C’est bel et bien le meilleur début de campagne européenne de son histoire pour l’équipe de Suisse. Voir notre galerie photo. Un sans-faute (douze points en quatre rencontres) qui permet à la Nati de partir au repos serein. Face aux îles Féroé et dans une Swissporarena comble (14’800 spectateurs), les hommes de Vladimir Petkovic ont assuré le service minimum grâce à des réalisations d’Eren Derdiyok (27e) et Stephan Lichtsteiner (84e).
Il a fallu un peu de mise en route avant que la Suisse ne prenne réellement le pas sur les Féroé. Du moins sur le jeu, même s’il aura fallu attendre la fin de match pour que la Nati ne se mette véritablement à l’abri grâce à une tête piquée de Lichtsteiner (84e). À Lucerne, on l’attendait : des Féroé en alerte, défensivement présents et offensivement rapides. Tout y était. Gilli Sørensen domine son couloir gauche, feint et court vite mais pas assez pour se porter dangereux du côté de Yann Sommer. Dans ces situations, la solution était alors de faire preuve de grande compacité, tant sur le plan offensif que défensif. C’est pourquoi, d’emblée, Vladimir Petkovic demande à Fabian Schär de maintenir position dans l’axe où le ballon peine à circuler du front opposé. Et ce, grâce notamment aux très bons mouvements de Valon Behrami et Granit Xhaka, qui fêtaient ensemble leur cinquantième cape avec la Nati. Positionné en dernier recours de la défense, le premier s’est montré impressionnant de solidité quand, devant lui – pourtant censés jouer sur la même ligne – le second délivrait de grandes passes aux latéraux. Dans une organisation décomposée – mais pour le moins très compacte – l’équipe de Suisse a alors livré une première mi-temps de très bonne facture, mettant à plusieurs reprises, la défense opposée à très rude épreuve. C’est bien ce que Vladimir Petkovic relève dès le début de sa conférence de presse : « L’équipe adverse jouait avec des ballons rapides et toujours tournés vers l’avant. Mais notre défense a toujours été bien placée. Dans la première mi-temps, nous pouvions inscrire trois, voire quatre buts. Nous nous sommes procurés de nombreuses occasions et parfois la malchance nous a empêché de les concrétiser. Mais parfois, nous nous sommes donnés à leur jeu. Nous devons donc être dans la mesure d’intensifier la pression et marquer plus de buts. » Dès la neuvième minute, c’est sur un coup-franc excentré de Ricardo Rodriguez qu’Eren Derdiyok – parti titulaire – assène un premier coup de tête qui passe de peu à côté du montant. Et une minute plus tard, c’est Lichtsteiner qui trouve le portier féringien, Gunnar Nielsen, sur sa route. Il n’y a rien à dire ; la Suisse domine les débats et c’est tant mieux. Le rythme s’accélère et les occasions se succèdent pour les Suisses qui n’ont pas tardé à ouvrir le score sur une invention de Behrami qui a parfaitement servi Derdiyok dans la profondeur. Après que la barre transversale s’est vue trembler par deux fois, d’abord sur un coup de casque de Derdiyok (20e), puis par Stocker (25e), l’attaquant de Galatasaray – titulaire à la place de Haris Seferovic –, est finalement parvenu à tromper Nielsen en duel d’une frappe raz-terre (27e). Avant la pause, la Suisse a trouvé de nouvelles opportunités avec Djourou (30e), Rodriguez (41e), puis à nouveau Derdiyok sur un retourné non-acrobatique à la 42e minute. Acteur incontesté de la rencontre – avec deux autres grandes occasions en fin de deuxième mi-temps (76e et 81e) – nul doute que Derdiyok a plu dans un rôle qu’il peaufine chaque semaine en Turquie. Une sensibilité face au but et un potentiel aérien ; autant de signaux positifs pour Vladimir Petkovic et l’équipe nationale qui pourront sans doute bénéficier d’une concurrence bénéfique à la pointe de l’attaque.
Rester patients pour éviter les mauvaises surprises
Peu avant le retour aux vestiaires (44e), Sølvi Vatnhamar aurait pu remettre les deux équipes à égalité si son tir des vingt mètres avait été mieux cadré. Pêché seul à l’entrée de la surface de réparation, le numéro 10 féringien n’a manqué que d’une meilleure précision pour tromper Sommer, immobile, qui n’a pu que regarder le ballon sortir des limites du terrain. Un épisode somme toute anodin mais qui témoigne d’une Suisse toujours en proie à de dangereux “accidents”. « Nous avons manqué de réussite. Et dans des situations comme celles-ci, le plus important est de ne pas s’affoler », avoue Johan Djourou en fin de match, sans doute un peu frustré de ne pas être parvenus à clore les débats plus tôt face à une équipe de calibre plus inférieur. Et même si les Féroé – emmenés par le charisme tactique et volatile de l’ancien défenseur du FC Bâle Lars Olsen (1994-1995) – n’ont pas réellement mis en difficulté les hommes de Vladimir Petkovic, il en reste que l’équipe de Suisse n’a pas fait preuve d’une parfaite constance ; qualité qui semble lui faire défaut lors de matches à sa propre portée. « On aurait voulu marquer deux ou trois buts de plus mais je pense que le plus important est de ne pas en avoir concédé – débute Djourou avant de poursuivre – L’objectif était certes de prendre les trois points et, si possible, avec la manière. On le voit encore ce soir, et après Andorre, aucun match n’est facile mais l’équipe de Suisse saura certainement faire la différence dans des matches plus compliqués. Nous avons eu des phases plus intéressantes, d’autres plus difficiles mais nous avons su rester patients. » Miser sur le rythme, c’était pourtant l’un des maître-mots de Vladimir Petkovic lors du camp d’entraînement tenu toute la semaine à Lugano. Et c’est précisément, ce qui a manqué dans le second acte à Lucerne : « Nous avons eu plus de difficulté à trouver un rythme en seconde période – débute le sélectionneur avant de poursuivre – Le 2-0 s’est à nouveau révélé être un soulagement, ce qui nous a finalement permis de terminer le match de manière apaisée et avec plus de sécurité. Cela va très bien quand on affronte des adversaires de plus faible gabarit. Mais nous savons que nous pouvons être plus constants, plus concentrés et donc plus décisifs face à des adversaires plus solides. Ce n’est pas toujours facile de jouer au haut niveau mais l’équipe a fait de très bons résultats et nous nous sommes beaucoup améliorés. » Cela suffit pour l’instant ; l’hiver passera, après quoi il faudra déjà songer aux prochaines échéances. Johan Djourou n’a pas manqué de rappeler que le chemin est encore sinueux et passablement long : « Il faudra s’attendre à une résistance accrue aux îles Féroé et il faudra prendre tous les matches restants au sérieux, rester dans notre philosophie de jeu et essayer de faire la différence le plus tôt possible. Nous prendrons les matches un par un et remporter les points un par un. » Et le Genevois d’ajouter : « Il faudra être prêts déjà pour le prochain match à Genève face à Lettonie car c’est une équipe qui peut surprendre et si nous ne sommes pas concentrés à 100%, le risque de prendre un but est élevé. »
« Poursuivre la progression qui est la nôtre dans les domaines technique, physique et mental »
Vladimir Petkovic était heureux en début de semaine ; il reste comblé ce dimanche soir. Même après son autocritique de la veille, lors de laquelle il appelait son équipe à hausser son niveau de jeu – spécialement après le coup de chaud à Andorre-La-Vieille – le sélectionneur de la nationale souhaitait avant tout ne pas gâcher ce très beau début de campagne de qualification pour le Mondial 2018 en Russie. Avec une victoire – sobre – 2-0 face aux Féroé, l’exercice principal était bien atteint : « Je félicite l’entière équipe pour la prestation fournie. Tout ce que nous sommes en train de vivre jusqu’ici est amplement mérité. Je suis très content de la manière avec laquelle nous avons travaillé jusqu’à présent », précisait Petkovic en conférence de presse de fin de match. Et même au-delà d’un collectif qui laisse beaucoup de place à la jeunesse – en témoignent les premières minutes d’Edimilson Fernandes avec le maillot de équipe de Suisse – l’entraîneur sera sans doute également fier de nombreuses de ses individualités. À commencer par Valentin Stocker, qui n’a retrouvé que très récemment la nationale ; à Budapest, où il avait inscrit le but décisif de la victoire 3-2 face à la Hongrie. Travailleur assidu, Stocker a, par ailleurs, apporté beaucoup de fluidité dans le jeu offensif de son équipe à la Swissporarena. Remplaçant de Xherdan Shaqiri et Breel Embolo, blessés, le joueur de l’Hertha Berlin a joui d’une entente parfaite au sein d’un quatuor d’attaque dynamique, au sein duquel a également brillé Admir Mehmedi, laquelle présence en équipe nationale ne fait plus l’ombre d’un doute, tout comme Granit Xhaka. En revanche, l’un des seuls joueurs – avec Blerim Dzemaili, souvent oublié dans le dos de Derdiyok – à avoir rendu une copie plutôt mitigée sur le plan physique est Fabian Schär. Même s’il n’a pas été particulièrement mis sous pression par l’avant-garde féringienne, l’on notera ses quelques moments de distraction qui auraient pu astreindre son équipe à des situations sensiblement plus délicates. Néanmoins, malgré son temps de jeu réduit à Hoffenheim, nul doute que Petkovic lui alloue encore toute sa confiance.
Les réactions en fin de rencontre
« Tout s’est bien passé. J’avais un peu de pression avant d’entrer au début mais une fois sur le terrain, je me suis rapidement mis dans le match. Je me sens récompensé de mes efforts. À 20 ans, j’espère encore m’améliorer pour évoluer dans cette lignée », avoue Edimilson Fernandes qui a joué ses premières 20 minutes avec le maillot de l’équipe de Suisse. Sur sa position sur le terrain : « Au début, c’est un poste qui ne me convenait pas énormément mais je m’y suis habitué. Quitte à jouer sur un côté je préfère tout de même le gauche ». Manque de chance, Petkovic l’a aligné à droite, ce qui ne l’a pas empêché de tenter sa chance au but sur une reprise d’un tir de Mehmedi sur le poteau (79e). Sa reprise a toutefois été déviée par un défenseur féringien : « Dommage qu’il ait fermé les jambes au bon moment », plaisante-t-il en zone mixte. Aussi, de manière générale, pour son cousin Gelson, son entrée est le signe fort d’une équipe nationale en plein éveil : « Le groupe vit bien avec des jeunes qui sont bien intégrés. » conclut-il à la Swissporarena de Lucerne.
Pour Eren Derdiyok, en revanche, le discours est plus pragmatique : « Je pense qu’il y a certains matches qui ne sont pas faciles à jouer. Beaucoup peut-être s’attendaient que l’on gagne 5-0 ou 6-0, mais ça n’a pas été le cas et de nos jours, ce n’est plus vraiment possible. Le 2-0 nous a libérés et je suis content du résultat. » L’avant-centre de Galatasaray est aussi revenu sur son but à Lucerne : « Le passage [de Behrami] était splendide. Je m’attendais à un passage de ce genre de sa part car il a l’habitude de les faire. » Et sur Haris Seferovic ? « Il respecte mon jeu et je respecte le sien ; cela participe à la très bonne santé du collectif sur mais aussi en dehors du terrain. » Prochaine échéance, le 25 mars 2017 au Stade de Genève face à la Lettonie.
Les faits de match: Suisse v îles Féroé, 2-0 (1-0) Composition de l’équipe de Suisse : Yann Sommer, Stephan Lichtsteiner ©, Johan Djourou, Fabian Schär, Ricardo Rodriguez, Valon Behrami, Granit Xhaka, Valentin Stocker (69e Edimilson Fernandes), Blerim Dzemaili (81e Renato Steffen), Admir Mehmedi et Eren Derdiyok (86e Haris Seferovic). Entraîneur: Vladimir Petkovic. Composition de l’équipe des îles Féroé : Gunnar Nielsen, Jónas Tór Naes, Atli Gregersen ©, Ragnar Nattestad, Hallur Hansson, Fródi Benjaminsen (88e Odmar Faerø), Brandur Hendriksson, Gilli Sørensen (78e René Joensen), Sølvi Vatnhamar (82e Andreas Lave Olsen), Jóan Edmundsson et Bárdur Hansen. Entraîneur: Lars Olsen. Buts : 27e Derdiyok (1-0) ; 84e Lichtsteiner (2-0). Notes : Swissporarena, Lucerne. 14'800 spectateurs. Suisse sans Breel Embolo, Xherdan Shaqiri, Roman Bürki et Shani Tarashaj (blessés). Arbitre: Sébastien Delferière (BEL).