Rugby Europe Sevens U18: la Suisse troisième du « Trophy »

Photo: Kamilla Kovács Photography

Le week­-end dernier, l’avenir du rugby suisse n’est pas venu faire de la figuration à Esztergom (Hongrie) puisqu’elle a terminée troisième sur les douze équipes du tournoi « Trophy ». De retour à Lausanne, Ismaël Meyer, entraîneur de l’équipe et Jérôme Goudet, Président de la Commission des Jeunes (14-18 ans) racontent leur satisfaction aux côtés de Sébastien Dupoux, le Directeur Technique National.

Dans quel état d’esprit s’est déroulée la préparation au tournoi ?

Ismaël Meyer: Avec une vraie volonté d’améliorer les capacités physiques de chacun. Les joueurs ont accepté de suivre un « contrat » : principalement de la course à pied mais aussi quelques conseils alimentaires très précieux pour avoir toutes les ressources nécessaires lorsque l’on veut faire du sport. La prise de quelques bonnes habitudes a permis à plusieurs joueurs de perdre sept ou huit kilos et d’augmenter leur VMA (ndlr: Vitesse Maximale Aérobie, une mesure de la vitesse maximale à laquelle un homme consomme le maximum d’oxygène) de 20% ! Ils se sont immédiatement sentis plus mobiles et mieux dans leur peau. C’est vraiment satisfaisant d’autant plus que ce travail s’est fait à distance car je ne pouvais les voir tous les jours. L’année prochaine, je souhaite ajouter un travail de musculation.

Il faut noter qu’en équipe nationale, on n’arrive pas à se préparer ensemble plusieurs semaines d’affilées. Nous avons pu tout de même réunir cinq fois une vingtaine de jeunes joueurs en moyenne sur trente inscrits en trois mois (ndlr : douze joueurs ont été sélectionnés et sont partis en Hongrie). Ils ont bien répondu présents lors des sélections ! Ils ont accepté le contrat et ont fait le job en s’entraînant avec nos conseils. Résultat : nous voilà troisièmes.

Sur le tournoi, le bilan de l’équipe est de quatre victoires, un match nul et une défaite. Hormis les résultats, que faut-il retenir de la prestation de ces jeunes joueurs ?

I.M. Tout d’abord que c’était une première pour les moins de 18 ans de l’équipe suisse donc on ne savait pas à quelle performance s’attendre. Pour l’instant bien sûr, c’est satisfaisant. L’objectif était d’aller le plus loin possible pour préparer le tournoi de l’an prochain.

Jérôme Goudet: Nous avons une équipe avec des joueurs dont la plupart ont moins de 17 ans et seront encore qualifiables pour le même tournoi en 2017. Nous allons pouvoir poursuivre le travail avec le même groupe sur les bases de ce qui a été fait cette année.

« La prise de quelques bonnes habitudes a permis à plusieurs joueurs de perdre sept ou huit kilos et d’augmenter leur VMA de 20% ! »
Ismaël Meyer

Dans la liste des sélectionnés, deux Suisses allemands ont été retenus contre dix Romands. La barrière linguistique a-t-elle posé problème ?

I.M. Non, car ils parlent correctement le français et l’anglais. Entre eux, les joueurs se sont compris en parlant la « langue du rugby ». De plus, je parle l’allemand.

J.G. : Il est intéressant de noter qu’à l’exception de quatre joueurs qui résident en Suisse depuis 36 mois, toute la sélection est purement suisse. Il y a eu une longue période en Suisse où le rugby était un sport d’expatrié. Désormais, les places ne sont plus uniquement pourvues par des jeunes des écoles internationales mais par des Suisses eux-mêmes. C’est, pour nous, important d’ancrer davantage le rugby comme un sport suisse et voir des clubs miser sur la formation.

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Photo: Kamilla Kovács Photography
Directeur Technique National de la Fédération Suisse de Rugby (FSR) depuis octobre 2014, Sébastien Dupoux est un travailleur détaché de la FFR. Sa mission est de développer le rugby en Suisse et de garantir l'excellence des performances. Auparavant, il a entraîné l'équipe de France de rugby à XV chez les moins de 18 ans et été conseiller technique de la FFR pendant 18 ans.

Une telle aventure sportive est une très bonne expérience pour des jeunes joueurs, aussi bien sportivement que pour leur futur métier si l’on se réfère au monde anglo-saxon qui valorise les expériences extra-professionnelles sur le CV des demandeurs d’emploi. À tout hasard, certains joueurs souhaitent-ils aller plus loin et devenir professionnels en tentant leur chance dans les centres de formations français ?

Sébastien Dupoux: Nous n’avons pas eu de retours de cette sorte ce week-end, néanmoins il y a déjà des exemples de joueurs partis en France. Par exemple, Jeremy Toa, un joueur suisse allemand qui a joué à sept et vient de Würenlos est maintenant au centre de formation d’Oyonnax (ndlr, club actuellement en Pro D2 et qui a évolué en Top 14 de 2013 à 2016). Pour l’instant, il a signé un contrat de pro-stagiaire, car il n’a que 20 ans et doit attendre ses 23 ans pour pouvoir signer de contrat professionnel et respecter la législation française.

Ce week-end, il y a eu un autre tournoi de rugby à sept pour les moins de 18 ans où ont évolué douze autres équipes européennes à Bucarest (Roumanie). Quelle est la hiérarchie entre ces deux tournois, respectivement nommés « Championship » et « Trophy » ?

S.D. Le « Championship » est un tournoi de division supérieure au « Trophy ». Il y a également une règle de promotion et relégation : le dernier du « Championship » descend tandis que le premier du « Trophy » grimpe. Cette année, la Moldavie est reléguée tandis que la Lituanie qui a terminé première de notre tournoi rejoint le « Championship ». Il est intéressant de noter que la France et l’Irlande jouent dans cette première division. Ce serait un moment inoubliable pour nos jeunes joueurs s’ils grimpent en division supérieure et puissent affronter des adversaires qui seront probablement amenés à devenir des rugbymen professionnels.

Matchs de poule (samedi 17 septembre)

Suisse 12 – 7 Danemark

Suisse 27 – 0 Hongrie

Suisse 26 – 26 Andorre

Phases finales (dimanche 18 septembre)

Suisse 28 – 19 Monaco (Quart de finale)

Suisse 0 – 26 Suède (Demi-finale)

Suisse 24 – 0 Lettonie (Match pour la 3e place)