Aladdin envoûtera Moudon en comédie musicale

Les enfants de la comédie musicale « Aladdin en les 1001 nuits » qui seront accompagnées par quatre comédiens professionnels. Crédit photo libre.

Pour voyager en Orient les yeux dans les étoiles, cinq représentations de la comédie musicale « Aladdin et les 1 001 nuits » de l’école Perakis Roehrich ont lieu les 25, 26 et 27 novembre au cirque Helvetia de Moudon. Une soixantaine d’enfants et adolescents de l’école monteront sur scène, épaulés par quatre comédiens de métier pour les rôles principaux. À une semaine de la première, la directrice de l’école et directrice artistique du spectacle Ursula Perakis Roehrich et son associé Frédéric Joye (metteur en scène) dévoilent leur passion des comédies musicales, peu produites en Suisse.

Comment est née l’idée d’un spectacle de comédie musicale qui s’associe au cirque Helvetia ?

Ursula Perakis Roehrich: C’est parce que nous siégeons tous les deux, l’école de danse et comédie musicale et le cirque Helvetia, à Moudon. Nous avions déjà organisé des spectacles dans le cirque et cette fois nous voulions créer une comédie musicale. Nous avons également une arrière-pensée : que Julien Maillard, le directeur du cirque, propose de transformer le chapiteau actuel en « cirque-théâtre » : un petit Palexpo avec des concerts, comédies musicales et expositions si nos intentions vont jusqu’au bout.

Vous préparez des comédies musicales depuis plus de 20 ans (ndlr, à Ursula Perakis Roehrich). Cette fois, qu’a motivé le choix d’Aladdin ?

UPR: En effet, j’ai créé beaucoup de comédies musicales. Néanmoins, je n’ai pas traité le sujet de l’Orient. En pensant à la thématique du voyage, Aladdin est venu à l’esprit. Ensuite, Frédéric Joye et moi-même avons été séduits par la musique, les décors et costumes spécifiques au monde oriental.

Frédéric Joye: Il y a également une réflexion sur une culture, magnifique, que nous, Suisses, découvrons. Il s’agit d’un Bagdad historique (Madinat-as-Salam en arabe) en 762. C’était une ville fortifiée, construite en quatre ans par des milliers d’esclaves et d’une richesse culturelle fabuleuse. Aujourd’hui, l’image de Bagdad que nous avons est plutôt celle d’une ville meurtrie par les guerres.

La directrice de l'école Ursula Perakis Roehrich | Crédit photo libre.
La directrice de l’école Ursula Perakis Roehrich | Crédit photo libre.

Certains artifices du cirque seront également inclus dans cette nouvelle comédie musicale ?

UPR: Il n’y a pas de numéro de cirque, sauf du jonglage. C’est une comédie musicale dont le principal paramètre est l’histoire. Ensuite, nous avons choisi des rôles et des lieux, des atmosphères de marché, d’Ali Baba.

Qui sont les quatre comédiens professionnels qui tiendront les rôles d’Aladdin, Jasmine, Jafar et le génie de la lampe ?

UPR: Joël Ingargiola, Faustine Jenny, Fabrice Pasche et Noam Perakis, mon fils. Ce sont des comédiens de la Compagnie Broadway (ndlr, dirigée par Noam Perakis et Céline Rey), que je connais de longue date car ils sont passés par l’école que je dirige avant de suivre des formations professionnelles comme beaucoup de nos anciens élèves. Quand nous avons des projets, nous n’hésitons pas à faire appel à eux qui sont des comédiens professionnels.

Est-ce un spectacle destiné aux enfants et aux nostalgiques bercés par les films de Disney ?

UPR: Personnellement, je ne le destine pas qu’à eux. J’ai souhaité concevoir le spectacle pour un public large, dont des spectateurs qui ne viennent pas forcément avec des enfants.

À combien se chiffre le budget pour « Aladdin et les 1 001 nuits » ?

UPR: Environ 80 000 francs. Une des dépenses importantes est l’addition technique (son et éclairage) qui est autant indispensable dans cette arène du cirque que nous en théâtre. Par ailleurs, en fonction du nombre d’heures que l’on investit nous ne percevons que des petites rémunérations et nous sommes aidés par beaucoup de bénévoles. Sans eux, la situation financière n’est pas tenable.

Les autorités publiques et les entreprises sont-elles de bons soutiens financiers ?

UPR: Beaucoup de villes ne peuvent pas réellement nous aider. À Moudon (ndlr, où a lieu « Aladdin et les 1 001 nuits ») la commune nous finance tout de même dans la mesure de ses moyens. Malheureusement, dans la région romande nous ne sommes pas très bien soutenus par toutes les institutions. Par exemple, la Loterie romande est souvent d’accord de nous sponsoriser, mais les montants ne sont pas souvent limités pour réaliser de grands projets. Alors qui peut assurer une tournée ? Aujourd’hui, la recherche de fonds est très difficile pour des projets uniques ou des tournées. Comme chez nos voisins Français, nous ne sommes pas un peuple très séduit par les comédies musicales. À Londres, c’est bien plus développé et le public en raffole.

Aladdin mis en scène à Moudon. Une comédie musicale proposée par l'école Perakis Roehrich et mis en scène par Frédéric Joye. Crédit photo libre.
Aladdin mis en scène à Moudon. Une comédie musicale proposée par l’école Perakis Roehrich et mis en scène par Frédéric Joye. Crédit photo libre.

Nous sommes à moins sept jours de la première d’« Aladdin et les 1 001 nuits ». La dernière semaine de préparation est-elle la plus importante ?

UPR: Ce qui est certain, c’est qu’il y a encore énormément de travail. Nous avons sept jours devant nous lors desquels nous travaillerons sans relâche – week-end inclus – pour coordonner encore beaucoup de performances. De plus, le cirque n’est pas aménagé pour la production d’une comédie musicale. Nous devons peaufiner les détails techniques importants que sont l’éclairage et le son.

FJ: Un vrai travail de création a déjà été fait – entre textes, chorégraphies et chants repris du film de Walt Disney – mais les répétitions servent à nous rendre compte des temps morts et à s’interroger sur la manière de captiver le spectateur, qu’il ne décroche pas. J’ai aussi le désir et le plaisir d’amener les acteurs à ressentir et voir leurs partenaires scéniques à travers les yeux de leur personnage. Découvrir les relations qu’ils ont les uns avec les autres pour comprendre les situations qu’ils vivent, tout en ayant une connaissance approfondie de l’œuvre. C’est un défi qui me motive.

Frédéric Joye, metteur en scène de « Aladdin et les 1001 nuits ». © Oreste Di Cristino
Frédéric Joye, metteur en scène de « Aladdin et les 1001 nuits ». © Oreste Di Cristino

Les enfants et adolescents sont-ils excités de l’approche des représentations ?

UPR: Ils sont impatients ! Les enfants s’épanouissent à travers ce genre de performances. Ils ne sont pas professionnels mais apprennent à jouer un rôle : que ce soit du jeu d’acteur, du chant ou de la danse. C’est un grand investissement en parallèle de leur cursus scolaire et nous savons par expérience qu’il y a toujours une bonne partie d’entre eux qui souhaiteront devenir professionnels dans une des disciplines que propose l’école. Il y a une nette majorité de filles, à 90%, mais heureusement nous avons quelques garçons ! C’est également un petit bonheur pour eux de partager leur travail avec le public.

Les comédies musicales sont-elles exclusivement conçues grâce à l’influence du cinéma ?

FJ: C’est souvent le cas mais ce n’est pas systématique. À New-York, l’Off-Broadway propose des comédies musicales de type expérimentales, issues de livres et moins accessibles au grand public. Par exemple, « L’Éveil du printemps » (ndlr, Spring Awakening en version originale) est d’abord une pièce de théâtre ensuite adaptée en comédie musicale. Chacun peut proposer sa propre création, mais toute production est rapidement très coûteuse et la composition musicale est très difficile. Avec la Compagnie Broadway, nous avons de belles productions bien que nos moyens sont beaucoup plus limités qu’ailleurs. À l’étranger, une comédie musicale à succès peut coûter des centaines de milliers de francs, voire des millions pour tourner six mois, une année ou dix ans dans les meilleurs cas. Par exemple, Chicago tourne depuis plus de quinze ans aux États-Unis.  De plus, les productions étrangères bloquent trois ou quatre semaines un lieu le temps de l’aménager pour le spectacle or ce n’est pas toujours possible en Suisse romande. Il est passablement compliqué d’organiser une tournée de seulement quelques dates. Nous avons tout de même le théâtre Barnabé de Servion, très méritant, car il s’engage avec nous dans la production de comédies musicales. C’est rare en Suisse romande.

UPR: La grande question est la suivante : qui compose la musique ? Celle de Grease et de Mamma Mia ont plu à plusieurs générations et sont la clé du succès. C’est la musique qui est la base de la comédie musicale.