De l’humour sans tabou et un jeu de scène très vivant sont au rendez-vous des Fifty Fifty animés par Alexandre Kominek et Charles Nouveau. Deux mercredis par mois à Genève et chaque vendredi à Paris, ils se produisent par plaisir et surtout pour s’essayer à de nouvelles blagues. En Romandie, cette formule à succès fait vibrer la petite scène du stand-up.
Au Bouffon de la Taverne (Genève), pour 50 places assises voire 70 en tout quand on est debout, ou au Sentier des Halles (Paris) avec une capacité d’une grosse centaine de places, Alexandre Kominek et Charles Nouveau s’amusent face à un jeune public qui vient grâce au bouche à oreille. Mercredi dernier, ils ont tous les deux conquis les spectateurs genevois. « La salle était complète et le public est venu pour rire, dit Alexandre Kominek. Il n’était pas observateur. Étant donné que nos univers sont sans tabous, c’est un résultat extraordinaire. » De quoi leur donner le sourire en fin de soirée. Dans le stand-up, chaque humoriste vient seul, micro à la main, pour raconter son quotidien et partager ses opinions avec des blagues. Au Fifty Fifty, ils s’essayent à de nouvelles galéjades – même celles en dessous de la ceinture. Pour garantir une bonne soirée au public, ils ont une méthode plutôt rusée: « On agence les nouveautés au milieu de nos classiques afin que quoiqu’il arrive on puisse récupérer le public derrière », explique Charles Nouveau. Finalement, il n’est pas étonnant de voir ce succès en salle puisqu’à seulement 26 ans, ils ont déjà du métier.
Des humoristes déjà bien expérimentés
D’abord tous les deux étudiants en création artistique et publicitaire – Charles à Leeds et Alexandre à Genève – ils se sont ensuite lancés dans l’humour une fois leur diplôme en poche. Cette fibre créative n’est pas en reste dans leur travail, tant ils doivent inventer des histoires burlesques et s’essayer au jeu d’acteur. Charles a écrit et joué pour 26 minutes la saison dernière, tient depuis la rentrée une chronique hebdomadaire chez Couleur 3 (Ambiance Feutrée où il allie ses compétences de chroniqueur et de dessinateur) et participe régulièrement aux Beaux Parleurs sur La Première. Quand à Alexandre, il est au stand-up en première partie de la Revue genevoise depuis début octobre et a écrit des chroniques pour Namasté, la matinale de Couleur 3. Il ne faut pas non plus oublier leurs sketchs très réussis avec Carac Attack aux côtés de Marina Rollman, Blaise Bersinger et Thomas Wiesel ainsi que leur web-série Bipèdes. Avec leurs compères, ils incarnent l’avenir de l’humour romand. Or, pour durer, ils doivent écrire un maximum pour diversifier toujours plus leur portfolio de blagues. « On planche beaucoup pour rendre à temps une chronique radio, explique Alexandre. Pour le stand-up, ce n’est pas pareil. Il faut s’inspirer des moments drôles de notre quotidien, par exemple ce qu’on remarque quand on est dans la rue ou en soirée. Cela se fait naturellement, dès qu’on a une intuition. Il ne faut pas hésiter à noter tout ce qui nous passe par la tête, sinon on perd immédiatement le début d’une blague. Pour ça, nos téléphones sont remplis de notes. »
Le plus trash, c’est Alexandre, dont on a dit au 12.45 qu’il était un peu « racaille », ce qui l’avait surpris sur le plateau. « Je pense qu’un mauvais terme a été utilisé, dit-il sans aucune rancœur. Je préfère me qualifier d’urbain dans la manière de m’exprimer ». Sur un registre un peu différent, Charles est plus cynique et légèrement décalé. Il aime aussi parler politique à la radio. « Parfois, cela me réussit pas trop mal. Je suis vraiment fier du service public car il parle de l’actualité suisse et internationale. Si je peux y apporter ma pierre, j’en suis très heureux. »
Le plaisir avant tout
S’ils jouent au Sentier des Halles depuis peu, ils multiplient depuis plus longtemps les aller-retours à Paris. Ils se sont déjà constitués un réseau et toute bonne performance à Paris les aidera à se faire inviter dans un Comedy Club et accroître leur notoriété auprès du public français. Charles, comme Marina Rollman et Thomas Wiesel avant lui, est justement passé cet été au Jamel Comedy Club. La scène parisienne ô combien dynamique est-elle une tentation qui ne se refuse pas ? « Pour l’instant, nous sommes simplement en conquête d’un public parisien avec le Fifty Fifty, dit Charles. Néanmoins, de semaine en semaine, il y a plus de monde. Cela ne m’a pas empêché d’avoir l’une de mes meilleures scènes un soir, avec seulement neuf personnes. […] J’ai discuté avec des humoristes qui ont fait des grandes salles. Ils disent que c’est un moment génial de voir 2 000 personnes rire à leur blague mais certains disent que c’est un peu plus impersonnel. Jouer avec un public plus petit, dont on est proche, c’est plus plaisant. » À ses yeux, jouer sur les petites scènes de Romandie est si agréable. Dernier exemple notable: les soirées Jokers auxquelles Charles a déjà participé deux fois. Il s’agit de matches d’humour en deux contre deux qui laissent place à beaucoup d’improvisation. « Cela nous sort de notre zone de confort, dit-il. Je n’avais jamais fait d’impro avant, or il y en a en bonne partie. Le public nous voit en difficulté et ça le fait rire. D’ailleurs, je me rends compte qu’en fait, c’est très marrant. Je me réjouis des prochaines soirées. » À Paris et en Suisse, ils profitent un maximum de la scène pour s’entraîner et travailler leurs spectacles respectifs (voir notre article sur le rodage de Charles Nouveau au Lido). On se réjouit déjà de les voir prêts pour 1h30 de rire sans aucun tabou.