Les Helvètes ont joué carte sur table face aux Loups du Portugal malgré la défaite 10 à 28 samedi à Yverdon-les-Bains. « On a été capable de faire jeu égal pendant 60 minutes puis cela a basculé en notre défaveur faute de rythme trop élevé », analyse Olivier Nier, entraîneur du XV de l’Edelweiss. Retour sur une première rencontre encourageante des néo-promus dans le groupe 1B du Championnat Européen des Nations (Top 18 européen) où devant plus de 2 200 spectateurs, la Suisse a jaugé son niveau face au Portugal.
Samedi, à Yverdon, se jouait le second match de la Suisse depuis son titre de Champion d’Europe (catégorie 2A) en avril dernier. Les Helvètes, qui ont rencontré leurs nouveaux entraîneurs Olivier Nier et Éric Melville le 2 novembre lors d’une rencontre amicale contre Annecy, se sont réunis jeudi soir pour préparer leur première journée dans ce groupe européen 1B. Les entraînements jeudi, vendredi et samedi ont été cruciaux pour affronter l’adversaire avec un système de jeu un minimum organisé. Et, malgré le peu de temps qu’il a eu, le nouveau staff a fait des efforts pour travailler avec les joueurs ces dernières semaines. « Nous avons une plateforme en ligne pour échanger à distance, explique Olivier Nier. Les joueurs y déposent leurs vidéos de match avec leur club et nous donnons des retours. » Toute forme de préparation était bien nécessaire pour affronter le Portugal, qui redescendait de la poule européenne 1A et s’est montré ravageur dans son jeu de trois-quarts.
Le film du match
Sur un coup d’envoi de l’arrière Nuno Guedes, le Portugal a pris les devants en conservant le ballon puis une démonstration de vitesse prend de court la défense suisse pour un essai du pilier Francisco Bruno à la troisième minute immédiatement transformé par Guedes (0-7). Le Portugal frappe fort les esprits en début de match. Néanmoins, le reste de la mi-temps est bien moins séduisant pour le coach Martim Aguiar : « Après un très bon début, les garçons avaient l’air de trouver le match facile et ont enchaîné les fautes. » Indisciplinés et moins structurés à l’avant, le Portugal déjoue mais se montre très rapide et dangereux lorsque les trois-quarts ont le ballon en main. Les Helvètes, attendus par le public qui scande « Hopp Suisse », sont efficaces dans les rucks et les mêlées qu’ils dominent nettement. À la 8e minute, la Suisse obtient sa première pénalité sur une mêlée. Le demi de mêlée Simon Perrod la convertit et permet à la Suisse d’ouvrir son compteur (3-7). Dominateurs dans les rucks grâce aux deux premières lignes suisses, la troisième s’intercale même en premier rideau offensif dans la ligne de trois-quarts. En mêlée, la Nati carbure et sa combinaison du 89 sur le petit côté augurait un surnombre fatal contre le Portugal, mais avant cela Perrod a été plaqué par son vis-à-vis venu très rapidement à sa hauteur. La vitesse et l’impact à la percussion sont essentiels chez les Portugais. Seul bémol des Helvètes : deux lancers en touche perdus sur cinq, qui ont cassé leur rythme et permis aux Portugais d’exister un peu. Avec une pénalité de Guedes à la 33e minute, le Portugal mène 3 à 10 à la mi-temps.
Au retour des vestiaires, les Suisses occupent bien la partie de terrain des Portugais. Malgré une pénalité ratée à la 42e minute, ils commencent à dominer le match sur toutes les phases de jeu. À la 51e minute, le deuxième ligne Gonçalo Uva écope d’un carton jaune pour la pénalité de trop et doit sortir du terrain dix minutes. En choisissant une mêlée à cinq mètres de l’en-but portugais, la Nati promettait des points au public. C’est chose faite sur l’essai de pénalité accordé par l’arbitre à la 52e minute. Perrod transforme à nouveau et le score est de 10 à 10. La Suisse recolle au score et a encore du temps pour passer devant. Pourtant, trois minutes plus tard, le Portugal obtient une pénalité sur un hors-jeu et à la 62e minute, c’est un ballon non libéré des Suisses qui sera sanctionné. Guedes ne tremble pas et inscrit six points, tandis que Perrod rate une deuxième fois une pénalité. Les Portugais ne sont jamais sortis du match et ont su réagir après l’essai suisse pour mener 10 à 16 bien qu’ils soient en infériorité numérique. De retour à quinze contre quinze, ils remplacent plusieurs trois-quarts pour plus de fraîcheur physique et dominent la possession de balle dans les vingt dernières minutes. À la 66e et 71e minute, l’ailier Vasco Riberio et l’arrière Nuno Guedes profitent de beaux mouvements avec des dernières passes après contact pour aplatir (une transformation sur deux réussies par Guedes). Rien ne fonctionne en cette fin de match pour la Nati qui se fait même pénaliser en mêlée à la 69e minute, son principal atout. Le match se termine sur le score de 10 à 28 alors qu’un énième lancement de jeu gâché par un en-avant dans les 22 mètres suisses laissait présager du quatrième essai des Loups du Portugal.
Après la rencontre, le capitaine Cyril Lin a résumé la performance helvète avec lucidité : « On est déçu de la défaite car on a cru à l’exploit. On a bataillé avec nos armes avant d’exploser physiquement au bout de soixante minutes. Ils ont fait entrer des joueurs frais qui ont apporté beaucoup plus de vitesse qu’il n’y en avait. Le sentiment que j’ai est de la fierté de n’avoir rien lâché, d’être revenu au score et d’y avoir cru jusqu’au bout. »
« On a été capable de faire jeu égal pendant 60 minutes puis cela bascule faute de rythme trop élevé. Il faut continuer à travailler pour tenir 80 minutes. »
Olivier Nier
Séduit par les deux équipes, l’entraîneur des Helvètes Olivier Nier salue la performance de l’équipe nationale : « Aujourd’hui, il s’agissait du Portugal dont le point fort est le jeu de trois-quarts et qui avait, il y a peu, une équipe de rugby à 7 toute proche d’une qualification aux Jeux Olympiques. Sur le rapport de force, nous avons au moins imposé nos points forts sur leurs points faibles. » De plus, l’ambiance était festive pour ce match international. « C’est très sympa de voir tout ce monde et nous avons été accueilli avec une chaleur formidable par le club d’Yverdon », a ajouté Nier. En effet, les tribunes étaient presque pleines et l’affluence avoisine celle de Suisse – Malte à Zurich le 9 avril dernier. « Aujourd’hui, nous avons accueilli 2047 spectateurs sans compter environ 200 invités, explique Hendrin Adil, vice-Président du RC Yverdon et membre du comité d’organisation. C’est satisfaisant pour le comité qui attendait à peu près ce nombre. » Le club et la commune d’Yverdon se sont chargés de trouver des sponsors et d’adapter le terrain pour le rugby en installant des poteaux, un travail qui a été coordonné par Michel Maillard selon M. Adil. « Il y a eu plus de Romands mais tout de même beaucoup de Suisses allemands qu’on a entendu chanter, ajoute-t-il. Ils ont une culture du soutien qui est peut-être différente de celle des Romands. Leurs clubs sont très solidaires et quand la Nati joue, ils viennent plus facilement en terre romande que nous en Suisse alémanique. »
Le bilan de la journée a globalement plu à la Fédération qui attendait beaucoup de ce début dans le groupe 1B. Le Directeur Technique National M. Dupoux a le sourire lorsque l’on évoque la performance de l’équipe : « Dans cette poule, nous avions une incertitude sur notre niveau, car nous n’avions jamais rencontré certaines de ces équipes et ne pouvions pas nous situer. Cet après-midi, on s’aperçoit que notre équipe n’est pas ridicule. » En effet, la dernière rencontre entre le Portugal et la Suisse a eu lieu à Lisbonne… en 1993. À l’époque, la Suisse avait perdu un match de qualification pour la Coupe du Monde 1995. Pour son prochain match contre la Moldavie, comment l’équipe va-t-elle se préparer ? « Les joueurs retournent demain chez eux, répond M. Dupoux. Nous donnons des indications pour une bonne récupération physique et nous nous retrouvons à nouveau jeudi soir pour s’entraîner jusqu’à samedi pour le match contre la Moldavie. » Le rendez-vous est pris : samedi 26 novembre au Stade municipal d’Yverdon-les-Bains une fois de plus.
LES FAITS DE MATCH Suisse : essai de pénalité : 52e ; transformation : Perrod 52e, pénalité : Perrod 8e. Portugal : essais : Bruno 3e, Ribeiro 66e, Guedes 71e ; transformations : Guedes 3e et 71e ; pénalités : Guedes 33e, 55e, 62e.