Le Swiss Comedy Club fait sa rentrée

Jacques Bonvin a délecté le public du CPO à Ouchy de sa chanson « La Raclette ». [Archives / © Oreste Di Cristino]

Depuis le mois d’octobre et jusqu’à mai 2017, le Swiss Comedy Club & Friends reprend ses fonctions. C’est cependant au CPO d’Ouchy que le collectif d’humoristes se produit, depuis la fermeture de l’ancien Lido Comedy & Club de Lausanne. Nathanaël Rochat, Jessie Kobel, Christan Savary, Jacques Bonvin et Edem Labah étaient de la partie mercredi soir.

Les stars du rire Made in Switzerland se réunissent à nouveau pour vous, sur la scène du CPO cette fois. En alternance, ils présentent des sketches, chacun dans leur propre style, mais tous dans un seul et unique but : faire plaisir et se faire plaisir, et ce malgré la migration depuis le regretté Lido. Le Swiss Comedy Club fait donc sa rentrée cet automne, avec quelques nouveaux venus comme le magicien Tiziano qui a assuré la première partie de la soirée à la fois drôle et bluffante. Le public a visiblement été conquis par ce show qui aura duré presque deux heures. « Pour les spectateurs il y a à boire et à manger, puisque chacun a un humour différent. Il faut que les gens continuent de venir ! », explique Jacques Bonvin.

Un changement de lieu triste, mais pas dramatique

Il est certes dommage pour le public, les artistes et le staff du Lido d’avoir dû migrer dans le sud de Lausanne. La salle qui avait accueilli depuis 2010 le Swiss Comedy Club avait une renommée exceptionnelle, et avait ce quelque chose en plus que les autres n’ont pas. « On est contents d’avoir un lieu, mais c’est pas tout à fait la même chose, l’ambiance est un petit peu différente. Le Lido c’est magique, j’étais à Paris et les humoristes parlent encore du Lido. C’était un truc énorme. Ici c’est une sorte de renouveau, ça nous permet de tester des trucs, j’ai l’impression qu’on touche un autre public. », nous raconte Jacques Bonvin, qui se définit lui-même comme un nouvel humoriste mais un humoriste « vieux ». Le Valaisan n’a rien perdu de son humour, nous avons même eu droit à son tube « La Raclette » pour notre plus grand plaisir ! Il explique également qu’il est très heureux de reprendre les spectacles au CPO, car il est important de faire plein de dates pour ne pas perdre le fil. « La Suisse est tellement petite que je souffre de ne pas jouer assez. Comme je l’ai dit j’ai été à Paris, ce qui m’a permis de jouer tous les soirs. Il est clair que je dois adapter [mon sketch] quand je suis là-bas, par exemple quand je chante « La Raclette », je dois faire des apartés pour leur expliquer, mais mon accent est toujours là. J’ai rencontré Jamel qui m’a dit qu’il fallait que je vienne jouer, mais mon âge est un handicap énorme, on me regarde comme un zombie. »

Christian Savary, autre artiste phare du Swiss Comedy Club, a un avis moins tragique sur ce changement de salle : « Ça se passe très bien parce que le public suit. Je trouve le confort de la scène du CPO très agréable pour faire du stand-up. Le public, comme on l’a vu ce soir, est fabuleux. On fait tellement de scènes, certaines sont plus difficiles, ici on a un confort de jeu juste extraordinaire. Ça change pas grand-chose. Et moi du moment que tu me donnes un micro et une scène, j’ai toujours le même plaisir, que ce soit dans un bistrot ou une soirée privée. J’aime faire rire les gens, c’est ma vie. ». C’est avec une entorse à la cheville que le Genevois est monté sur scène mercredi soir. Christian Savary a un humour bien défaitiste et nous raconte les problèmes de la vie auxquels il a été confronté, de la séparation aux difficultés financières. L’autodérision est son style ; le public est réceptif aux mauvaises choses de la vie, à ses mauvaises passes : « C’est comme une thérapie, c’est vraiment exutoire, il y a des choses qui t’ont fait souffrir dans ta vie, puis là tu les balances sur scène et les gens rient. Et je ne sais pas faire autre chose en plus, je sais pas faire de la politique, faire monter les gens sur scène ou les attaquer c’est pas trop mon affaire. Je préfère m’attaquer moi-même. »

Le Swiss Comedy Club, comme une famille

La rentrée pour cette troupe d’humoristes marque aussi le retour sur scène d’une bande de potes, bien que les artistes n’aient pas cessé de jouer ensemble durant l’été. Les différences culturelles, générationnelles ou humoristiques de chacun offrent au public un spectacle diversifié et très drôle. C’est ce qui fait la force du Swiss Comedy Club et permet un enchaînement de sketches assez inattendu. « Il y a une ambiance bon enfant, on s’écoute, on se parle avant, on teste un peu nos vannes entre nous. Ça fait maintenant six ans qu’on se connaît, alors il n’y a pas que des amis dans ce métier, mais ici on a une vraie relation de troupe au Swiss Comedy Club. Et puis au niveau des générations, c’est génial ! La personne avec qui je travaille le plus, c’est Jessie ; il a 23 ans, j’en ai beaucoup plus. On s’est aperçu qu’on a les mêmes références comme Chaplin ou Gad Elmaleh, et quand on trouve quelqu’un comme ça, il y a une bonne cohésion dans l’écriture. », rajoute Christian Savary.

Il est en effet assez surprenant de voir une telle ambiance dans un groupe composé d’humoristes de 20 à 71 ans. Jacques Bonvin confirme : « On se torche la gueule après les spectacles bien entendu. Autrement, on est particulièrement jaloux de ceux qui ont du talent, tout le monde est jaloux de moi d’ailleurs (rires). Mais sinon on arrive toujours à se donner des conseils, et c’est très sympa parce que ça fait des années ! Jessie a par exemple commencé tout jeune, moi j’ai commencé tout vieux donc on est parfaitement à l’aise et on s’entend très bien. J’ai toujours passé pour le vieux croûton de l’équipe vu que j’ai commencé très tard l’humour. Et puis heureusement que M. Ivan Madonia (le gérant du SCC, ndlr) m’aime bien, ça me permet de jouer avec eux. » De plus, Nathanaël Rochat nous a confié, lors de son passage sur scène, qu’il faisait d’ailleurs exprès d’approuver les blagues de ses collègues même s’il les trouvait mauvaises, pour ensuite s’en moquer. C’est ce qu’il a notamment fait mercredi soir avec Jessie Kobel. Le Swiss Comedy Club a ainsi fait sa rentrée au CPO, et c’est toujours avec un grand sourire que le public quitte les lieux, comme après avoir pu rire avec ses propres amis. Les humoristes vous réservent encore deux dates cette année, le 26 novembre et le 7 décembre, avec toujours le même enthousiasme à la clé.