Qu’est-ce que le mentalisme ? C’est à cette question que répond, avec ses propres mots, Gabriel Tornay. Le comédien fait découvrir au public romand ses spectacles de « magie ». Jusqu’à présent, c’était un créneau inoccupé sur la scène locale.
Entre mille et une définition, le mentalisme serait « un mélange de techniques puisées dans les sciences humaines et les arts magiques » selon l’autodidacte Gabriel Tornay. Patricien depuis dix ans, il a commencé à jouer des tours de magie à ses proches avant de se consacrer à deux spectacles. Cela en fait le premier Romand qui se consacre au mentalisme de spectacle, par distinction à un usage personnel du mentalisme pour « savoir être et savoir penser » comme le promeut le mentaliste médiatique Pascal de Clermont.
La mode du mentalisme débarque en Suisse romande
Phénomène qui interroge les scientifiques à la fois incapables de l’expliquer ou réfuter, le mentalisme est à la mode dans les salles de spectacles. Le grand public l’a découvert à travers la série policière The Mentalist tandis que les anglo-saxons ont installé le genre sur scène avec succès, à tel point que la télévision britannique y a consacré des émissions de divertissement. Derren Brown, le plus médiatique des mentalistes, a influencé beaucoup de nouveaux praticiens comme Gabriel Tornay. « C’était le premier mentaliste que j’ai vu et depuis son spectacle Enigma, j’ai eu le déclic ! Il est si polyvalent – entre mentalisme, hypnose, un sens du show, et une histoire pour le public – que cela m’a semblé être une suite logique de mon métier de comédien. » Néanmoins, cette forme de magie fascine mais effraye certains spectateurs, ce qui pose la question de sa déontologie. « En ce qui me concerne, je souhaite que les spectateurs qui montent sur scène se sentent à l’aise pour s’amuser et m’aider dans mon l’expérience que je leur propose », précise Tornay. Le Lausannois a écrit « des grands spectacles en petite formule », c’est-à-dire en mettant beaucoup de moyens techniques (éclairages, bruitages, écran plasma pour diffuser de la vidéo) qui s’installent facilement dans les petites salles romandes. De quoi donner de la gueule à de nombreux petits café-théâtres. Sur scène, avec beaucoup de techniques d’observations, d’induction et un peu d’hypnose, Tornay joue avec l’esprit d’un public consentant et conquis. Puisqu’il mélange le one man show, son premier amour, et le mentalisme, Gabriel Tornay est ravi. « Une directrice de théâtre m’a dit récemment que lorsque je proposais des one man shows, j’étais un parmi tant d’autres alors que maintenant, le mentalisme me différencie, raconte-il. Et puisque j’ai ajouté un peu d’humour dans mes spectacles, je fais tout ce que j’aime. »

Le second épisode subventionné
Avec deux spectacles qui tournent en alternance, Gabriel Tornay est un mentaliste qui a le vent en poupe. 104 représentations pour l’épisode un et plus d’une vingtaine pour l’épisode deux depuis septembre 2016. Un succès qui récompense ses efforts puisque le second épisode, longuement préparé entre 2014 et 2016 pour 85 000 francs, a séduit une fois de plus. Le mentaliste raconte le problème financier de tels spectacles : « Lorsque j’ai créé le premier, j’ai demandé des subventions à la ville de Lausanne, au canton de Vaud et à la Loterie romande vaudoise mais je n’ai rien obtenu. Comme toute mon équipe était motivée, on l’a quand même produit. En revanche, sur Neuchâtel [ndlr : où il a vécu et est propriétaire d’une compagnie théâtrale], j’ai réessayé de jouer la carte des subventions mais cette fois sur Neuchâtel et cela a parfaitement marché. La ville, le canton, la Loterie basée à Neuchâtel et la Banque Cantonale Neuchâteloise ont joué le jeu. Ces sommes ont couvert un tiers des coûts de production, c’était inespéré ! » Comme quoi, il fallait persister pour défendre la culture. Car comme souvent, les artistes peu médiatiques ne gagnent pas beaucoup sur des projets aussi coûteux. « Il faut dire que beaucoup d’amis m’ont aidé en acceptant de travailler pour la moitié du prix, poursuit-il, comme notamment Dimitri Anzules mon metteur en scène ou Nicolas Meyer le réalisateur des vidéos qui travaille comme cadreur à la RTS. Mais pour l’instant je n’ai pas gagné un franc sur le second épisode. » Il reste encore d’autres représentations pour ça, mais pour vivre d’ici là, Gabriel Tornay s’appuie sur son rôle de comédien dans la troupe des Meurtres & Mystères. Alors faudrait-il partir à Paris où le public s’arrache des billets ? « Je ne suis pas contre mais je n’ai plus l’âge de louer une chambre à Paris et de prendre le risque de me rétamer. […] Si je vais à Paris, ce ne serait pas en freelance mais accompagné de producteurs solides pour minimiser le risque financier. Parce que pour l’instant, je suis très heureux en Suisse ! » Tandis que l’épisode un est à retrouver ce vendredi 17 à L’Esprit Frappeur de Lutry, le mentaliste rêve déjà d’un troisième opus.
Prochaines représentations:
Gabriel Tornay est: le mentaliste (Épisode 1)
LUTRY • L'Esprit Frappeur
Vendredi 17 février 2017, 20h;
Le mentaliste se confie au hasard (Épisode 2)
SION • Théâtre Alizé
Du jeudi 23 au samedi 25 mars 2017, 19h;
TRAMELAN • Le CIP
Samedi 13 mai 2017, 20h.