Hermance perd mais en ressort plus fort ?

Photo: Patrick Aimé

Pour la dernière journée de LNA (exception faite du match Avusy – Stade Lausanne le 3 décembre) avant une trêve jusqu’au 4 mars, les Pirates de Nyon se sont offerts une belle victoire face aux Dragons d’Hermance. Les entraîneurs de chaque équipe retiennent une bonne performance de part et d’autre malgré un score de 45 à 10.

Samedi à Colovray, le temps était radieux pour deux matchs de rugby et se faire plaisir malgré un terrain un peu gras. À 13h, Nyon II l’emporte 22 à 0 contre Hermance II et se maintient ex-æquo avec le LUC II en tête du championnat d’Excellence A. La sortie sur civière de l’hermançois Kévin Lhermet en fin de match, sous les applaudissements, était des plus inquiétantes jusqu’à l’attente de nouvelles. « Il a eu un K.O. sur plaquage, confie en fin d’après-midi Jean-Baptiste Casta, Président du HRRC. Il a passé une radio et a priori tout va bien. » À quinze heures, commençait alors le match de LNA arbitré par Yann Benoit.

Le film du match

Sans avoir une minute à perdre, le demi d’ouverture nyonnais Alexander Broeksmit aplatit sur la première action. Moins de cinq minutes plus tard, l’hermançois Francis Gangath-Samba passe en force une défense nyonnaise mal replacée. Tout retardataire était alors privé d’un début de match sans répit. S’enlisant peu à peu dans des phases de jeu stériles, les deux équipes cassaient un peu le rythme du match. Pendant un quart d’heure, des ballons perdus sur des lancers en touche ou des en-avants montraient de la nervosité. Une perte de concentration vite oubliée par d’autres essais des Pirates : Théodore Renard, le demi de mêlée qui sprinte et aplatit au bord de la ligne de touche tel un ailier puis Kévin Raufaste qui intercepte un en-avant assez bête de Dylan Kadic dans ses 22 mètres et score. « On prend des essais casquettes, il y a quinze, vingt points qu’on leur donne, notera Jean-Baptiste Casta en fin de match. » Sur un score de 15 à 5, puis 15 à 10 et 20 à 10 à la mi-temps, Hermance est dominé au score mais loin d’être hors du match. À la reprise, la fatigue des Dragons et le peu de remplaçants disponibles (seuls dix-huit joueurs étaient sur la feuille de match) font cruellement défaut dans la construction du jeu. Les Pirates ont pris le match à leur compte grâce à leur habileté sur leurs ballons, inscrivant cinq essais consécutifs. La mêlée a notamment fait la différence à l’heure de jeu, sur un essai de Cyril Lin après un travail collectif de poussée sur quinze mètres. Tout un symbole de la domination du pack nyonnais – au grand plaisir de l’entraîneur John Etheridge – sur ceux de Dragons bien essoufflés. « La mêlée était un peu limite, ajoute M. Casta. Face à une équipe comme Nyon, ça ne pardonne pas. » Sur neuf essais contre deux, Nyon gagne 45 à 10. Malgré un jeu très riche, on ne peut passer à côté de la mauvaise performance au pied du malheureux Maans Dye qui compte sept tentatives de transformations toutes ratées. Il a été nommé « Cagolin » du match par le capitaine Géraud d’Espinay St-Luc pour ses coups de pied. Un titre destiné à charrier un joueur en échec. Avec deux tirs à côté des poteaux, Liam Kavanagh n’a pas fait mieux.

Jean-Baptiste Casta reste optimiste pour les Dragons

Le Président des Dragons n’en veut pas à ses joueurs : « On avait la pression de bien faire et aujourd’hui on a fait un très beau match, avec du cœur et du courage. Le score ne reflète pas le match. Ce championnat de LNA c’est deux saisons en une avec cette trêve très longue. Ça doit nous permettre de nous régénérer et d’appréhender cette deuxième phase de saison en étant plus costaud. » Loin du meilleur niveau de ses meilleurs années (12 fois champion de LNA et 11 Coupe Suisse gagnées, le meilleur palmarès suisse), le club est aujourd’hui en reconstruction et sous-effectif. Il pointe à la sixième place de LNA, mais peut aussi vite grimper que descendre en position de relégable.

John Etheridge, sans mâcher ses mots

Dans le haut du classement, Nyon (29 points) est toujours deuxième à quatre points de Plan-les-Ouates (33 points) et six points devant le LUC (23 points). Néanmoins, les joueurs sont la vraie priorité de John Etheridge, coach nyonnais : « A priori, Plan-les-Ouates, le LUC et nous serons en tête en fin de saison. Ce qui m’importe le plus, c’est que mes joueurs viennent aux entraînements alors qu’ils ne le font pas tous durant la saison des matches, plus des absences en match pour aller voir leur maman. » Dans l’immédiat, il n’y aura d’ores et déjà pas d’entraînements faute d’une trêve imposée par la fermeture des terrains pour le rugby. « La prochaine fois que je vais mettre le pied sur le terrain de Colovray, c’est en février, alors que nous sommes le Nyon Rugby Club, champion de Suisse. » L’entraîneur nyonnais est déçu de reprendre la préparation du championnat si tard et ne voit pas de solution. « À Colovray, le terrain de rugby est fermé pour s’entraîner et le synthétique est plus risqué pour les blessures des joueurs. Il me faudrait trouver un gymnase dans le coin mais personne ne serait motivé. » L’un des problèmes pour lui, est que la saison est trop longue (de septembre à juillet) et mal organisée: « On a quatorze matchs dans la saison et on nous annonce les quarts de finale de la Coupe Suisse deux semaines avant que l’on joue. Je sais qu’il n’y a pas assez d’argent à la Fédération et je crois que le Directeur Technique National (ndlr, Sébastien Dupoux) ne fait pas un mauvais boulot dans l’ensemble, mais je ne l’ai vu que deux fois aux matchs de LNA. Il ne m’appelle pas pour savoir quels joueurs de Nyon sont en forme pour la sélection de l’équipe nationale. La communication est lamentable. La Fédération demande beaucoup aux clubs en licences, formation, formulaires et si on ne le fait pas on nous tombe dessus. Eux, par contre, font ce qu’ils veulent et ça m’emmerde un peu. »