Le Servette Geneva eSport voit le jour à Genève. La structure du sport électronique suit la vague lancée par plusieurs clubs européens, dont Schalke 04 et le Paris Saint-Germain, et souhaite à son tour promouvoir la pratique du sport électronique en Suisse. Ayant d’ores et déjà adhéré aux fédérations cantonale genevoise et suisse, le nouveau club constitué collabore maintenant avec la Geneva Gaming Convention (GGC) pour asseoir la maigre popularité du genre dans la région. Le point en conférence de presse mardi matin au Stade de Genève. Lire également l’interview à Adrien Martinoli, vice-président de la GGC.
Depuis la création du club en 1890, le football, le hockey et le rugby se partagent la marque Grenat du Servette. Dès 2017, c’est avec le Servette Geneva eSport qu’il faudra désormais compter; une nouvelle structure s’ajoute ainsi aux différentes équipes déjà constituées et promulguées sur le territoire suisse et même international. « C’est la volonté du Servette Football Club 1890 SA de créer sa propre structure eSport – annonce Loïc Luscher, responsable de presse du Servette FC et à l’origine du projet nouveau – Cette section partagera les mêmes valeurs que nos autres clubs : humilité et passion. » Tout comme le Lausanne-Sport et d’autres grandes marques européennes telles que Schalke 04 en Allemagne ou encore le Paris Saint-Germain, le Grenat s’investit également dans le sport électronique. Rien de bien singulier à l’heure où la pratique se démocratise et se répand à l’ère de la modernité. Ainsi, les premières ressources exploitées, l’adhésion aux Fédérations cantonale Geneva E-Sport et nationale Swiss E-Sports, le temps est désormais dévolu à l’expansion de la marque et au recrutement: « Nous souhaitons contribuer à l’expansion du genre, c’est pour cela que le Servette Geneva eSport a adhéré à Geneva E-Sport. Nous souhaitons monter une structure de A à Z comme l’a fait le PSG. Nous avons donc engagé un manager et des joueurs ont déjà été retenus », affirme Loïc Luscher. Selon Loris Caggiula, nouveau manager nommé par la société, 60% de l’équipe de Servette Geneva eSport est composée et a déjà fait acte de présence lors de plusieurs meetings, dont PolyLAN à l’EPFL, même si l’équipe débutera véritablement la compétition en septembre à Palexpo à l’occasion de la Geneva Gaming Convention. Le reste de la sélection suivra selon un recrutement choisi et pensé, aussi car les joueurs sont défrayés à hauteur de 300 francs par mois : « Nous souhaitons avoir un encadrement optimal avec une dynamique agréable. Des critères très spécifiques ont été mis en place, dont la proximité, indéniable dans les autres sports et le recrutement de jeunes très prometteurs », annonce Loris Caggiula.
« Encadrer la pratique des jeux sans pour autant les promouvoir »
Romain Bodinier, président de l’Association Geneva E-Sport
Autre facteur d’importance, le Servette Geneva eSport s’alignera sur trois jeux principalement, moins que les six présentés par le Lausanne-Sport eSport le 6 avril 2017. Il s’agit notamment du jeu de football revisité “Rocket League”, le jeu de carte en pleine expansion “Hearthstone” et “Overwatch”, plus tactique. Le choix est particulièrement réfléchi par les initiateurs du projet, aussi car la pratique de ceux-ci se verra avant tout encadrée, plutôt que promue comme l’explique Romain Bodinier, doctorant à l’Université de Genève et président de l’association Geneva E-Sport: « Ces jeux appartiennent à de grands développeurs. Nous souhaitons encadrer la pratique de ces jeux sans forcément les promouvoir. Ce serait entrer dans des intérêts qui ne nous concernent pas. » Et les raisons sont simples, aussi car la première obligation est d’établir le contact avec le plus puriste des publics qui néglige l’exercice du jeu vidéo comme le rappelle Nicolas Pidancet, Président de la Geneva Gaming Convention, le plus grand – et pourtant très jeune – événement de Gaming en Suisse: « Comme beaucoup ont peur des dérives, le but est aussi de faire des réglementations, définir le nombre d’heures d’entraînement pour ne pas aller dans l’exagération. » La dimension préventive concoure ainsi avec l’étendue formative pour faire de l’eSport une véritable expérience sportive.
Une Fédération de l’eSport à Genève, seuil de la modernité sportive
À bien comprendre, il ne s’agit pas d’une simple digitalisation du sport où l’électronique se met au service des pratiques sportives traditionnelles; l’eSport est bien là la création d’un sport nouveau et novateur où chaque équipe ou club constitués se trouvent alignés en compétition et soutenus par une formation spécifique. C’est tout le sens de la constitution de l’association cantonale Geneva E-Sport, apparue en octobre 2014 et croissant dans un univers en pleine expansion. Nombreux sont les membres ayant adhéré depuis 2015 à la structure (ils sont plus de 400 membres actuellement pour 12 associations), dont le but est de créer un terrain neutre où les membres peuvent aisément discuter et partager entre eux. Reconnue par l’Association Genevoise des Sports, la Fédération est ainsi, à l’heure actuelle, la seule en activité en Suisse. Ambitieuse, c’est bien dans la Genève internationale et multi-culturelle que l’institution souhaite développer la culture de l’eSport. « Aujourd’hui, aucune formation n’est réellement dispensée pour les jeunes intéressés. C’est tout ce qui manque dans l’eSport. Ainsi à Genève, nous créons des cours de formation pour l’eSport tout en définissant les objectifs et ouvrir le dialogue avec les parents », affirme Romain Bodinier. Une véritable école de la discipline pour les 15-25 ans, soutenue par les autorités et proposée en activité extra-scolaire de deux heures le mercredi après-midi, selon un projet pilote. Aussi, la visée est sérieuse: conduire l’eSport vers la voie de la professionnalisation: « Nous souhaitons offrir une première expérience professionnalisante dans le domaine avec le soutien de la ville afin d’embaucher des potentiels intéressés au moyen de contrats professionnels », précise le président de l’Association. Face au morcellement des tournois et des compétitions, la volonté est donc de créer les premiers championnats officiels sur Genève, avant de discuter avec d’autres championnats en Suisse pour enfin y créer une ligue nationale. Et le chemin est déjà bien amorcé puisque Geneva E-Sport accuse déjà d’un bilan 2016 prospère avec 24 événements organisés, 114 nouveaux adhérents pour un total de 2260 heures de bénévolat. Un travail de longue haleine où les amateurs de l’eSport soudent leurs esprits et leurs valeurs dans une dynamique commune.
La promotion du Geneva Gaming Convention
Environ 50% des personnes suivant l’eSport ne le pratiquent en réalité pas. Une donnée qui tend véritablement à propulser la pratique du sport électronique dans les rangs du spectacle tout en l’exhumant du simple cercle des jeux vidéos, comme l’explique Romain Bodinier: « C’est très prometteur. Il est fort possible que l’eSport gagne en popularité car les lieux qui manquaient aux joueurs intéressés pour se rencontrer sont désormais constitués. » La Geneva Gaming Convention, véritable assemblée des amateurs de l’eSport au niveau régional, est l’un de ces lieux de développement de la sphère électronique sportive. Après une première édition riche en 2016, l’événement souhaite concrétiser ses diverses ambitions pour les deux prochaines années à venir. En effet, la deuxième édition prévue du 22 au 24 septembre 2016 à Palexpo et dont la billetterie ouvre mardi, prévoit une affluence en forte hausse alors que les prix resteront les mêmes qu’en 2016 (20 francs par jour ou un pass de trois jours à 38 francs). Quelques 80 stands y seront apprêtés (contre 15 l’année passée), environ 15’000 visiteurs sont attendus (soit le triple qu’en 2016 où 5’500 personnes avaient afflué à Palexpo) et pas moins de 500 athlètes (contre 200 lors de la première volée). De quoi statuer sur l’expansion croissante du genre. Tant mieux. « L’idée est d’inspirer un esprit collectif en collaboration aussi avec des artistes pour les bandes sonores et les toiles de fond », explique le président Nicolas Pidancet qui ne cache pas ses attentes passionnées. D’autant plus que son plus grand projet – de portée internationale – est en attente de validation: « En 2018, nous souhaitons recevoir le 10e Championnat du Monde de eSport à Genève. Nous attendons la réponse et nous souhaitons vraiment franchir le pas pour l’année prochaine. C’est un championnat qui a lieu chaque année et qui est très fédérateur », conclut-il en conférence de presse mardi matin.
La GGC et le Servette Geneva eSport suivent une même dynamique
La Geneva Gaming Convention (GGC) est né grâce au travail d’un véritable collectif d’associations qui ont œuvré main dans la main pour former un salon dont les valeurs et les buts dépassent la seule organisation d’un événement. Tout en créant des liens avec les joueurs mais aussi des liens familiaux – alors que le jeu vidéo est souvent source de conflit dans les familles – la GGC relie également le monde du sport électronique au monde professionnel grâce à la participation active de diverses écoles et de potentiels étudiants. L’institution noue aussi des liens avec les chercheurs de l’Université de Genève où le jeu vidéo se révèle également utile pour la recherche. Ainsi, la GGC souhaite attirer des équipes du monde entier à travers des compétitions et les codes du eSport pour abattre les frontières virtuellement. C’est toute l’ambition internationale du président Nicolas Pidancet qui collabore grâcieusement avec un large collectif d’associations. De cette manière, l’eSport met les passionnés sur le devant de la scène selon une organisation Bottom-Up. Écoutez Nicolas Pidancet, à l’interview mardi matin au Stade de Genève.