Musa Araz : « On a retrouvé le goût de la victoire à une période où nous avions touché le plancher »

Musa Araz, milieu de terrain du FC Lausanne-Sport se confie alors qu'il s'apprête à faire son retour sur les terrains de Super League. © Oreste Di Cristino / leMultimedia.info

À 23 ans, Musa Araz a accompli une belle part de sa jeune carrière en Suisse. Son expérience avec le M21 de l’Équipe de Suisse terminée – sur une défaite 2-1 en Norvège, déjà sur un but décisif du bâlois Mohamed Elyounoussi – le milieu de terrain défensif lausannois se consacre désormais pleinement à la Super League. À l’heure où le FC Lausanne-Sport joue son futur au sein de l’élite suisse, nous avons rencontré Musa Araz et remonté à ses débuts à Bâle jusqu’à son émancipation sous la direction de Fabio Celestini, en passant par l’année charnière de son parcours professionnel au FC Winterthur. Polyvalent dans l’âme, formé en six, Musa a appris à apprivoiser chaque position sur le terrain, de défenseur central à latéral. Rencontre exclusive à quelques jours de son retour programmé au Stade de Tourbillon pour y affronter le FC Sion, équipe contre laquelle il s’était blessé le 26 février dernier, observant plusieurs semaines de rétablissement.

Tu es venu à Lausanne en tant qu’espoir de l’Équipe de Suisse. Tu as désormais grandi entre les deux institutions.

C’est un parcours riche et très positif des deux côtés. Au début, à mon arrivé en M21, j’étais le seul à jouer en Challenge League [ndlr, avec Winterthur]. Mais j’ai eu la chance d’avoir la confiance du coach [Heinz Moser] et j’avais la possibilité de toujours jouer. Il me disait sans arrêt que mon passage de Bâle à Winterthur était un bon choix et que je devais prendre mon temps avant de me risquer à la Super League. Et c’est là où l’équipe nationale m’a permis de grandir ; elle m’a permis de me confronter avec succès à des joueurs titulaires déjà en Super League, voire même en Europa ou Champions League. Les M21 de l’Équipe de Suisse ont été une expérience formidable qui m’a permis d’arriver à Lausanne et d’y jouer régulièrement. D’autant plus qu’au vue du parcours que j’ai suivi, je ne pouvais pas imaginer mieux que d’être titularisé à Lausanne. J’ai joué tous les matches possibles sous la direction de Fabio Celestini (hors blessure). Et j’ai déjà tiré un bilan positif de ma première saison en Super League à la Pontaise. Mais ma saison n’est de loin pas terminée ; je suis en forme, je cours normalement et je serai à nouveau sur pied pour le match contre le FC Sion.

Quand tu étais prêté à Winterthur, tu avais néanmoins déjà beaucoup d’ambition car tu visais déjà la Super League…

Exactement. Néanmoins, je voulais éviter les situations similaires que j’ai connues à Bâle où, entretemps, [Zdravko] Kuzmanović occupait ma position [ndlr, ex-Fiorentina, Stuttgart, Inter de Milan. Actuellement à Malaga]. Je voulais éviter le banc à tout prix et je ne pouvais pas attendre que quelqu’un se blesse pour jouer. De plus, Winterthur avait une structure presque de Super League et j’ai senti que c’était le bon club pour mettre en avant mes qualités. De plus, Winterthur a vraiment souhaité me recruter et j’ai fait le bon choix car j’y ai fait une saison pleine. Pourtant, beaucoup de jeunes n’osent pas faire ce pas en Challenge League car ils préfèrent rester dans le sillage de la Super League et ont peur de perdre leurs chances à l’échelon inférieur où il faut néanmoins savoir faire la différence pour prouver ses propres qualités. En ce qui me concerne, je ne me pose pas beaucoup de questions et ce que je fais, je le fais pour réussir. L’échec n’est pas une option pour moi, sinon tu ne fais plus rien.

Ce n’était donc pas une prise de risque pour toi de jouer tes chances en Challenge League ?

Avec le recul, ça l’était un peu. Mais pas sur le moment, pas du tout. Jeune, si l’on a l’opportunité d’évoluer en Challenge League, c’est une très bonne chose. Peu ont vraiment cette chance alors que beaucoup ont tendance à la sous-estimer. C’est parfois plus difficile de faire la différence en Challenge League que de prouver ses compétences en Super League, même si la pression des résultats est peut-être moins forte. Quoi qu’il en soit, je devais faire ce choix si je souhaitais pouvoir faire partie du groupe en équipe nationale pour faire la campagne en M21. Sinon j’aurais perdu le rythme et Heinz Moser a su me le faire remarquer au bon moment. Ça s’est fait rapidement. Tant mieux.

« Nous avons une bonne génération et nous avons joué nos chances jusqu’au bout pour l’Euro M21 »

Quel regard portes-tu sur la campagne européenne des M21 suisses ?

C’était une assez bonne campagne, aussi car beaucoup de gens ne nous attendaient pas à tournant. Nous avons une bonne génération et nous avons joué nos chances jusqu’au bout. Nous savions très bien que l’Angleterre avait un cran au-dessus, composée de joueurs titulaires dans leurs clubs respectifs en Premier League et en Ligue des Champions. Néanmoins, nous avons vu que nous avions les capacités pour les mettre en danger, bien jouer et parfois être supérieurs. Au niveau individuel, c’est ce que je retiens de notre campagne, même si nous aurions bien voulu nous qualifier.

Vous aviez perdu 3-1 en Angleterre, match où tu étais sorti à la 65e…

Je revenais alors de quatre semaines de blessure et Heinz Moser a su faire confiance à mon état de forme dès mon retour en camp. De plus, c’était un match largement à notre portée. Aussi, du fait que nous menions alors 1-0 jusqu’à la 82e minute. Et l’entrée de [Duncan] Watmore [ndlr, Sunderland, entré à la 75e minute] nous a fait du mal ; il provoque un pénalty douteux à la 83e [ndlr, transformé par James Ward-Prowse] et on a souffert jusqu’à la fin avant de craquer dans les dernières minutes [ndlr, buts de Watmore à la 85e et Chuba Akpom à la 91e]. Nous nous étions néanmoins refaits à domicile [ndlr, 1-1 à la Stockhorn Arena de Thoune] où j’ai joué les 90 minutes. Là aussi, nous avions eu de très belles occasions, notamment avec Denis Zakaria (Young Boys).

Vous aviez livré un beau match à Drammen (Norvège) le 7 octobre dernier…

L’un de nos meilleurs de la campagne…

Ce qui vous a coupés dans votre élan était indiscutablement le nul (0-0) à Sarajevo…

Nous sommes arrivés en Bosnie avec beaucoup de confiance. Nous les avions complètement dominés à domicile [ndlr, 3-1 à la Tissot Arena de Bienne le 6 septembre 2016], où ils n’avaient tout simplement aucune chance. Mais l’ambiance au retour à Sarajevo était spéciale ; nous sommes arrivés dans un stade aux allures d’un terrain de jeu de troisième ou quatrième ligue régionale. La pelouse était en très mauvais état, avec un fossé à côté du terrain et un public peu affluent, une vingtaine de spectateurs seulement, comme si nous étions à l’entraînement. Mais cela ne nous a pas empêchés de pousser, avec notamment un poteau de Florian Kamberi [ndlr, 69e minute, après avoir notamment remplacé Musa Araz à la 61e]. Ils jouaient bas et l’on arrivait pas à dérouler et Yvon [Mvogo] (Young Boys) a su nous sauver sur quelques contres. Un match vraiment bizarre dans des circonstances spéciales qui nous ont mis la tête sous l’eau. Pourtant, l’on voit bien un mois plus tard, dans des conditions radicalement différentes, que nous avions un grand potentiel contre la Norvège.

L’on voit là que la qualité du terrain et le support d’un public font beaucoup dans le football…

Indéniablement. Mais au-delà de cela, nous sommes équipe qui jouons vraiment au ballon et l’on aime presser, sans trop jouer sur de longues passes en profondeur. En général, l’on aime construire nos actions. Et quand on ne peut pas le faire, comme en Bosnie, ça déstabilise. Et l’on évolue soudainement dans l’inconnu dans un match fermé où les Bosniens souhaitaient surtout arracher le nul 0-0. Ils ont réussi.

La Suisse M21 a une génération de très bons joueurs mais elle n’arrive encore pas à se frayer un chemin parmi les plus grands comme l’Angleterre en 2016 ou peut-être encore le Portugal cette année qui partira dans la peau du favori pour les éliminatoires à l’Euro 2019. Tu es d’accord ?

Parmi la génération 1994, il me semble bien que nous étions l’une des premières équipes M21 en Suisse où la plupart des joueurs évoluaient de manière pérenne et titularisés dans des clubs en Super League. Nous avons de vrais leaders comme Yvon Mvogo [ndlr, gardien] à Young Boys. Mais je pense que nous avions vraiment les capacités pour aller chercher la qualification cette année mais, comme toujours, il nous manque un brin de ce je-ne-sais-quoi qui pourrait nous permettre d’y parvenir. Cela peut être par exemple le temps que l’on consacre en Suisse à l’équipe nationale. En Suisse, il y par ailleurs relativement peu de dates – avec nos engagements avec les clubs – pour nous retrouver en équipe nationale. L’on se retrouve principalement pour les matches et parfois l’on prend relativement peu de temps pour l’entraînement. Je sais que dans d’autres pays, comme en Serbie, l’équipe nationale prend beaucoup de place. Je parlais notamment avec Miloš Veljković [ndlr, classe 1995, défenseur de Werder Brême, ex-Tottenham], du temps où il était au FC Bâle. Par rapport à eux – qui consacrent leur été pour les équipes nationales – nous avons beaucoup moins de temps qui est alloué à l’Équipe de Suisse. En Serbie, certainement, les joueurs ont alors l’opportunité de créer d’autres liens car à titre personnel, il me semblait que le temps m’était compté notamment lorsqu’il s’agissait de tester des situations de jeu, comme les ballons arrêtés. Nous n’avons pas le temps de tout voir en détail ; nous nous focalisons sur le principal et nous essayons de nous en sortir ainsi. Avoir cinq jours de préparation, au maximum – parfois, nous n’avions que trois jours – et se livrer en match au sixième, me paraissait court. Cela n’empêche néanmoins que la qualité que nous démontrions sur le terrain était largement supérieure à nombre d’équipes que nous avons affrontées.

Musa Araz sort confiant, satisfait et renforcé de son expérience avec l’Équipe de Suisse M21. © Oreste Di Cristino / leMultimedia.info

C’en devient paradoxal ; il y a plus de joueurs titulaires en clubs en M21 que dans l’équipe A (toi et Olivier Custodio à Lausanne, Yvon Mvogo, Denis Zakaria, Leo Bertone à Young Boys, Shani Tarashaj à l’Eintracht Francfort, Edimilson Fernandes à West Ham United, Levent Gülen à Grasshopper (maintenant transféré à Kayserispor en Turquie), Martin Angha au FC Saint-Gall ou encore Salim Khelifi à l’Eintracht Braunschweig…

Je pense même à Dimitri Oberlin [ndlr, deuxième meilleur buteur du championnat d’Autriche avec Red Bull Salzbourg et première apparition en Champions League contre Malmö cette année. Il s’est blessé lors du match amical M20 Suisse-Allemagne à Bienne. Sa saison est terminée]. Dommage pour sa blessure car c’est un très bon jeune joueur de l’acabit d’un Breel Embolo. Mais c’est vrai : nous étions, et c’est à la fois surprenant et réjouissant, tous titulaires avec nos clubs respectifs. Mais ce qui change entre les deux niveaux, c’est la qualité du club dans lequel les joueurs évoluent ; si l’on ne joue pas tous les matches dans des grands clubs européens, c’est qu’il y a quand même une très grande concurrence. Aussi, il faut penser que nous, étant encore jeunes, nous avons un seul objectif : jouer, toujours. L’on ne prend pas de risques inconsidérés en période de transfert, ce qui est peut-être plus le cas avec la prise d’âge et d’expérience, comme c’était peut-être le cas avec Xherdan Shaqiri [ndlr, transféré du FC Bâle au Bayern de Münich, avant de rejoindre l’Inter de Milan]. Ce sont des transferts qui ne me font pas rêver pour l’instant car je sais que je ne jouerais presque jamais. Je veux progresser comme tous les jeunes de mon âge. Ensuite seulement, arrive la volonté de se projeter plus loin. Tout le mérite à ceux qui prennent le risque. De plus, il ne faut pas oublier que nos internationaux ont tous déjà régulièrement joué en Suisse comme Fabian Schär [ndlr, FC Bâle de 2012 à 2015, transféré à Hoffenheim] et qu’au final, c’est toujours le coach [Vladimir Petkovic] qui voit les choses comme il le désire.

Tu es donc maintenant sortie du circuit M21. L’équipe A est désormais un défi ou un objectif ?

Pour l’instant, je n’y pense vraiment pas. Mon but est vraiment de devenir un joueur confirmé en Super League et d’y faire mes preuves match après match. Seulement après, la réflexion se posera, si nécessaire. Mais cette saison, la question n’a pas effleuré mon esprit une seule seconde. À Lausanne, je garde les pieds sur terre et je profite de cette première année en Super League pour pouvoir progresser à niveau personnel. J’ai fait quelques bons matches mais ce n’est pas encore suffisant pour pouvoir espérer toucher l’équipe nationale où la concurrence est forte. Il me faudrait envisager de partir dans l’un des cinq meilleurs championnats européens pour peut-être avoir une chance, comme Edi [Edimilson Fernandes] l’a fait. Mais ça ne fait pas encore partie de mes plans de carrière pour l’instant.

« Si nous avions perdu à Vaduz, je n’ose pas imaginer ce qu’il serait advenu par la suite »

Tu parles du futur avec tes proches ou ton entraîneur ?

Beaucoup me demandent mais je ne peux pas répondre. Tout m’appelle à respecter mon contrat qui court encore pendant deux ans à Lausanne. On a une très bonne entente entre nous, entre jeunes. Cette année, je me sens vraiment bien et il faudra voir comment cela évoluera en fin de saison. Mais pour l’instant, il n’y a rien à dire. Tout est à construire et l’avenir ne me fait pas peur, aussi car je suis sûr que l’on va se sauver en Super League. Dans ma tête, cela sonne comme une évidence.

Tu es satisfait de ta saison, qui a encore beaucoup à offrir ?

L’on a presque tout connu, des bons matches que l’on a perdus et d’autres moins bien menés mais que nous avons gagnés. Parfois, dans ces cas-là, je n’étais pas du tout satisfait, comme à Sion [ndlr, victoire du LS 3-1 à Tourbillon le 6 août]. L’on me félicitait mais cela ne convenait pas. C’était un bon match et les trois points étaient assurés mais l’on en ressort toujours frustré de ne pas avoir réussi à démontré le bon jeu dont nous sommes tous capables. En revanche, quand nous gagnions avec la manière comme à la Pontaise contre Vaduz [ndlr, 5-0, le 11 septembre] ou Lugano [4-1, le 2 octobre 2016], j’étais vraiment fier de ce que nous avions accompli. Quoi qu’il en soit, cette saison, j’évolue dans une très bonne équipe et qui sait motiver ses joueurs. Surtout pour un milieu de terrain. À Lausanne, le ballon transite par le milieu de terrain alors que chez certaines équipes, il s’efface entre la défense et l’attaque, reliés par de longs ballons. À Lausanne, le milieu est le cœur du jeu et j’aime ça, même s’il m’est arrivé d’évoluer parfois sur les côtés.

Tu as presque joué à tous les postes, y compris en défense centrale…

Oui, c’était contre Sion et j’avais eu beaucoup de mal à tenir face à Chadrac Akolo [ndlr, le 23 octobre 2016, défaite 2-0 du LS à la Pontaise]. Le coach [Fabio Celestini] m’avait alors fait confiance donc j’ai respecté ses choix. Il faut dire que j’ai vraiment testé tous le schémas de jeu, en ailier gauche, droit, en vrai milieu de terrain (8) voire aussi en milieu défensif (6) et donc même en défenseur central. En réalité, cela n’est que théorique parce que si l’on comprend le message de l’entraîneur, l’on peut jouer partout. Aussi à condition d’avoir une bonne maîtrise du ballon et bon physique. Et personnellement, je parviens bien à m’adapter et cela dure depuis que j’étais plus jeune. Déjà à Bâle, le coach me faisait évoluer en défenseur central. J’y ai d’ailleurs joué toute une demi-saison en M16 et cela m’a toujours servi. Et ce n’est qu’à Lausanne que j’ai appris à évoluer sur les côtés, même si avec [Urs] Fischer, je m’y étais déjà entraîné. Mais à Lausanne, tout s’est fait naturellement, aussi car l’idée de jeu de Fabio [Celestini] était claire et performante. Et quand il y a la motivation, mentalement bien en place – plus que physiquement – l’on parvient à faire beaucoup de choses.

Musa Araz a trouvé sa place au FC Lausanne-Sport, titulaire dans une équipe « qui joue très bien au ballon ». À l’arrière plan, son coéquipier en club et en équipe nationale M21 Olivier Custodio. © Oreste Di Cristino / leMultimedia.info

Auteur d’un but cette saison contre Lugano (35e, le 2 octobre), tu n’es toutefois pas prédestiné à marquer en match…

J’aime bien faire marquer les autres et m’occuper du travail le plus “ingrat”, dans l’ombre (rires). Je ne suis pas obnubilé par le but. Je veux avant tout permettre à l’équipe de s’en sortir à chaque match et ce, depuis toujours.

Vous jouez bien, vous étiez deuxième de Super League. Vous avez ensuite beaucoup perdu. Vous remontez maintenant la pente avec une certaine détermination…

Les efforts portent leurs fruits. Je ne crois pas à la chance ; la chance se provoque. Et toute la saison, nous avons essayé de la provoquer. Longtemps, elle n’est pas arrivée mais l’on a tous misé, y compris [Fabio Celestini], sur notre persévérance. L’on n’a pas jamais baissé les bras, alors que l’on a passé une longue période creuse avec l’équipe [ndlr, 14 matches sans victoire, 12 défaites et 2 nuls]. Mais l’on joue tellement bien, avec beaucoup d’occasions créées que nous n’avions pas le temps de douter. Seulement, à chacune de nos erreurs, les adversaires nous mettaient un but alors que nous, nous ne profitions pas de leurs erreurs encore plus flagrantes. Il faut dire, cependant, que les victoires à Vaduz [ndlr, 1-0, le 19 mars] et à Thoune [4-2, le 8 avril] ont été un véritable bol d’air pour toute l’équipe même si je n’ai pas eu la chance de le vivre sur le terrain. On a retrouvé le goût de la victoire à une période où vraiment, nous avions touché le plancher. Avant, nous étions meilleurs que l’adversaire et nous ne gagnions quand même pas et là, c’est frustrant.

C’est le match contre Vaduz qui vous a permis d’éclaircir à nouveau votre saison ?

Oui car si nous avions perdu ce match-ci, je n’ose pas imaginer ce qu’il serait advenu par la suite. Surtout pour le moral. Nous avions mieux joué qu’eux mais le risque n’était pas là. Le problème est quand l’on tombe sur des équipes qui se limitent à déconstruire notre jeu sans réellement chercher la victoire. Et ça, ce n’est pas le football selon moi. Combien de fois, je suis rentré aux vestiaires énervé du jeu proposé par l’adversaire, sans substance mais avec les trois points en poche. La victoire n’a alors aucun goût. Le vrai sentiment de bien-être arrive quand l’on sait que l’on a dominé l’adversaire de pied en cap et qu’en prime, l’on remporte le match. C’est seulement comme ça que l’on transmet le plaisir aux spectateurs.

Fabio Celestini le répète d’ailleurs à l’envi : le plus important est de bien jouer, indépendamment du résultat. Vous êtes tous d’accord ?

Oui, ici à Lausanne, l’on ne peut pas penser différemment car si nous commençons à déjouer l’adversaire pendant les 90 minutes comme beaucoup nous l’ont fait durant la saison, l’on gagne aucun match. Au contraire, on les perd tous 4-0 ou 5-0. Nous n’avons pas les joueurs pour cela. Nous n’avons pas les deux défenseurs centraux que Bâle possède ou la qualité d’un Renato Steffen, très rapide et incisif en contre-attaque. Il se peut que nous les aurons dans le futur ou que nous le deviendrons nous-même. Mais pour l’instant, nous sommes condamnés à bien jouer à chaque match sinon quoi, l’on perd durement [ndlr, comme face à Bâle, samedi soir. Défaite 4-0 à la Pontaise]. Si l’on commence à ne miser que sur la résistance, nous sommes perdus. Quand nous sommes privés du ballon, nous sommes perdus et ce, même si les onze joueurs se mettent en défense. À nous de faire le jeu.