Embolo-Rodriguez-Behrami-Fernandes en petit comité avant le dernier entraînement au Parc Saint-Jacques de Bâle. Quatre individualités qui pourraient figurer dans le onze de base de l’équipe de Suisse face au Portugal mardi soir. Qu’en sera-t-il réellement ? Décryptage à 24 heures du lancement de la campagne pour “Russie 2018”.
On prend les mêmes et on recommence. À Bâle, la tendance se concrétise toujours plus après une semaine d’entraînements intensifs à Feusisberg, Freienbach puis Jona, où le public schwytzois a dûment témoigné son attachement à une équipe nationale qui persévère et vise toujours plus haut. Et c’est bien cet état d’esprit que la Suisse devra démontrer (à nouveau) face au Portugal ce mardi soir au Parc Saint-Jacques. Sans Steve Von Bergen (retraite internationale), Denis Zakaria (engagé avec les M21 dans les qualifications à l’Euro 2017 en Pologne), Xherdan Shaqiri et Michael Lang (tous deux blessés), les hommes de Vladimir Petkovic savent qu’ils jouent gros pour leur première rencontre de leur campagne qualificative au prochain mondial russe de 2018. Aussi faudra-t-il se motiver, non comme à Dublin (défaite 1-0 face à l’Irlande) mais bien avec un esprit bien plus acerbe que jamais, comme la Nati a su en donner un aperçu en France. Et si Admir Mehmedi l’avançait, il y a encore quelques jours, la nécessité de prendre des points (et de gagner) a largement constitué le discours de Vladimir Petkovic, Stephan Lichtsteiner et Valon Behrami en conférence de presse lundi après-midi à Bâle. « Nous avons presque la même équipe qu’à l’Euro, avec relativement peu de blessés et plein de confiance », avance Stephan Lichtsteiner. « Je suis très content de la semaine passée avec l’équipe et nous donnerons le meilleur demain. Nous sortons d’un huitième de finale d’un Euro avec une campagne très positive mais nous voulons assurément plus », complète l’entraîneur Petkovic. Par là, c’est un effectif entier qui se reconnaît dans l’unique objectif que défend la Suisse lors de ces qualifications européennes pour la Coupe du Monde : la première place du groupe B, synonyme d’accès direct à la phase finale du mondial sans passer par la case barrages. Et à ce titre, Petkovic rassure : « Nous nous sommes stabilisés, nous avons eu le temps pour y parvenir. C’est pourquoi dès maintenant, nous restons concentrés sur notre jeu et sur le match face au Portugal ». Sera-t-il alors nécessaire d’éradiquer les dernières incertitudes concernant le onze qui sera aligné pour la première rencontre à enjeu après l’Euro. Du milieu de terrain à la pointe de l’attaque, autant préciser que la course à la titularisation est encore pleinement ouverte.
« Nous devrons rester compacts même sans Shaqiri »
C’est comme tel que se défend l’entraîneur de la Suisse. Aussi car la blessure de Xherdan Shaqiri apparaît capitale pour une nationale qui souffre encore de stabilité offensive. Mais depuis quelques jours et plusieurs séances d’entraînement intensives, une figure se témoigne de plus en plus incontournable sur le flanc droit. C’est vraisemblablement à Breel Embolo que Vladimir Petkovic devrait faire appel pour assurer la suppléance sur le couloir. Le jeune attaquant du Schalke 04, que l’on a retrouvé en compagnie de Ricardo Rodriguez et Valon Behrami lors de la dernière séance de préparation sur la pelouse du Parc Saint-Jacques – deux visages qui devraient constituer le onze de base face aux Portugal – semble bénéficier de la confiance de son entraîneur. Tout comme Stephan Lichtsteiner, récemment écarté du groupe retenu par la Juventus pour disputer la phase de poules de la Ligue des Champions. Pour le principal intéressé, la situation reste toutefois sereine : « Cela arrive. Cela fait plusieurs années que je joue et j’ai déjà beaucoup gagné. Il ne s’agit que d’un moment difficile à passer. J’espère simplement retrouver ma place en Serie A et en coupe. Mais pour ce qui nous intéresse aujourd’hui, je dois dire que nous avons passés dix jours d’entraînement à haut niveau et l’Euro nous a redonné pleinement confiance en nous », avoue-t-il. Il s’agit en outre, ce mardi soir, d’une belle occasion de tester la compatibilité du Turinois avec Embolo (« nous avons pleinement la place pour essayer », confirmait par ailleurs Vladimir Petkovic). Reste cependant à définir la physionomie d’un milieu de terrain (encore intégralement à composer) et d’un trio offensif (qu’il est encore nécessaire de compléter). Si Granit Xhaka semble se profiler dans l’axe, dans une position légèrement plus avancée qu’à l’Euro, le mystère reste encore entier sur le soutien offensif que serait susceptible d’endosser Blerim Djemaili en meneur de jeu. À 30 ans, l’attaquant prêté au Bologna, est très certainement en mesure (tout comme Valon Behrami) de disputer sa dernière Coupe du Monde mais n’en reste pas moins que la concurrence se fait rude avec la montée de Fabian Frei ou encore Luca Zuffi, sans oublier Gelson Fernandes. Mêmes interrogations sur la possible titularisation d’Admir Mehmedi sur le couloir gauche. Dans le prolongement de Rodriguez, le nouveau joueur du Bayer Leverkusen pourrait compléter le trio d’attaque avec Eren Derdiyok ou Haris Seferovic mais, ici aussi, réside une zone d’ombre tant sur le plan de la finition que sur la résistance physique que seraient susceptibles de retenir les deux avant-centres. Finalement, une seule ligne d’acquis ; avec Fabian Schär et Johan Djourou – sans oublier Yann Sommer, en incontestable leader – la défense semble être le point fort de cette équipe nationale encore en proie à l’inconstance. Néanmoins, il n’est pas fait montre d’incertitude de la part de Vladimir Petkovic, convaincu du potentiel de son effectif : « Nous avons eu une semaine très positive ces huit derniers jours avec les joueurs. Certains ont démontré plus de difficultés physiques mais je pense que chacun est parvenu à se libérer de ses contraintes sur le terrain et c’est un signal très positif. Cela devra compter demain. Nous devons démontrer que nous sommes sur la bonne voie », affirme-t-il. À ce titre, quelle que soit la composition de son équipe, la volonté et la motivation de cette Nati semblent être données. À cette Suisse de le démontrer.
Un première face aux champions d’Europe
Ce Portugal (même sans Cristiano Ronaldo, Renato Sanchez et André Gomes) vient à Bâle sous son frais titre de champion d’Europe. Et à ce titre, les choses ne sont plus pareilles. Et en conférence de presse, l’entraîneur Fernando Santos l’appuie : il n’est point besoin de spéculer l’absence des individualités, sinon de vanter le collectif. Avec Quaresma, Nani ou encore Eder, la nationale portugaise joue haut. « Le Portugal est une équipe très compacte qui sait jouer tactiquement et qui peut se présenter sous différents schémas – avance Vladimir Petkovic avant de poursuivre – Ils sont champions d’Europe grâce à un grand travail de groupe et cela, même sans Ronaldo ». À s’aventurer sur les lourdes absences, l’on finirait par oublier que celle du Madrilène n’a pas empêché le titre des Lusitaniens face à la France en finale de l’Euro. Toujours est-il que, pareillement à la Suisse, les Portugais manquent de clarté sur leur jeu au milieu de terrain, sinon également en attaque : « Cela nous importe que peu au final, le but étant d’imposer notre jeu quelque soit les conditions sur le terrain », se rassure l’entraîneur suisse. Aussi car les joueurs sauront faire valoir leur regain de confiance après l’échec en huitième de finale de l’Euro. « Ce qui s’est passé en France est dommage – débute Valon Behrami avant de conclure – Mais nous avons passé un formidable moment et le cœur et l’envie y étaient. Nous en avons beaucoup discuté entre nous et nous avons aussi beaucoup travaillé ensemble ». Le joueur de Watford a, à ce titre, également prolongé sa carrière internationale (après maintes réflexions) pour s’investir dans ce qui s’apparente à sa dernière compétition avec le maillot suisse.