’est pas sans avoir été critiquée.
Plusieurs nouveautés dans la structure du festival, tout comme dans l’amélioration de l’expérience du festivalier sont à noter pour cette nouvelle édition. En ce qui concerne les scènes gratuites, la Rock Cave – lieu sacré du rock profond – laisse place au “Lisztomania”. La transformation ne s’arrête pas là puisque l’endroit augmente sa capacité à 500 places, contre les 400 des années précédentes. Il fera danser un parterre au rythme de musiques éclectiques puisqu’il se dégage de son identité rock pour s’ouvrir à la pop mais aussi à de l’indépendant, comme en ont témoigné, entre autre, les Magic & Naked vendredi soir [Lire la rencontre avec le groupe suisse]. Pour les grands fêtards, des DJ prendront le relais jusqu’au petit matin. On notera également la présence d’une passerelle longue de 150 mètres – qualifiée de « petit paradis » par le président – au dessus de l’eau, afin de dégorger le flux des festivaliers au bord du lac. Quant à la sécurité, le successeur de Claude Nobs se veut rassurant sur les mesures mises en place : aux habituelles précautions renouvelées chaque année, des dispositifs visant à stopper des voitures béliers seront présents au niveau des avenues fréquentées. Elles s’ajoutent à un dispositif déjà existant ; la ville de Montreux a installé des caméras aux alentours du festival.
L’on va pouvoir « cutser » en nombre en 2017 !
Pour suivre l’actualité des concerts, on retrouve l’application CUTS qui permet de partager des extraits de concerts filmés par le festival en collaboration avec la RTS. Alors qu’une trentaine d’artiste avaient déjà donné leur accord en avance, Mathieu Jaton se réjouit qu’en ce début de festival, 40 artistes lui ont déjà accordés leur feu vert. Le nombre des 60’000 extraits vidéo partagés – recensés l’année dernière, lors de leur mise en application – devrait donc rapidement être dépassé. Pour les plus férus du Montreux Jazz Festival, on retrouve aussi la plateforme Montreux Jazz Insider, permettant d’avoir accès à des informations inédites sur les artistes comme la playlist, le nom des musiciens sur scènes mais également des happenings disponibles en nombre limité. À noter qu’il s’agit d’une application payante, soit 100 francs par année.
Une programmation à l’épreuve des festivaliers
Mathieu Jaton place la programmation de cette année sous l’angle de la dualité artistique. Conscient des critiques qui ont pu être faites sur le choix des artistes, pas assez « populaires » aux goûts de certains critiques, c’est un vrai pari que cette programmation qui mélange les genres, avec des artistes moins connus du grand public. Les têtes d’affiches de vendredi soir, Nicolas Jaar et Max Richter qui ont donné le coup d’envoi du festival à l’Auditorium Stravinski, en sont la preuve. Le programmateur présente cette première soirée comme emblématique de la programmation de cette 51ème édition, puisqu’elle fait fusionner la musique classique à l’électro. Les productions de Jaar sont une expérience audiovisuelle complète, avec un style qui, selon les mots de Mathieu Jaton « explore toutes les facettes de l’électronique ». C’est en l’associant à Max Richter que la programmation fait un coup d’éclat. Le compositeur élabore son show en deux parties, l’une qui revisite Vivaldi puis une deuxième partie avec un orchestre plus léger. Loin d’être la seule soirée à mélanger les genres musicaux, la rencontre entre différents styles de musique est le fil rouge de cette édition. À cela s’ajoutait, entre autres, au Montreux Jazz Club, la présence de Théo Croker, petit fils du trompettiste Doc Cheatham, dans une performance qualifiée de « jazz du futur » puisque le travail du musicien tend vers les évolutions possibles du jazz traditionnel. La première soirée du festival est donc emblématique de l’orientation d’une programmation « sculptée » qui surprend, sort des sentiers battus afin de proposer une alliance inédite entre des artistes issus de différents styles. Rien n’est donc laissé au hasard dans cette édition, certainement moins populaire que les années précédentes mais qui laisse espérer de belles rencontres ainsi que des shows inédits au bord du Léman.