Le LS gaspille ses chances face à Grasshopper

Taye Taiwo au contraste avec Ridge Munsy. Le duel à somme nulle. © Oreste Di Cristino / leMultimedia.info

Devant 4’332 spectateurs, le FC Lausanne-Sport et les Grasshopper de Zurich se sont neutralisés à vide (0-0) dans une rencontre capitale pour le maintien en Raiffeisen Super League. Cela fait 180 minutes que la Pontaise n’a plus été spectateur d’un but. Mieux, cela fait trois matches (270 minutes) que le LS n’a plus concédé la moindre réussite à ses adversaires. Une amélioration dans l’ensemble d’un second tour mal engagé pour les hommes de Fabio Celestini.

Le FC Lausanne-Sport grappille par ci, par là; un point contre Young Boys le 12 mars (o-0), un autre contre Grasshopper dimanche après-midi (0-0), le tout ponctué par une victoire aussi nécessaire que capitale à Vaduz le 19 mars dernier. Une série positive mais si pas forcément optimale dans l’optique du maintien en Super League: « Il y a toujours beaucoup de stress dans ces rencontres face à un adversaire direct et c’est pour cela que c’est un point important pour les deux équipes », avoue Fabio Celestini en conférence de presse d’après-match ce dimanche. Pourtant, l’occasion était belle de reléguer le club zurichois à trois point, devant le FC Vaduz dernier, au terme d’une rencontre pourtant passablement dominée par les Lausannois: « On aurait bien voulu les dépasser mais il faut savoir – comme toujours – se contenter du résultat et rester dans notre série positive – affirme le portier Thomas Castella avant de poursuivre – Il faut aller comme ça, match après match. On ne peut pas toujours gagner et aujourd’hui, on s’en sort avec un nul. On ne va pas faire la fine bouche; il y a trois semaines, nous étions mal embarqués et aujourd’hui, on se réanime. » Il est toutefois des changements notables au sein de l’équipe: au-delà d’un esprit toujours plus offensif à chaque rencontre, c’est le système de jeu qui diffère depuis quelques sorties maintenant et c’est (tant) mieux. Habitués à un 3-5-2 classique depuis le début de saison, Fabio Celestini a su renforcer sa charnière défensive tout en appelant inlassablement ses joueurs à l’aventure: « Avec le nouveau système, nous sommes un petit peu plus solides. Nous avons changé des éléments tactiques qui semblent faire la différence en ce moment », lâche Alexandre Pasche. Et les résultats s’en ressentent, en effet.

Une défense (solidement) impressionnante

Même si Grasshopper a su, à quelques occasions, se montrer très insidieux, il ne renvoie, au final, qu’une difficulté latente à se montrer percutant. L’avantage à une défense lausannoise solide, physique et puissante en contre. Et, comme d’habitude, le premier à répondre à l’appel n’est nul autre que le gardien Thomas Castella, qui a su parfaitement négocier son retour en titulaire au sein de l’équipe. Démonstratif de toute assurance, le portier lausannois a su se montrer très attentif lors des quelques parades qui lui ont été appelées à réaliser. Du grand art, sinon un travail de fond, autant personnel que collectif, qui sert la cause de l’entier contingent du LS. Faut-il néanmoins également rappeler que c’est bien l’entière organisation – et la parfaite coordination – du onze lausannois qui a gagné en efficacité, susceptible de réellement faire la différence au regard des performances des dernières semaines: « La performance défensive est notamment due grâce à l’effort produit par les onze joueurs sur le terrain. – confirme Thomas Castella avant de continuer – Notre défense résiste grâce au collectif et c’est bien le fruit d’un travail qui dure, surtout depuis notre match contre Lugano [ndlr, défaite 2-1 au Cornaredo le 4 mars dernier]. Cela se voit; on est beaucoup plus concentrés et cela nous permet d’avancer. » De plus, pour un gardien qui fait son retour après plusieurs semaines de banc, réaliser quelque 270 minutes sans encaisser le moindre but semble être éminemment positif: « Pour un gardien quel qu’il soit, c’est toujours une bonne chose de ne pas encaisser de but. Mais ce qui séduit le plus [ndlr, dans nos trois dernières rencontres], c’est que nous avons à chaque fois réalisé un match complet. » Aussi, face à GC, outre les quatre défenseurs apprêtés pour la rencontre – avec Taye Taiwo et Marcus Diniz respectivement en latéraux gauche et droite – c’est tout le corps récupérateur qui a produit une pression considérable, Alexandre Pasche le premier: « Notre organisation défensive était performante, partant d’un grand repli défensif des deux ailiers, Nassim [Ben Khalifa] et Jordan [Lotomba] », lâche celui-ci, suivi dans ses propos par Fabio Celestini: « Je suis content du travail défensif que nous avons opéré sur le terrain. Nous avons gagné des duels et avons très bien négocié les seconds ballons face à une équipe qui joue en face. » Mais tout reste encore à travailler, la persévérance étant la meilleure arme pour Lausanne dans sa lutte contre la relégation.

Des occasions de buts pour peu d’efficacité

Là où le bât blesse, c’est indubitablement le manque de rendement effectif du secteur offensif. Comme à son habitude, le LS domine les débats, presse l’adversaire, le repousse, l’écrase presque dans ses ultimes retranchements mais difficilement trouve la voie du but qui lui ouvrirait tant d’espace. Pourtant, tout y est, la technique, la volonté et les occasions: d’abord une tête piquée de Jérémy Manière d’entrée de jeu (2e), puis plusieurs conclusions de la tête de Nassim Ben Khalifa (9e, 24e et 39e), l’acmé étant un but refusé pour faute de main du même numéro 25 lausannois en fin de première mi-temps (41e). Rien n’y fait, à chaque fois, la conclusion est mauvaise, parfois trop faible, souvent mal ajustée: « C’est une rencontre comme celle que nous avons connue face à Young Boys [ndlr, 12 mars, 0-0] – avance Thomas Castella avant de poursuivre – Nous maîtrisions le match, avons eu des occasions mais malheureusement, nous n’avons pas réussi à marquer. Pourtant, nous étions tout proche. Nous devons continuer ainsi et améliorer ces petites choses qui nous manquent. » Mais pourtant rien n’enlève à la belle démonstration lausannoise en première période, n’en complaise à Fabio Celestini: « L’équipe a très bien débuté le match jusqu’à la demi-heure. Nous avons eu pas mal d’occasions de but mais nous nous sommes moins projetés vers l’avant dans les dix minutes suivantes. De plus, je n’ai pas aimé la manière par laquelle nous avons débuté la deuxième mi-temps qui était plus équilibrée. »

« Il nous faut éviter les défaites désormais »

Alexandre Pasche

Il était manifeste – il en est de même à chaque rencontre – que les deux formations ont quelque peu perdu en intensité dès le début de la seconde fraction de jeu. Si l’on ne peut parler de recul pour l’entraîneur lausannois, il apparaît toutefois notable que les 90 minutes de jeu durant, l’ultra-offensif est normalement impossible: « L’on ne peut pas attaquer à l’envi durant tout le match. De plus, les deux équipes sont dans une situation compliquée, dans laquelle la gestion des émotions est très importante », lâche Fabio Celestini en conférence de presse. Faut-il dire aussi que GC est monté en puissance au retour des vestiaires; des individualités mieux en place sur le terrain et une portée offensive plus développée mais qui, pour l’une ou l’autre des deux équipes, n’a mené à aucune ouverture du score. « GC a procédé à des réajustements en seconde période; ils étaient mieux défensivement, alors qu’ils n’étaient pas très bien organisés en première mi-temps. Nous aurions dû en profiter mais nous nous sommes beaucoup fatigués sans résultat, notamment à cause d’un manque de créativité dans les 30 derniers mètres », confirme Jérémy Manière. Mais, au-delà des cages inviolées, c’est la manière et l’esprit démontrés sur la pelouse de la Pontaise qui séduit auprès des Lausannois. Cela fait maintenant quatre semaines (trois matches) que le LS n’a plus perdu et c’est déjà une amélioration: « Nous débutons une belle série – lance Alexandre Pasche avant de poursuivre – Si l’on gagne pas, un point est toujours bon à prendre. Il y a encore beaucoup de confrontations directes et rien n’était joué de toute évidence. Il nous faut éviter les défaites désormais. » Aussi, « le talent entrera en compte durant les matches, les gestes de classe dans les 25 derniers mètres et tout autant de spontanéité. On a beaucoup de qualités dans ce collectif », assure le milieu de terrain lausannois. De bonne augure certainement à l’approche du déplacement à Thoune la semaine prochaine (samedi 8 avril, 17h45).