Le Servette FC et Neuchâtel Xamax FCS se quittent dos-à-dos à la Praille (1-1)

Christopher Mfuyi (à gauche) et Gaëtan Karlen ont été les deux protagonistes du derby romand entre Servette et Neuchâtel Xamax. © Oreste Di Cristino / leMultimedia.info

Avec le Servette FC, c’est comme cela. C’est quand l’attention du public est au plus bas (3’611 personnes au Stade de Genève pour ce derby romand) – à l’improviste – que les Grenat te plantent une pépite venue d’ailleurs. Et quand ce n’est pas Jean-Pierre Nsamé qui s’en fait l’auteur, c’est carrément la défense qui s’en charge. Anthony Sauthier face au FC Zürich (2-1) et Christopher Mfuyi face à Neuchâtel Xamax FCS (1-1). Impressionnant, surprenant.

Les matches vont parfois en accéléré tout comme il arrive parfois qu’ils ne soient pas aussi disputés qu’espéré. Le derby romand au sommet de ce samedi soir entre le Servette FC et Neuchâtel Xamax FCS, néanmoins, se profile à la juste intersection entre les deux. Servette dominateur mais mal payé en première période et Neuchâtel Xamax, parfois trop attentiste, sauve les meubles d’une rencontre mal engagée mais non moins maîtrisée de pied en cap. Et au milieu, se situe l’improbable coup de pied d’un Christopher Mfuyi qui arrose ses partenaires d’une réussite imparable à la 70e minute – « un but venu d’ailleurs », selon Marco Delley; « un auténtico golazo », concède même Meho Kodro, amusé de la tournure insolite de la situation. Une pépite inattendue qui n’a pu que clouer les jambes des adversaires: « Pas vu partir, à peine vu arriver. Le ballon est passé entre beaucoup de jambes et il était difficile à arrêter compte tenu de sa puissance – concède Laurent Walther, gardien de Neuchâtel Xamax FCS – Félicitations à Mfuyi, il a fait beaucoup de bien à son équipe et j’espère qu’il ne ressortira pas la même quand Servette se rendra à la Maladière dans quelques semaines », sourit-il. Car la réalité est celle-ci: il fallait se sortir d’un piège qui était en passe de se refermer sur les Grenat; seule une invention venue d’ailleurs pouvait parvenir à extirper le Servette FC du bourbier rouge et noir. « C’est vrai que c’est un magnifique but. Quand la frappe est lancée, j’ai moi-même de la peine à y croire. Je n’ai jamais rêvé d’un but comme celui-ci [rires], mais il est vrai que celui-ci est bien réel et c’est incroyable », avoue Christopher Mfuyi au micro de leMultimedia.info au terme de la rencontre au Stade de Genève. Au final, talent et patience, rien d’autre ne servait aux hommes de Meho Kodro ce samedi soir pour redorer le blason servettien.

> Écouter et visionner la réaction en direct de Christopher Mfuyi au terme de la rencontre...

La réalité est pourtant passablement claire en première période. Les Grenats entrent bien en match; incisifs, coordonnés et réactifs aux insuffisances xamaxiennes, les ailiers servettiens caressent la perfection là où Mike Gomes et Matheus Leoni peinent parfois à exister, supplantés généralement par la vitesse de Matias Vitkieviez ou par l’agilité de Marco Delley, ailiers ambidextre par excellence. Pendant plus de vingt minutes, Servette met le juste dosage d’intensité nécessaire pour mettre en difficulté Neuchâtel Xamax. Aussi, le sur-mesure servettien surprend – et percute – face aux nombreuses imprécisions des hommes de Michel Decastel. Ceux-ci étouffent parfois, souffrent toujours des débordements Grenat mais ne cède jamais. Ceci, grâce à une lucidité collective immuable de match en match. Mais ceci, faute tout autant à un manque de sang-froid des attaquants de pointe de l’équipe genevoise, Jean-Pierre Nsamé en avant, qui n’ont pas réussi à trouver le cadre du but xamaxien durant plus d’une heure. « Malheureusement notre buteur phare n’a pas réussi à marquer aujourd’hui. – convient le buteur Mfuyi avant de poursuivre – Néanmoins, heureusement qu’il est là et je suis sûr que pour les prochains matches, nous retrouverons notre Jean-Pierre Nsamé des grands soirs. »

Dominé, Xamax est debout à la mi-temps

Il en fallait peu pour que Gaëtan Karlen ne donne l’avantage à Xamax (29e), qui a aussi bien survécu à l’ouragan servettien pendant toute une demi-heure, qu’à l’approximation des envolées offensives, souvent mal négociées par les Neuchâtelois jusque là. Pour le Servette FC, il y a là quelques frustrations: « Nous avons enchaîné les occasions en première mi-temps et ça ne voulait pas entrer. Et paradoxe, nous marquons quand nous en avons moins. Les deux équipes ont été piquées à la même sauce ce soir », étaie Marco Delley en fin de rencontre. C’est pourtant bien lui qui adresse la première frappe à l’encontre de son ancien coéquipier, Laurent Walthert. Déporté sur le flanc droit – couloir de prédilection de son temps à la Maladière – Delley ne cadre pas (de peu) sa frappe qui s’envole au-dessus de la transversale (4e). Parmi les actions les plus dangereuses de leur inventaire dans le premier acte, se démarquent également la frappe ajustée de Fabry Castro sur un mauvais renvoi de la tête de Matheus Leoni (19e) et la conclusion basse d’Alexandre Alphonse, bien servi par Matias Vitkieviez, qui se meurt sur le fond, à quelques centimètres du poteau extérieur droit de Walthert, pourtant largement battu (24e). Mais c’est à la première imperfection défensive de Liassine Cadamuro, un ballon mal renvoyé (ou une passe en retrait quelque peu hasardeuse) qui lance Karlen droit vers Jérémy Frick, couché et battu d’une virgule réalisée avec métier par l’ancien joueur de Sion, Bienne et Thoune (29e).

« Je rentre à Neuchâtel avec beaucoup de regrets »,
Laurent Walthert

Le mieux est en revanche pour Neuchâtel Xamax dans le second acte, remonté, solide et déterminé dans son emprise. Les hommes de Michel Decastel investissent la moitié de terrain servettienne – réponse rouge et noire à la domination des Grenat lors de la première période – et créent. Ils créent peu mais créent bien; à tel point que Samir Ramizi, sur ses deux (plus grosses et) seules occasions de la rencontre, manque de doubler la marque pour son équipe. À chaque fois bien servi par Gaëtan Karlen à quelques minutes d’intervalle (56e et 63e), Ramizi échoue à quelques mètres de la ligne de but, parfois même en position de force face à Jérémy Frick. Des ratés (conséquents) qui marquent toute la frustration et la déception chez Laurent Walthert, déçu du résultat à la Praille: « Je ne pense pas que le match nul soit bien payé – débute-t-il – Nous aurions mérité la victoire car nous menions déjà d’un but lorsque nous parvenons à recevoir le ballon par deux reprises dans les cinq mètres servettiens à bout portant face à [Jérémy] Frick sans parvenir à conclure au but. Ces deux grandes opportunités auraient dû nous mener à la victoire, vers le 2-0 et non vers le 1-1. Je rentre, pour ma part, à Neuchâtel avec beaucoup de regrets car, même s’il est normal de souffrir par moments face au Servette FC à Genève, notre plan avait fonctionné et nous avions les moyens de nous imposer ce soir. », développe Laurent Walthert. Une réalité à laquelle convient immanquablement Christopher Mfuyi: « C’est vrai. Si Ramizi marque sur l’une de ses deux grosses opportunités, il aurait été difficile pour nous de revenir au score. On s’en sort bien, les dieux sont avec nous. Nous n’avons pas les trois points mais nous en avons tout de même un et c’est de bonne augure », se complait-il.

Servette toujours invaincu et bien dans ses bottes

Dans le camp servettien, l’on accuse le coup; Mfuyi reste dans le bonheur de sa réalisation et savoure néanmoins un résultat qu’il prend pour “juste”: « Je pense que ce match nul est mérité. Nous réalisons un pressing haut dans les premières 45 minutes lors desquelles nous nous procurons beaucoup d’occasions, mais sans réussite. Et c’est contre le cours du jeu que Neuchâtel marque. Nous essayons de réagir en deuxième mi-temps comme nous l’avions fait lors du match précédent contre Chiasso [ndlr, 1-1, lundi 3 avril 2017] et heureusement, nous parvenons à arracher le nul. » En réalité, si Servette n’a pas encore perdu dans le courant de l’année 2017, cette égalité face à Neuchâtel Xamax FCS marque le deuxième match nul consécutif pour les Grenats qui n’avaient pas encore perdu de point avant la rencontre face à Chiasso, lundi soir. « Nous avions perdu l’habitude faire des matches nuls – se résigne Mfuyi mais poursuit – Cela nous arrive à deux reprises et à chaque fois nous étions menés au score en première mi-temps. Cela démontre toutefois une force de caractère du groupe. Mais espérons que cela ne se reproduise pas souvent. » L’enchaînement des rencontres permet néanmoins toujours aux hommes de Meho Kodro de maintenir une certaine stabilité; l’invincibilité du Servette FC reste impressionnante. « C’est une bonne nouvelle mais cela ne doit pas nous détourner de notre route – rappelle, pragmatique Marco Delley – Aujourd’hui, nous devions absolument concrétiser nos occasions pour prendre trois points au lieu d’un seul ». Ceci même que l’objectif pour la fin de la saison semble clair: « Nous souhaitons rattraper Neuchâtel. Nous allons travailler dans cette optique jusqu’à la fin de la saison », confirme Christopher Mfuyi. Plus précisément, les Servettiens vont se « tirer la bourre » pour parvenir à leurs fins. Et, semble-t-il, l’ambiance et les conditions de travail avec le nouveau coach (depuis janvier 2017) sont bonnes: « Meho Kodro est venu à Servette avec un plan de jeu simple. Toute l’équipe parvient à y adhérer et cela se ressent sur le terrain. Nos succès en sont en bonne partie le fruit de ses choix de jeu. », conclut Mfuyi, membre de cette charnière à quatre que l’entraîneur bosnien du SFC a réhabilitée.

Les retrouvailles entre Laurent Walthert et Marco Delley

Le portier xamaxien et son ex-coéquipier à Neuchâtel Marco Delley se sont affrontés ce samedi soir dans un match au sommet pour les deux formations romandes. L’occasion pour les deux de réaffirmer chacun leur bonne entente, comme au bon vieux temps. « Vu la distance entre les deux villes [Genève et Neuchâtel], l’on ne se retrouve plus que quatre week-ends par année. Néanmoins, content de revoir Marco, surtout quand il n’est pas décisif comme ce soir [rires] », lance Laurent Walthert, sourire au coin. De son côté, Marco Delley, faisant référence aux nombre élevé d’occasions procurées mais non concrétisées par son équipe à la Praille, s’est limité à un simple « Laurent est un très bon gardien ». Néanmoins, entre sourires, déception et fatigue, la mise en parallèle des deux réactions en fin de rencontre permet de rappeler toute la dimension amicale que le football comporte même au plus haut niveau, loin des rixes et des manifestations de violence qui ont entaché l’avant-match de ce derby romand entre le Servette FC et Neuchâtel Xamax FCS. Que le bon sens fasse du chemin…

Les faits de match:
Servette FC - Neuchâtel Xamax FCS, 1-1 (0-1)

Composition du Servette FC:
Jérémy Frick, Anthony Sauthier ©, Fabry Castro, Matias Vitkieviez (85e Hugo Fargues), Marco Delley (63e Yassin Maouche), Alexandre Alphonse (75e Jérémy Faug-Porret), William Le Pogam, Jean-Pierre Nsamé, Liassine Cadamuro, Boris Cespedes et Christopher Mfuyi.

Composition de Neuchâtel Xamax FCS:
Laurent Walthert ©, Pietro Di Nardo, Samir Ramizi (70e Pedro Teixeira), Charles-André Doudin (81e Frédéric Nimani), Gaëtan Karlen, Max Veloso, Raphaël Nuzzolo, Matheus Leoni, Mustafa Sejmenovic, Mike Gomes et Igor Djuric (45e Kiliann Witschi).

Buts: 29e Karlen (0-1); 70e Mfuyi (1-1).

Notes: Servette sans Florian Berisha (suspendu), Ousmane Doumbia (blessé) et Hiraç Yagan (non convoqué). Neuchâtel Xamax sans Valmir Sallaj, Léo Farine, Thibault Corbaz, Azad Odabasi, Dilan Qela et Agonit Sallaj (tous blessés).