Giuseppe Scienza (FC Chiasso): « Assommés d’entrée de match »

L'accolade entre Michel Decastel, entraîneur de Neuchâtel Xamax FCS (à gauche) et Giuseppe Scienza, entraîneur du FC Chiasso avant la rencontre au Stade de la Maladière. © Oreste Di Cristino / leMultimedia.info

Giuseppe Scienza, ancien grand footballeur italien de Serie A et Serie B, a vécu un après-midi compliqué au Stade de la Maladière, où son FC Chiasso a été renversé 3-0 par Neuchâtel Xamax FCS. Lire aussi: Neuchâtel Xamax surclasse le FC Chiasso à la Maladière (3-0). Des erreurs individuelles flagrantes, une organisation de jeu défaillante et un coup de massue dès l’entame de match, la lanterne rouge du championnat a subi son deuxième lourd revers en deux rencontres de championnat. Une sérénité effacée à l’heure où il s’agira de tirer les premiers comptes face au FC Wil dimanche 23 avril (15h). Le maintien en Challenge League s’y jouera indubitablement. Interview en fin de match à la Maladière.

Subir un but dès les premières minutes est souvent synonyme d’abattement pour une équipe qui se doit de jouer dès les premières minutes avec une rythme de jeu élevé. Celui-ci (de Raphaël Nuzzolo à la 3e minute) vous a vraisemblablement coupé l’herbe sous le pied ?

Oui, c’était comme à Schaffhouse où nous avions subi un but après sept minutes [ndlr, Gjelbrim Taipi, score final 5-0]. Aujourd’hui, nous avons été pris de court encore plus rapidement. Cela fait d’autant plus mal que nous avions eu une occasion nette d’entrée de jeu avec [Marijan] Urtic. Et c’est une évaluation timide de la part de notre portier, [Alessio] Bellante – qui pouvait sortir aisément pour saisir le ballon – que nous nous faisons prendre. Ce sont des choses qui arrivent malheureusement mais qui assomment violemment, aussi parce que ce n’était pas le bon match pour subir l’ouverture du score. Nous aurions dû maintenir le match en équilibre pour, ensuite, miser sur la dernière demi-heure pour les mettre en difficulté sur des contre-attaques et aller chercher le grand coup à Neuchâtel. Cela est subitement devenu impossible car être mené aussi rapidement et aussi stupidement de deux buts n’est pas évident à supporter pour une équipe comme la nôtre qui trouve beaucoup de peine à remonter la pente.

Beaucoup trop d’erreurs individuelles pour une Challenge League…

Nous avons certes pris des buts sur des erreurs aussi grosses qu’elles nous paraissent irréelles. Mais je n’aime donner la faute personne; j’en reste toujours aux commandes. Néanmoins, nous avons eu également beaucoup d’occasions pour marquer mais nous n’avons pas été assez méchants. Il est clair que débuter un match à Neuchâtel en subissant un but tel que nous l’avons subi, après notre terrible match à Schaffhouse, n’était pas le meilleur départ souhaité. Nous avions travaillé toute la semaine durant pour tenter de redonner une certaine compacité dans le secteur défensif mais les deux premiers buts ont littéralement tout invalidé et se passent de tout commentaire. Le troisième est également dommage; [Marijan] Urtic avait un ballon facile dans les pieds mais il a glissé au moment de l’écarter de la zone de vérité. Nous prenons un but à peine dix secondes après que [Alessio] Bellante ait réalisé une très belle parade [ndlr, sur Pedro Teixeira, 64e]. Tout cela n’est pas montre de signaux positifs même pour une équipe qui est souvent contrainte de survivre avec des lacunes épisodiques. Perdre à Neuchâtel est un fait, mais perdre de cette manière, leur offrir aussi facilement la victoire, n’est absolument pas satisfaisant. L’important, néanmoins, est que nous nous reprenions au plus vite alors que le championnat est encore pleinement ouvert. Et même si nous nous retrouvons dans les parties basses du classement, une victoire contre le FC Wil [ndlr, dimanche 23 avril à 15h] nous permettrait de relever la tête et gagner sans doute quelques places. Ainsi, je ne me préoccupe pas plus que ça pour le championnat, aussi car nous avons les moyens et le temps de renverser la tendance. Mais je me préoccupe beaucoup pour pour le jeu, surtout après deux aussi mauvaises prestations advenues alors que nous étions privés de beaucoup d’individualités par blessure ou pas suspension. Nous avons parfois beau donner notre maximum; des fois ça passe, des fois ça rate. Et quand bien même l’on perd, il faut savoir faire une auto-critique de soi-même et apprendre de nos erreurs. C’est ce que je fais tout le temps à niveau personnel.

Plusieurs fois durant le match, l’on vous a entendu encourager, inciter, motiver vos joueurs mais force est de constater que sur le terrain, les joueurs ont été nettement en deçà des attentes…

Plus les matches avancent et plus le classement impacte sur la confiance et la sérénité de nos jeunes joueurs. Il ne faut pas oublier que nous jouions avec un onze titulaire de très basse moyenne d’âge [ndlr, 24 ans] avec des joueurs qui jouent, pour certains, leur premier championnat au haut niveau. Donc l’on peut tout-à-fait comprendre qu’ils n’aient pas cette robustesse psychologique que l’on attendrait de joueurs plus expérimentés. Nous n’avons d’ailleurs pas eu une très grande qualité dans les dribbles, mes joueurs sont toujours allés de l’avant en comptant sur la force, la solidité et l’organisation du collectif. Mais nous ne sommes pas une équipe qui démontre fluidité dans les phases de possession de balle alors que ce sont des caractéristiques qui sont totalement inversées pour une équipe comme celle de Neuchâtel qui réussissent à faire circuler le ballon très librement. Chacun a ses propres qualités et chacun donne de son mieux lors de chaque situation. Il ne faut pourtant pas qu’ils perdent leur sérénité et commencent à jouer dans la peur car la tranquillité d’esprit est à l’heure notre seul moteur qui permettra de nous sauver en fin de saison.

Beaucoup de nervosité au sortir des vestiaires…?

Quand on perd, il m’apparaît normal que les âmes s’échauffent quelque peu. C’est comme ça, chacun analyse le match à sa manière et dénonce les responsables, s’il y en a. Personne ne se cache de ses actes, personne ne fuit; quand on donne le maximum à chaque étape et que même ce maximum ne suffit pas, patience. L’énervement me paraît incontournable après une déroute comme celle de ce soir à Neuchâtel et ce n’est pas grave. C’est dommage mais cela fait même partie du jeu. Néanmoins, cette défaite ne me fait nullement baisser la tête et ne me fait regarder personne avec mépris ou déshonneur. Et je n’envisage même pas de revenir sur mes choix ou de changer ma manière de faire durant la semaine, et les joueurs de même. Il apparaît très simple de trouver des coupables après une défaite mais ma manière de travailler ne se voit jamais altérée.

Vous pouvez tout de même vous baser sur le passé talentueux et riche du Giuseppe Scienza en tant que joueur de Serie A [ndlr, première division en Italie, de 1993 à 1996 à Reggiana, Torino et Piacenza]…

[Rires]. C’est une ère préhistorique, révolue depuis longtemps. Indépendamment de cela, mes joueurs ont de très grandes et belles qualités. Quand il nous est possible de les démontrer, à chaque fois, ils jouent avec une sérénité que nous recherchons à l’envi aujourd’hui. Et à chaque fois, ils ont abouti des rencontres d’un très beau niveau. Nous devons repartir de notre bon match joué au Riva IV [ndlr, stade du FC Chiasso] face au Servette FC [ndlr, 1-1], l’une des équipes les plus fortes du championnat et retrouver la force qui nous animera jusqu’au terme de la saison. Et dimanche sera le premier grand test face au FC Wil, match que nous devrons gagner à tout prix pour pouvoir reprendre confiance en nous – indépendamment des décisions de pénalisation comptable de la part de la Swiss Football League [SFL] à l’endroit de Wil qui ne devraient pas tarder à arriver. Nous devrons donc nous présenter au stade avec une forme et une détermination solides contre une équipe qui partage les mêmes problèmes que nous (confiance, sérénité, possession de balle) mais qui sait dégager tout autant de qualités remarquables sur le terrain. Un match primordial entre deux formations en difficulté où il sera nécessaire de garder des nerfs solides de la part de tout le monde. Nous devons aussi nous rappeler d’où nous sommes partis; nous étions bien partis, lors des dernières rencontres, pour parvenir à nous maintenir en Challenge League. Nous avions une force d’esprit qui n’a pourtant pas disparu et nous ne devons pas l’anéantir.