Le FC Lausanne-Sport sombre dans la dépression face à Sion (0-1)

Taye Taiwo a offert de ses talents sur l'aile gauche, mais cela n'a pas suffit. © Oreste Di Cristino / leMultimedia.info

Encore une désillusion pour Fabio Celestini au Stade de la Pontaise. Le FC Lausanne-Sport a plongé face au FC Sion, sur une réussite de Chadrac Akolo (43e). Il s’agit de la troisième défaite consécutive pour les Lausannois qui n’ont plus gagné depuis le 2 octobre dernier face à Lugano (4-1). Les prochaines rencontres face aux concurrents directs seront déterminantes.

Il est des habitudes qui ne sont pas agréables, voire difficile à endurer. Les vains efforts du FC Lausanne-Sport en Super League appartiennent à celles-ci. N’en regarde qu’à la mine dépitée, rougie de désespoir qu’a affichée Fabio Celestini à son arrivée en conférence de presse de fin de match: « On a perdu. C’est chaque semaine la même chose. Il n’y a pas d’autre analyse à faire », la séance se concluait aussitôt sous le regard hébété de l’assistance. De quoi remonter les dernières performances du FC Lausanne-Sport à l’inexplicable train de vie maudit auquel l’ensemble de la communauté lausannoise a adhéré. Le LS a une nouvelle fois sombré au terme d’une pure et belle démonstration en première période face au FC Sion (8 tirs contre 0, et la statistique n’a jamais été aussi révélatrice auparavant). Le FC Sion était dominé, pressé, dépassé; seul Anton Mitryushkin résistait aux assauts répétés des Lausannois. Et cela a suffi pour fragiliser la pourtant solide carapace des hommes de Fabio Celestini. Quelques imperfections par ci, par là, dans les deux camps, rien de bien insidieux dans les premières quarante minutes de jeu, sinon de rappeler la puissance et la rapidité des contres de Kwang-Ryong Pak et Samuele Campo ou encore la fantaisie de Benjamin Kololli qui ne manqua pas d’investir le portier sédunois sur un tir puissant des 25 mètres à la 23e minute. Mais c’est – encore et toujours – une imprévoyance, un ballon mal maîtrisé par Custodio et dûment récupéré par Chadrac Akolo que Sion crucifie le LS sur sa seule et véritable occasion de la période (43e). Un gâchis, comme on se complait désormais à le nommer. « Dans une période durant laquelle nous aboutissons réellement toutes nos actions – la meilleure mi-temps depuis le début de la saison –, subir un but de cet acabit fait vraiment mal au cœur », lance dépité Fabio Celestini. « Nous avons eu de gros problèmes en première mi-temps, comme jamais cette saison – poursuit l’entraîneur sédunois Peter Zeidler – Le mérite du FC Lausanne-Sport se doit d’être relevé mais par chance, ils ne sont pas parvenus pas à marquer, surtout sur une très grande occasion venue d’un centre côté gauche [ndlr, contribution de Pak pour Ben Khalifa à la 31e minute]. Nous n’avons jamais eu le contrôle du ballon et heureusement, la récupération de Chadrac [Akolo] dans la surface de réparation nous a sauvés. » Un tournant amer pour le directeur lausannois, aux valeurs approuvées et au talent incontesté, primé au SFL Awards du titre de meilleur entraîneur de l’élite suisse de l’année 2016. Et pourtant, tout ne suffit pas encore.

Un stratège à la tête du FC Sion

« Je l’ai senti au fond de moi. J’ai senti que l’action pouvait déboucher sur une grande occasion en notre faveur à l’entrée de la surface de réparation. » L’instinct du buteur Chadrac Akolo a valu de l’or pour le FC Sion, alors qu’il a littéralement noyé Olivier Custodio et son capitanat à la Pontaise, déclenchant le chavirement de l’entier navire lausannois. Une fausse manœuvre, par étourdissement, qui coûte pourtant passablement cher au groupe. « J’ai trop hésité et à ce niveau-là, ça ne pardonne pas. C’est rageant car cette action a annulé la grande qualité démontrée tout au long de la première mi-temps. Nous les avons dominés mais malheureusement, la moindre erreur s’est payée au prix fort », admet Olivier Custodio. Pourtant, menant à la pause, les Sédunois ne se sont pas contentés de maintenir le simple résultat en forçant sur une résistance défensive des grands jours, loin de là. Opérant à la substitution du capitaine Veroljub Salatic par Geoffrey Bia à la pause, Peter Zeidler souhaitait véritablement métamorphoser son organisation de jeu, passant d’un tactique 4-3-3 à un 4-5-1 de nature offensive, avec Carlitos, Akolo et Bia en soutien de Moussa Konaté en pointe de l’attaque. Une stratégie audacieuse, selon l’entraîneur valaisan, qui a néanmoins su porter son lot de réussites: « J’ai voulu changer de système à la mi-temps parce que je n’étais pas content de ce que nous avions produit sur le terrain durant les premières 45 minutes. L’entrée de Bia pour Salatic – un petit risque tout de même – a bien fonctionné. J’étais heureux. »

« J’aurais préféré jouer à onze contre onze »
Fabio Celestini

Toutefois, comme les bonnes nouvelles – ou les bons manèges – ne viennent jamais seules, une intervention spectaculaire d’Elsad Zverotic sur Nassim Ben Khalifa à la 57e minute vaut aux hommes de Zeidler et Constantin la peine de poursuivre la rencontre à dix; moyennant le retour (somme toute très bref) d’un nouvel espoir pour les Lausannois. Tous à l’attaque ? Ce fut bien le contraire qui s’observa à la Pontaise, au sein de laquelle le LS se voyait entrer dans une léthargie plus profonde que jamais en cette nouvelle saison en Super League. Autant de belles performances dans la première fraction masquées par une seconde mi-temps de très mauvaise facture. Un dépit pour les Vaudois, tombés en nette dépression en fin de rencontre: « Nous avons pensé à tort que l’infériorité numérique de Sion allait nous ouvrir la voie. Or, nous avons perdu toute la fluidité de notre jeu », débute le capitaine lausannois. « J’aurais préféré rester à onze contre onze. – poursuit Fabio Celestini – L’avantage du nombre oblige immanquablement à une meilleure gestion du match: éviter les attaques incontrôlées, faire preuve de très grande patience et animer un jeu encore plus collectif. C’est cette attention qui nous a fait défaut en seconde période. Très difficile à expliquer, néanmoins. Cela fait douze mois que j’essaie de trouver une explication à cela. » Pourtant, à rebours de toute attente, l’infériorité numérique du FC Sion a d’autant plus galvanisé l’équipe qu’elle ne l’a freinée dans son élan de domination. Faisant entrer le prometteur brésilien Paulo Ricardo (22 ans, ex-Santos) [voir encadré] à la place de Carlitos, replaçant par la même occasion Jagne Pa Modou dans l’axe, Peter Zeidler a trouvé le juste équilibre – en 4-4-1 – pour conclure la rencontre en position privilégiée, avec un véritable rideau de fer pour défense. Une intelligence tactique qui valut aux talents de l’entraîneur valaisan tout le mérite des trois unités supplémentaires au compteur sédunois: « Parfois, pour nous les coaches, c’est plus facile d’organiser l’équipe à dix joueurs. Nous avons d’ailleurs eu beaucoup d’occasions [ndlr, avec Geoffrey Bia, 84e et 88e] et nous aurions dû marquer. Mais il ne faut pas oublier la très grande solidarité des joueurs sur le terrain et cela, surtout au niveau professionnel, c’est important. L’état d’esprit du FC Sion était présent et c’est sans doute la raison pour laquelle nous avons dominé avec mérite Lausanne aujourd’hui. » Des paroles que corroborent à leur aise Chadrac Akolo et Grégory Karlen: « Nous avons multiplié les efforts pour ne pas faire sentir notre infériorité numérique – débute le premier avant de poursuivre – Tout le monde a fait son travail défensivement. Nous n’avons pas paniqué; nous sommes restés calmes et nous avons su faire la différence à la fin. » Le milieu de terrain Suisse complète: « En deuxième mi-temps, le carton rouge devait nous compliquer la tâche mais ça n’a pas été le cas. Nous avons beaucoup défendu et nous les avons anesthésiés. Nous aurions dû tuer le match grâce aux occasions que nous nous sommes procurées mais la victoire fait plaisir. »

Toute une question de substitutions

D’une part, le négociateur sédunois, de l’autre le diplomate lausannois; tous deux à l’œuvre tactique cet après-midi sur les bancs de la Pontaise. Mais pas au même prix, ni au même résultat. Si le résultat final a sans doute primé les choix de Peter Zeidler, il n’a pas autant souri à ceux de Fabio Celestini. Du côté du FC Sion, au-delà de Geoffrey Bia, auteur d’une seconde période intense et prolifique en terme d’occasions, c’est l’entrée de Paulo Ricardo que l’entraîneur valaisan souhaite commenter en marge de sa conférence de presse d’après-match: « Cela fait longtemps qu’il attendait cela. Depuis des mois, il démontre beaucoup d’envie et d’investissement à l’entraînement. Cela méritait d’être précisé. » Pour le Vaudois, en revanche, c’est l’impuissance de ses actes qui voient mises sur le tapis: « À un moment donné, il faut que les joueurs prennent leur responsabilité sur le terrain – débute-t-il avant de continuer – Je ne joue pas à leur place, je les entraîne. Des trois changements d’aujourd’hui – Gabriel Torres, 28 ans, Xavier Margairaz, le joueur ayant le plus d’expérience au sein de l’équipe, et Alexandre Pasche, 26 ans avec une très grande aptitude sur le terrain aussi – aucun n’a porté ses fruits. Aujourd’hui, tout le monde a joué et les problèmes sont restés les mêmes, bien qu’il devienne très difficile de faire plus que le jeu démontré pendant une heure. » Une réalité qui peut résumer à elle-même le film du match de ce dimanche après-midi, mi-ensoleillé, mi-nuageux.

Vaduz, Grasshopper, Thoune: les prochains adversaires (directs) de Lausanne

Si ce derby romand constituait une échéance importante pour le FC Lausanne-Sport, il n’en relevait pas moins d’un match-couperet. Cela dit, les cinq prochaines rencontres seront véritablement plus déterminantes, tel qu’en paraissent le classement et le calendrier de la Super League. Après un déplacement au Cornaredo samedi pour y affronter le FC Lugano, les hommes de Fabio Celestini défieront ensuite – dans l’ordre – Young Boys, Vaduz, Grasshopper et Thoune. Autant d’adversaires directs dont il conviendra de prendre la mesure. Autrement dit, il est temps de relancer la machine: « Il nous faut continuer à travailler car c’est maintenant que nous allons disputer les matches les plus importants de la saison – débute Olivier Custodio avant de poursuivre – Nous n’avons pas perdu confiance. À Bâle, nous avions prouvé que nous n’avions pas peur de jouer, tout comme cet après-midi. Mais il nous manque le déclic, un peu plus de réussite peut-être. » De son côté, en revanche, le FC Sion se prépare pour un tout autre rendez-vous, son quart de finale de Coupe de Suisse le 2 mars prochain face au SC Kriens au Stade de Tourbillon. Un événement important pour l’ensemble de la communauté valaisanne à la poursuite de leur quatorzième triomphe en coupe. « Nous sommes sur une bonne dynamique, surtout pour cette semaine très importante pour le club – débute Zeidler avant de conclure – Nous préparerons ce match très difficile face à Kriens – qui est une équipe de niveau Chellenge League, ne l’oublions pas – avec beaucoup de sérénité. Sans doute, l’analyse et le travail qui suivront le match face à Lausanne nous permettront de durcir notre jeu. »

Les faits de match
FC Lausanne-Sport v. FC Sion, 0-1 (0-1)

Composition du FC Lausanne-Sport:
Thomas Castella, Jérémy Manière, Benjamin Kololli, Musa Araz (54e Alexandre Pasche), Kwang-Ryong Pak, Samuele Campo, Nicolas Gétaz, Olivier Custodio ©, Andrea Maccoppi (75e Xavier Margairaz), Nassim Ben Khalifa et Taye Taiwo (60e Gabriel Torres).

Composition du FC Sion:
Anton Mitryushkin, Veroljub Salatic © (45e Geoffrey Mujangi Bia), Carlitos (59e Paulo Ricardo), Grégory Karlen, Chadrac Akolo (85e Daniel Follonier), Moussa Konaté, Jagne Pa Modou, Elsad Zverotic/57e, Birama Ndoye, Nicolas Lüchinger et Joaquim Adao.

Buts: 43e Akolo (0-1).

Notes:
57e Carton rouge à Elsad Zverotic. 
Lausanne-Sport sans Paolo Frascatore, Francesco Margiotta, Yeltsin Tejeda (blessés), Kevin Méndez, Marcus Diniz, Juan Esnaider et Xavier Thomas (non convoqués). Sion sans Reto Ziegler (suspendu), Ivan Lurati, Freddy Mveng (blessés), Kévin Constant et Jérémy Taravel (non convoqués).