En mal d’efficacité, la Suisse s’en sort face à la Lettonie (1-0)

Jean-François Moubandjé (en rouge) a livré une copie parfaite sur son couloir gauche, là où évolue généralement Ricardo Rodriguez. © Oreste Di Cristino / leMultimedia.info

C’est le revenant Josip Drmic qui a alloué à l’Équipe de Suisse sa cinquième victoire en autant de rencontres dans le cadre des qualifications pour la Coupe du Monde 2018 en Russie. Auteur d’un but sur son premier ballon touché à la 66e minute, l’attaquant du Borussia Mönchengladbach est le seul à avoir démontré toute son efficacité face au but ce samedi soir. La prochaine échéance sera à Torshávn aux Îles Féroé (9 juin), quelques jours après avoir disputé le premier match amical de l’année face à la Biélorussie à Neuchâtel (1er juin).

Ce n’est pas à la hauteur de ce que l’on espérait mais la Suisse a assuré l’essentiel – une troisième fois d’affilée dans l’exercice – face à la Lettonie au Stade de Genève (1-0). Rassurant et inquiétant à la fois. Même si l’Équipe de Suisse reste invaincue dans son groupe, il n’empêche qu’elle doive impérativement soigner ses copies avant de s’en aller affronter un Portugal qui attend les hommes de Vladimir Petkovic au tournant. « Nous devons améliorer nos performances et jusqu’à la dernière rencontre, ce sera tendu », avoue le sélectionneur tessinois en conférence de presse d’après-match. En réalité, après avoir conclu la phase aller des éliminatoires, il en ressort un bilan particulièrement mitigé malgré la perfection mathématique. Inquiètent surtout l’état de forme de plusieurs individualités qui manquent parfois et surtout de sang-froid à toute épreuve. En témoigne un début de match pressant mais pourtant si peu productif pour la Nati qui n’a dû attendre que l’heure de jeu (66e) pour prendre le dessus face à la modeste Lettonie : « Nous sommes pas bien entrés en match, nous étions beaucoup tournés vers l’avant mais il y a eu trop d’erreurs faciles – débute Vladimir Petkovic avant de poursuivre – J’ai apporté quelques modifications en seconde mi-temps ; nous avons changé notre jeu et accentué notre pression qui nous a permis – avec chance – de marquer. Mais cela ne me suffit pas. Content tout de même pour le 1-0. » De retour d’une longue pause internationale – depuis le 13 novembre dernier et la victoire 2-0 sur les Îles Féroé à Lucerne – les automatismes ont été retrouvés mais il n’empêche pas moins que l’efficacité face au but se soit avérée défaillante durant l’ensemble des 90 minutes de jeu : « C’est un manque de lucidité plus qu’un manque d’intelligence tactique. Mais c’est bien là l’épreuve la plus compliquée dans le football pour toutes les équipes », lance Gelson Fernandes en fin de rencontre. Pourtant, c’est bien là où le bât blesse ; face au retranchement letton, il semblait primordial de prendre rapidement l’avantage, un objectif premier que les hommes de Vladimir Petkovic ont particulièrement échoué à accomplir. « Quand tu ne marques pas tes plus plates occasions, tu risques toujours plus d’en subir un sur coup de pied arrêté. La situation que nous avons vécue ce soir était dangereuse », avoue le latéral droit et capitaine Stephan Lichtsteiner, suivi par son opposé Jean-François Moubandjé : « C’est très important de rester vigilent, surtout quand nous peinons à ouvrir le score comme ce soir. Le but de Josip nous a un peu libérés mais nous ne sommes pas parvenus à aller outre. » Une situation périlleuse préoccupante à l’heure où il est à faire les comptes d’un premier round riche en points mais passablement faible en contenu.

« C’est le risque sur ce genre de rencontres ; si tu ne marques pas rapidement, les adversaires savent d’autant plus rester compacts. »

Gelson Fernandes

Cela fait bien depuis quatre mois que le rassemblement de l’Équipe de Suisse ne s’était plus tenu. C’est long, certes : « C’est un match de reprise et ce n’est jamais évident, d’autant plus contre un adversaire agressif », lance le milieu de terrain Gelson Fernandes, remplaçant convaincant de Valon Behrami devant la charnière défensive. Pourtant, là ne semble pas être le réel problème des Suisses, d’autant plus que l’organisation de jeu, la cohésion collective et les contributions personnelles sonnaient juste. En revanche, les seules fausses notes s’écoutaient à la finition où, devant la cage d’Andris Vanins, nombre de joueurs ont (souvent) manqué de réalisme. À commencer par Haris Seferovic (2e et 18e), Gelson Fernandes (13e), Stephan Lichtsteiner (15e), Blerim Dzemaili (16e), Admir Mehmedi (18e), Jean-François Moubandjé (22e) et Granit Xhaka (30e et 40e), qui ont tous échoué (de près ou de loin) face au but letton durant la première période de jeu. Si l’on rajoute les grandes erreurs de coordination de Xherdan Shaqiri – d’abord sur un retourné acrobatique, puis seul en duel face à Vanins (47e) –, le rendement de la Suisse se présente drastiquement médiocre. « Nous défendons bien depuis plusieurs matches mais il faut absolument que l’on soigne notre finition. Nous nous sommes parfois laissés prendre à la précipitation », résume Lichtsteiner. Banal à écrire, fatal à subir ; la bonne tenue offensive des Suisses se voyait ainsi pied à pied ternir, engluant invraisemblablement la Nati dans l’impuissance. Aussi, face à un noyau défensif fort de la part de l’Équipe de Lettonie, il paraissait si précieux de parvenir à créer. « Je suis un peu perfectionniste et je pense que l’on aurait – moi le premier – pu faire mieux ce soir. Mais je suis content dans l’ensemble, j’ai pu mettre de la densité sur mon couloir et bien défendre », concède le latéral gauche Moubandjé. Cela dit, défendre est une chose, percer une résistance coriace en est une autre : « On aurait dû marquer beaucoup plus vite pour se mettre à l’abri – rappelle Gelson Fernandes avant de continuer – C’est le risque sur ce genre de rencontres ; si tu ne marques pas rapidement, les adversaires savent d’autant plus rester compacts. Leurs lignes se sont plus écartées en seconde mi-temps mais il nous incombait de mettre plus d’efficacité dans nos actions et de concrétiser nos occasions pour donner une autre dimension à ce match. Ce n’est pas facile de produire un jeu face à des joueurs de champ qui misent groupés sur nos erreurs. » Sentiment partagé par Johan Djourou : « On a une très bonne mentalité, nous savons rester très positifs. Tout n’a pas toujours été parfait ; nous avons manqué à certains moments de “Killer Instinct” dans le dernier geste mais dans le plus important est assuré. Il y avait la place pour faire mieux mais il faut parfois savoir se contenter. Les trois points sont bons à prendre. »

Continuer sur la bonne lancée

« Pour la prochaine fois, je veux contrôler mes joueurs de plus près. Un ou deux n’étaient pas dans leur forme habituelle. Nous voulions rapidement mener au score mais des fois, il faut savoir garder fermement sa patience », entonne Vladimir Petkovic en conférence de presse d’après-match. Aussi, pour le sélectionneur tessinois, l’heure est à l’avant-garde ; réfléchir aux épisodes futurs est bien la seule perspective à maintenir désormais : « Il est inutile que nous nous perdions dans les mots maintenant. Nous avons beaucoup provoqué et – grâce seulement à un corner –, nous avons pris l’avantage. Nous devons maintenant encaisser cette nouvelle victoire et poursuivre notre route. » Et à ce chapitre, l’on notera particulièrement les bonnes prestations de nombreux nouveaux sélectionnés (revenants ou néophytes) ayant marqué leur empreinte sur le gazon de la Praille. Il y a d’abord le “sauveur” Josip Drmic, auteur à sa première occasion du seul but de la rencontre (66e). Son entrée sur la pelouse du Stade de Genève, quelques minutes auparavant, relevait par ailleurs d’un coaching (plus que) gagnant pour Petkovic qui voyait sa volonté davantage offensive primée par l’une des quelques individualités pourtant écartées des sélections nationales depuis la Coupe du Monde 2014 au Brésil. C’est le cas également de Steven Zuber, qui a retrouvé les joies de la sélection avec la Suisse depuis 2013, tout comme Remo Freuler qui a fêté son premier match avec le maillot de l’Équipe de Suisse à son entrée sur le terrain en fin de rencontre (83e). De nouveaux visage susceptibles d’apporter un souffle nouveau à l’heure où la Suisse d’apprête à vivre un déplacement périlleux à Torshávn, aux Îles Féroé. Et qu’en est-il du Portugal (vainqueur 3-0 de la Hongrie à Lisbonne) ? « Concentrons-nous sur nous-mêmes et allons chercher cette qualification grâce à nos seuls résultats. C’est pourquoi nous nous préparerons à un dur déplacement aux Îles Féroé. Ce n’est jamais facile face aux petites équipes », soutient Gelson Fernandes. Pas facile, surtout lorsqu’est endossé l’habit de favori de la compétition. Fallait-il bien le relever au terme de cette cinquième victoire aux European Qualifiers 2018 : « Cinq matches, quinze points, c’est historique », lance Fernandes suivi dans ses propos par Johan Djourou : « C’est une entame parfaite pour la qualification. Nous devons rester satisfaits de notre situation. » D’autant plus satisfaits que la soirée à Genève se présenta sous ses meilleures auspices [voir encadré].

Un retour savoureux au Stade de Genève

Enfants de Genève, Johan Djourou et Jean-François Moubandjé ont savouré la rencontre dans leur Praille natale : « Cela fait à chaque fois plaisir de retrouver son chez-soi. L’ambiance était très belle aujourd’hui, les supporters [ndlr, 25’000 présents] ont su mettre une fantastique ambiance. Pour moi, enfant de Genève, c’est toujours très spécial de jouer à la Praille », débute le premier. « J’adore voir le stade comme ça », ajoute le second. La dernière rencontre – hors matches amicaux – remontait à trois ans, à l’époque où la Suisse battait, d’un lob piqué d’Haris Seferovic sur le portier adverse, 1-0 Chypre lors des éliminatoires pour la Coupe du Monde 2014. Des souvenirs chaleureux, alors même que Genève confirmait à nouveau, ce samedi soir, sa stature de République de football. « On a eu une bonne semaine à Lausanne et Genève. Cela fait toujours plaisir de jouer ici, le public nous a bien soutenus et j’en suis heureux », conclut à son tour Stephan Lichtsteiner.

Les faits de match:
Suisse-Lettonie, 1-0 (0-0)

Composition de l'Équipe de Suisse:
Yann Sommer, Stephan Lichtsteiner ©, Jean-François Moubandjé, Haris Seferovic (83e Remo Freuler), Granit Xhaka, Blerim Dzemaili, Gelson Fernandes (62e Josip Drmic), Admir Mehmedi, Johan Djourou, Fabian Schär et Xherdan Shaqiri (75e Steven Zuber). Entraîneur: Vladimir Petkovic.

Composition de l'Équipe de Lettonie:
Andris Vanins, Gints Freimanis, Olegs laizãns, Aleksejs Visnakovs (55e Vladislavs Gabovs), Artis Lazdins (75e Vladislavs Gutkovskis), Davis Ikaunieks (67e Deniss Rakels), Valerijs Sabala, Aleksandrs Solovjovs, Kaspars Gorkss ©, Vitãlijs Jagodinskis et Glebs Kluskins. Entraîneur: Marians Pahars.

Buts: 66e Drmic (1-0).
Notes: Stade de Genève. 25'000 spectateurs.
Suisse sans Ricardo Rodriguez et Valon Behrami (blessés).
Arbitre: Vladislav Bezborodov (RUS).