Le FC Lausanne-Sport se trahit contre Vaduz à la Pontaise (1-3)

Buteur, l'international panaméen Gabriel Torres n'a pu éviter la déroute face au FC Vaduz. © Oreste Di Cristino / leMultimedia.info

Devant moins de 4’000 âmes au Stade de la Pontaise, le FC Lausanne-Sport fait plus que décevoir face à la lanterne rouge, le FC Vaduz. Dans un match capital en vue du maintien en Super League, les hommes de Fabio Celestini ont craqué dans ce qui s’apparentait à un véritable non-match de piètre allure. Targué de deux buts contre leur camp, les Lausannois sont sortis de la pelouse des Plaines-du-Loup pantois et sur les nerfs. Compréhensible et dommage.

« Chapeau au coach et au club entier. Ça, c’est une équipe très professionnelle », lâche Fabio Celestini en conférence de presse à l’adresse des représentants du club liechtensteinois, l’entraîneur Roland Vrabec en premier lieu, l’homme du “redressement” à Vaduz depuis mars 2017. Il faut dire que le coach lausannois se sentait verser, face à la presse, quelques grandes incompréhension face au non-match de ses joueurs. Sur la pointe de l’énervement, Fabio Celestini sait néanmoins contenir ses émotions, se limitant simplement à faire l’éloge du « professionnalisme » de ses adversaires. Un compliment qu’il ne semble pourtant pas réserver à tout le monde. Comme si ses joueurs n’étaient, quant à eux, pas à la hauteur d’un tel compliment: « Nous avons frôlé la faute professionnelle. Je suis déçu de la mentalité de mon équipe. » Ce n’est bien sûr pas totalement faux. Le match s’est révélé être d’une lamentable nudité face aux quelques 3’860 spectateurs ressortis déçus des tribunes aux Plaines-du-Loup. Il faut dire que plusieurs réalités se révèlent étranges dans la conception que les Lausannois se sont forgées de cette “finale” au parfum de lutte contre la relégation. En effet, après seulement dix minutes de jeu, non seulement Thomas Castella se voyait toucher plus de ballons que Gabriel Torres, mais l’absence de jeu du FC Lausanne-Sport se crevait là manifestement sous les yeux de spectateurs ébahis de la léthargie totale des Bleus et Blancs. Inquiétant. Ce le fut d’autant plus à l’heure où les hommes du coach allemand Vrabec misèrent sur une passe totalement étouffée de Benjamin Kololli pour inscrire le 1-0 sur un missile de Stjepan Kukuruzovic (10e). Six minutes plus tard, c’est sur un coup franc précis de 25 mètres du même Croate que Castella se retrouve impuissant à nouveau, auteur là de ce que la ligue valide invraisemblablement comme un but contre son camp (16e). Quoi qu’il en soit, la surprise laissa place à l’angoisse dans la travées de la Pontaise. Aussi, quand les mots sont trop lourds pour témoigner, les statistiques, elles, font sans doute preuve de plus de pragmatisme. Dans le courant du premier quart d’heure, les Liechtensteinois dominent sur tous les fronts: 72% de possession de balle, alors que le LS, lui ne peut même pas se targuer d’avoir tiré ne serait-ce qu’une seule fois envers la cage de Benjamin Siegrist, alors que Vaduz menait déjà 2-0. C’est celui-ci, le FC Lausanne-Sport qui disputait les hauts du classement de Super League en début de saison ? celui qui dominait chaque adversaire, balle au pied ? celui qui vantait les mérites du jeu qu’importe les résultats comptables ? Effarant ! C’est même éreintant de voir le LS souffrir autant tant le bagage de Fabio Celestini est plein de belles performances.

« Il n’y a pas d’explication à donner »,
Fabio Celestini

« La Super League c’est un métier. Le football c’est un état d’esprit », affirme-t-il face à la presse avant de prendre la parole sur les réactions éhontées que le public lausannois a réservé à ses joueurs: « On perd 4-0 contre Bâle et le public nous applaudissait en fin de match. Aujourd’hui, à 0-0 et 7 points d’avance sur Vaduz, le public nous siffle dès la 5e minute. – débute-t-il – Le public n’est pas dupe; il sait quand une équipe entre sur le terrain pour jouer sa vie. C’est la première fois que cela m’arrive en deux ans que je suis à Lausanne. » Pour Xavier Margairaz, en revanche, les sifflets du douzième homme sont dommage mais il faut savoir les relativiser: « Il faut faire abstraction du public dans ces cas-là. Nous devons jouer notre football et notre philosophie, même si ce sont eux qui nous permettent toujours de gagner des matches. » Quoi qu’il en reste, ce LS a-t-il aussi peu d’expérience pour sombrer dans tel naufrage ? « À vrai dire, il n’y a pas d’explication à donner, sinon que nous devons tous nous sentir trahis par la prestation de ce soir », conclut Fabio Celestini.

Intense n’a pas été la révolte !

Pour Xavier Margairaz, l’analyse n’est pas bien différente: « Nous sommes très mal entrés en match avec un handicap de deux buts. Nous avons essayé de réagir mais ce n’était pas évident de forcer leur défense, nous n’avions plus beaucoup d’espace. » Et pourtant, il serait faux d’en conclure à un abattement généralisé des forces des Lausannois ce samedi soir. Réaction, il y eut dès la fin du premier acte. Une première frappe lointaine de Yeltsin Tejeda (26e) – couvrant l’absence devant la défense des Musa Araz, Olivier Custodio (encore blessés) et Alexandre Pasche (suspendu) – lança le premier signe d’une révolte tant attendue de la part du LS, qui manquait vraisemblablement d’énergie et de motivation à son entame de match. Samuele Campo force, quant à lui, également la défense du FC Vaduz grâce à une nouvelle frappe des vingt mètres, bloquée non sans encombre par le portier du club liechtensteinois (35e). Mais le vrai indice du regain lausannois se magnifie par la froide réalisation de Gabriel Torres qui trompe Siegrist d’une frappe puissante raz-terre (39e). Un éclat de brillance – temporaire néanmoins — qui ôte sensiblement la colère pour la remplacer par un neuf espoir. Aussi, tout au long de la seconde période, des tirs de Marcus Diniz (48e), Samuele Campo (67e), Jordan Lotomba (69e) – quoique d’une position passablement compliquée –, les entrées de Kevin Méndez (60e), Kwang-Ryong Pak (70e) ou encore Xavier Margairaz (75e) au renfort offensif semblaient préluder une vive réaction lausannoise. Mais, dans les faits, il n’en fut rien. C’est même bêtement que les hommes de Fabio Celestini concèdent à nouveau en toute fin de match par un but marqué malencontreusement contre son camp par Méndez sur un tir excentré de Maximilian Göppel (89e). Avec deux autogoals, la facture devient lourde, pesante, porteuse de conséquences que l’on espère moindre, désormais. Mais après avoir remporté les combats hors repères, à Vaduz (0-1), à Thoune (2-4) ou encore à Sion (0-1), il y a une semaine à peine, comment peut-on tolérer un tel gâchis ? Personne – joueurs ou entraîneur – ne semblent capables d’y apporter quelques explications.

Pas même une once de nervosité face à l’importance du rendez-vous: « Je n’ai pas le sentiment que nous étions nerveux, ni à l’échauffement, ni même durant le match. Il y a simplement eu une différence de réalisme face au but entre nous et eux. » Plus d’autre choix désormais que d’en tirer les enseignements, si enseignements y a: « C’est un match qui nous servira pour la suite. On sait en tout cas ce qu’il ne faudra pas faire contre Saint-Gall la semaine prochaine (ndlr, dimanche 7 mai à 13h45 à la Pontaise). Tous les matches sont difficiles et si l’on est pas à 110% à chaque fois, cela devient très compliqué. » Une occasion peut-être d’aller à la chasse d’un nouveau poisson au classement… car seul Lausanne a le destin entre ses mains.

Les faits de match
FC Lausanne-Sport v FC Vaduz, 1-3 (1-2)

Composition du FC Lausanne-Sport:
Thomas Castella, Jérémy Manière © (70e Kwang-Ryong Pak), Elton Monteiro, Benjamin Kololli, Samuele Campo, Marcus Diniz, Jordan Lotomba, Nassim Ben Khalifa (75e Xavier Margairaz), Yeltsin Tejeda, Taye Taiwo (60e Kevin Méndez) et Gabriel Torres.

Composition du FC Vaduz:
Benjamin Siegrist, Simone Grippo © (43e Mario Bühler), Thomas Konrad, Albion Avdijaj, Nicolas Hasler, Axel Borgmann, Caleb Stanko, Maurice Brunner (75e Gonzalo Zarate), Stjepan Kukuruzovic (92e Aldin Turkes), Philipp Muntwiler et Maximilian Göppel.

Buts: 10e Kukuruzovic (0-1); 16e Castella (csc)(0-2); 39e Torres (1-2); 89e Méndez (csc)(1-3).