Vladimir Petkovic a, comme à son habitude, favorisé les joueurs qui ont déjà fait leurs preuves en équipe nationale au moment de sélectionner les 23 individualités qui composeront le contingent en vue du match international face à la Lettonie au Stade de Genève le 25 mars prochain (18 heures). Déjà victorieux lors des quatre premières rencontres, la Suisse se prépare à aller tirer le meilleur de sa forme pour dominer la Lettonie d’Andris Vanins. Cela constituerait le cinquième succès en autant de rencontre dans cette campagne de qualification pour la Coupe du Monde 2018. Parmi les 23, Steven Zuber fait son retour en équipe nationale. Il comble un manque à gagner dans le secteur offensif.
La campagne de qualification pour la Coupe du Monde en Russie en 2018 a débuté en fanfare pour l’Équipe de Suisse. Elle a gagné ses quatre premiers matches, et a déjà affronté ses deux plus grands adversaires du groupe, le Portugal (victoire 2-0 à Bâle) et la Hongrie (succès 2-3 à Budapest). Pourtant, c’est bien dans le ventre mou de l’exercice que peuvent se dresser les plus hauts pièges pour la Nati; des frissons à Andorre-la-Vieille (à l’arraché face à Andorre, 1-2) – une dernière parade de Roman Bürki dans les Pyrénées sauve un bien précieux résultat – et ce que l’on se complait à nommer le minimum syndical face au Îles Féroé (2-0 à Lucerne). Samedi 25 mars, c’est pourtant au tour de la Lettonie (111e mondiale), équipe moins bien classée que les Féroé (82e), d’affronter l’Équipe de Suisse au Stade de Genève. Et le défi n’est pas exempt de difficultés même si l’on se surprendrait de voir les hommes de Vladimir Petkovic capituler face à la bande d’Andris Vanins. Cependant, comme à son habitude, l’entraîneur tessinois redouble d’attention à l’approche de l’échéance, avant de, plus tard, se projeter sur la rencontre du 9 juin à Torshávn face aux Îles Féroé. Petkovic veut maintenir la même solidité, la même force mentale, la même envie contre tous ses adversaires, aussi car la Suisse est immanquablement maître de son destin, particulièrement à l’heure où il incombe au Portugal et à la Hongrie de se départager dans un match couperet pour les deux formations à l’Estadio da Luz de Lisbonne. Autrement dit, cette cinquième journée des qualifications européennes pour le mondial 2018 se veut passablement déterminante, invitant les Suisses à leur plus grand défi: maintenir une régularité et une solidité psychologique qui n’a pas lieu d’être défaillante. Ainsi, la Suisse a d’abord besoin de stabilité, de cohérence dans les décisions de son entraîneur, dans un but unique de maintenir une confiance certaine à l’ensemble du groupe qui affrontera la Lettonie à La Praille. Un travail long de trois ans – entre joies et déceptions, depuis l’arrivée de Vladimir Petkovic sur le banc de l’équipe nationale –, qui renforce la confiance au sein du groupe qui peut notamment compter sur l’aplomb de plusieurs de ses membres, à tous les niveaux de jeu, de la défense à l’attaque. Mais attention aux mauvaises surprises.
Pas (ou peu) de surprises dans le 23 sélectionné
« Dans les buts et au milieu du terrain, nous n’avons aucun problème. Ou alors un problème de luxe. » Vladimir Petkovic confirme les impressions ressorties des quatre premières rencontre de la campagne. Autrement dit, les plus grands doutes se concentrent dans des zones clef du terrain, soit l’attaque et la défense. Si Yann Sommer reste l’incontournable de la défense des buts suisses, l’embarras est plus grand pour ce qu’il en est de la charnière défensive de la Nati. Sevrés de temps de jeu, plusieurs joueurs devront faire leurs preuves lors du camp d’entraînement qui débute lundi à Lausanne, puis à Genève. C’est notamment le cas de Xherdan Shaqiri, Haris Seferovic et Fabian Schär. La santé du premier inquiète d’autant plus. Aligné à 14 reprises en Premier League cette saison, il enregistre de bons résultats avec Stoke City, mais ses blessures à répétition attisent les interrogations. Absent des terrains au début du mois de février, pour un dérangement au mollet, Xherdan Shaqiri a manqué pas moins de 16 rencontres cette saison avec son club. Il ne devait faire son retour sur les terrains que lors du match face à Manchester City le 8 mars dernier, terminé sur le score de 0-0. Mais tel n’a pas encore été possible. Au-delà de sa frustration, l’entraîneur du club anglais, Mark Hughes, ménage la portée de ces absences les considérant comme des épisodes de malchance, jugeant par ailleurs un joueur comme Shaqiri, de par sa dynamique sur le terrain, souvent sujet à différents risques musculaires. Il n’empêche en rien pourtant que l’attaquant de la nationale suisse mise ses efforts sur un prompt retour sur les terrains anglais. Quant à Haris Seferovic, il prend tranquillement la mesure de l’Eintracht Francfort. Décisif en Coupe d’Allemagne contre Hanovre, début février, l’attaquant suisse a ensuite essuyé trois défaites à sec en championnat. Titulaire contre le Hertha Berlin le 25 février dernier, il est notamment sorti à la 78e minute sur expulsion. Il a ainsi manqué les deux derniers matches de son équipe en championnat. En 17 apparitions cette saison, il a notamment inscrit trois buts. Mais de bonne augure pour la saison prochaine, Seferovic est pressenti rejoindre Benfica au prochain mercato estival à coût nul pour les deux clubs.
« Il ne doit pas être trop facile de perdre sa place »,
Vladimir Petkovic
Les choses vont pourtant moins bon train du côté du défenseur central, Fabian Schär. Aligné à seulement sept reprises cette saison, le Suisse n’a plus joué depuis le 28 janvier 2017 (défaite de Hoffenheim face à Leipzig, 2-1). Il n’a par ailleurs joué qu’une heure en 2017 (pour un total de 283 minutes de jeu depuis août 2016). Un bilan très insuffisant pour un pilier de l’équipe nationale qui a également dû faire face à une inflammation dans la région des adducteurs au début du mois de février. Au vu de l’ensemble de ces situations, le sélectionneur de l’équipe nationale se veut néanmoins rassurant, comme le rapporte le communiqué de presse de l’Association Suisse de Football (ASF): « Les joueurs qui ont contribué à mettre la Suisse dans une configuration idéale dans ces qualifications (quatre matches, quatre victoires) ne seront pas mis de côté à la première difficulté. Il ne doit pas être trop facile de venir dans l’équipe et, dans le sens inverse, il ne doit pas être trop facile de perdre sa place. Chacun a la possibilité de prouver et de démontrer qu’il peut sur le long terme apporter de la valeur-ajoutée à l’équipe. »
Une attaque fébrile mais qui promet tant
On l’attendait dans les cordes du sélectionneur en octobre, puis en novembre, Mario Gavranovic n’a pas encore été sélectionné par Vladimir Petkovic. Bien que parti de loin. Après avoir quitté le navire zurichois suite à l’officialisation de sa rétrogradation en Challenge League – une saison compliquée pour l’attaquant de la nationale helvétique –, Gavranovic a fait le grand et le plus beau pari de sa carrière: revenir jouer dans sa Croatie natale, où il domine le championnat avec son club, le HNK Rijeka. Auteur de sept réalisations en 18 rencontres de championnat jouées, le binational, peut rêver – un objectif retrouvé pour le natif de Lugano – d’une titularisation à Genève après avoir été éloigné de l’équipe nationale depuis le Mondial 2014 au Brésil. De piquet lors des rencontres en Hongrie et à Andorre, l’attaquant suisse avait également dû renoncer, pour une blessure à la cuisse, à une nouvelle sélection dans le sillage du match contre les Îles Féroé à la Swissporarena de Lucerne, le 13 novembre dernier. En revanche, Josip Drmic marque son grand retour d’une longue convalescence ces derniers mois. Il remplace nombre de (nouveaux) blessés qui ne pourront participer au rendez-vous contre la Lettonie. C’est d’abord le cas de Breel Embolo; tout n’a pas été rose pour le joueur du Schalke 04. Gravement blessé en Bundesliga en octobre dernier, l’attaquant suisse a dû engager tous ses efforts dans une guérison qui a parfaitement suivi son cours. Pourtant, l’exercice était loin d’être évident pour ce jeune talent de 19 ans en quête d’expérience après avoir quitté le FC Bâle en début de saison. Également blessé le weekend dernier en Bundesliga, le latéral de Wolfsburg, Ricardo Rodriguez devra également faire l’impasse au match contre la Lettonie. François Moubandjé pourrait être titularisé en remplacement. Il en va de même pour le milieu du BSC Young Boys, Denis Zakaria qui devra être absent pour diverses semaines pour une blessure à la cuisse à l’entraînement et pour l’avant-centre de Galatasaray, Eren Derdiyok (élongation au mollet) – nous apprend le communiqué de l’ASF. Le joueur évoluant au Galatasaray continuait pourtant de faire parler ses talents. En championnat, il a inscrit pas moins de 10 buts en 22 rencontres, ce qui le place au troisième rang du classement des buteurs en Turquie derrière Cenk Tosun (16) et Vágner Love (11). Derdiyok avait notamment signé un doublé le 6 mars dernier lors de la victoire 3-2 de son équipe contre l’Antalyaspor. Son sang-froid lui a par ailleurs permis d’arracher la victoire après six minutes de temps additionnel. Une lourde absence pour l’Équipe de Suisse qui peut pourtant miser sur sa jeunesse: Remo Freuler et Steven Zuber (nouvelle sélection depuis 2013) sont tous deux sélectionnés. Le premier, titulaire avec l’Atalanta en Serie A depuis le début de l’année 2017 (dont deux buts), a sans aucun doute un talent qu’il pourrait faire valoir au sein de l’équipe nationale. Appelé pour la première fois par Vladimir Petkovic en novembre dernier pour le match contre les Îles Féroé, Remo Freuler se voit appelé une seconde fois dans cette campagne de qualification pour la Coupe du Monde 2018 en Russie. Quant à Steven Zuber, il est l’un des éléments sûr d’Hoffenheim. Titularisé depuis le début de l’année, il a comptabilisé 720 minutes de jeu qui lui allouent une belle expérience, susceptible de faire la différence au Stade de Genève. Que les promesses soient tenues sur le terrain.
Retrouver les mécanismes de l’équipe nationale
« Après plus de quatre mois de pause, nous devons un peu réapprendre à nous connaître. Se rappeler de certaines choses et après faire le maximum avec les joueurs à disposition. » Non que la situation est critique; l’heure est plutôt à la prévention: « Il est ainsi bien d’être préventif et de penser à diverses variantes. Par conséquent, nous disposons toujours de plusieurs options et nous ne nous laissons pas prendre de surprise. Au contraire, au cours des quelques jours qui nous séparent du match contre la Lettonie, nous pouvons dès le début nous concentrer sur l’essentiel. Et agir ! » C’est pourquoi, la confiance est de mise envers les plus (et les moins) expérimentés du groupe. Le tout sera de le démontrer contre la Lettonie.
La liste des 23 joueurs sélectionnés: Gardiens: Roman Bürki (Borussia Dortmund) Marwin Hitz (FC Augsburg) Yann Sommer (Vfl Borussia Mönchengladbach) Défenseur: Johan Djourou (Hamburger SV) Nico Elvedi (Vfl Borussia Mönchengladbach) Léo Lacroix (AS Saint-Étienne) Michael Lang (FC Basel 1893) Stephan Lichtsteiner (Juventus) Jean-François Moubandje (Toulouse FC) Fabian Schär (TSG 1899 Hoffenheim) Silvan Widmer (Udinese Calcio) Milieux de terrain et attaquants: Valon Behrami (Watford FC) Drmic Josip (Vfl Borussia Mönchengladbach) Blerim Dzemaili (Bologna FC) Edimilson Fernandes (West Ham United) Gelson Fernandes (Stade Rennais FC) Remo Freuler (Atalanta Bergamo) Admir Mehmedi (Bayer 04 Leverkusen) Haris Seferovic (Eintracht Frankfurt) Xherdan Shaqiri (Stoke City FC) Valentin Stocker (Hertha BSC Berlin) Granit Xhaka (Arsenal FC) Steven Zuber (TSG 1899 Hoffenheim)