De Paris (France)
Pendant huit jours, du 13 au 20 avril 2017, Patrick Aimé s’installe à Paris pour contempler le stand-up comme objet d’art. Retrouvez chaque après-midi dès 14h sa chronique sur les spectacles qu’il a vu la veille.
Aujourd’hui, ce n’est exceptionnellement pas de stand-up dont on parlera. Car hier soir, j’ai été voir le one man show « Que demande le peuple ? » de Guillaume Meurice. Un spectacle d’humour politique d’un des chroniqueurs les plus suivis de France qui se démarque en faisant du comique d’investigation sur les ondes de France Inter, selon sa collègue Charline Vanhoenacker. C’est-à-dire qu’il va sur le terrain pour interviewer des militants lors de divers meetings ou réunions publiques, pour voir les dérapages qu’ils peuvent lui donner. Quand on compte les rires du studio de France Inter, ça plaît.
Alors quand je me rends au Café de la Gare, dans une magnifique cour derrière Beaubourg, je suis curieux de voir qui vient au spectacle. « Des quadragénaires et plus car Meurice travaille sur France Inter », pensais-je. En fait, j’ai tort : il y a vraiment eu de tous les âges. D’une vingtaine d’années à des âges de retraités. Guillaume Meurice a l’air de fédérer toutes les générations.

N’en déplaise à certains de ses détracteurs, Meurice reste fidèle à sa ligne humoristique et retourne voir le peuple à qui il demande, dans le costume du conseiller en communication de divers hommes politiques, ce qu’il veut. Dans la salle, certains ont du répondant : « Rends l’argent » en référence aux polémiques sur les emplois fictifs de François Fillon, ou peut-être de Marine Le Pen, sous les rires. Ou encore « Des éoliennes ». « Ah, une écolo ! », répond Meurice. « Les écolos ils aiment l’amour. Tous les cinq ans, ils se font baiser par le Parti Socialiste », poursuit-il. La salle est vite conquise par l’interaction que propose l’humoriste.
Un brin provocateur, il se lance dans l’explication de son métier. « Nous, les communicants, vous étudions, vous le peuple. Pour nous, vous n’êtes qu’un panel à qui l’on va s’adresser. On a des informations sur vous. Attendez par exemple j’ai trouvé des choses sur certains d’entre vous sur Facebook. » Et démontre, sur scène, qu’on peut trouver facilement sur internet des données que chacun a écrit sur son profil Facebook. Ainsi, un homme au second rang répond quand Meurice donne son nom et confirme qu’il est bien propriétaire d’une Renault Kangoo. C’est un complice ? Peut-être, mais qu’importe. L’idée a fait son petit effet sur la salle.
Meurice a beaucoup parlé politique, mais il n’a pas pris de parti dans la campagne actuelle, qui a finalement été assez peu traitée. Il a plus parlé de la communication politique et s’est moqué du métier comme du peuple, dont le métier se moquerait selon lui. Le public apprécie mais Meurice n’est pas un comédien né, même si ses vannes plaisent beaucoup, et termine le spectacle par une chanson un peu ringarde au ukulélé.