Lea Sprunger est en passe de disputer une nouvelle édition de « son » meeting, la 41e d’Athletissima. Après un passage mitigé aux Jeux Olympiques de Rio de Janeiro, desquels elle a été éliminée pour son cinquième temps dans les séries, la Nyonnaise est prête à se ressaisir sur la piste du stade de la Pontaise jeudi soir. La spécialiste de l’heptathlon helvétique en a d’ailleurs offert un bel avant-goût en conférence de presse ce mercredi matin à Ouchy.
Lea Sprunger apparaît souriante en conférence de presse mercredi matin à quelques trente-cinq heures de son entrée sur piste au Stade de la Pontaise pour défendre son orgueil sur 400 mètres haies. Et l’on perçoit alors toute la détermination qui apparaît chez la jeune athlète de 26 ans. Elle qui a d’abord décroché la breloque de bronze aux championnat d’Europe à Amsterdam le 10 juillet dernier, elle encore qui a ensuite perdu pied sur le terre-plein de Rio de Janeiro. Mais rien n’y fait ; sous le joug de la compétition, Lea se veut défendre – avec majeure intensité – ses acquis sur 400 mètres haies, elle qui a couru pendant deux ans sur du 200 mètres plat (dont elle détient depuis cette année le record national à 22”38 secondes) : « Rio n’était qu’un couac, assure-t-elle avant de poursuivre, mais ma contre-performance ne remet absolument pas en cause mes ambitions sur 400 mètres haies, là où mon potentiel est actuellement le meilleur. J’ai bien sûr de l’aisance sur 200 mètres et maintenant aussi sur 400 mètres haies et ma troisième place à Amsterdam prouve bien que j’ai encore beaucoup à prouver sur cette distance ». Car oui, la discipline fait désormais aussi partie des prérequis de l’athlète vaudoise, issue du monde considérable de l’heptathlon. Qu’il en soit ainsi. À la Pontaise, à 21h25, c’est une Lea Sprunger déterminée qui prendra part à la course à obstacles car, depuis 2014, ses plans sur 400 mètres haies lui réussissent plutôt bien, avec un record personnel qui s’abaisse à 54”92 secondes. En outre, sur sa piste d’entraînement, Lea se targuera certainement de conditions optimales pour faire vibrer le public lausannois : « Je suis en Suisse depuis samedi [20 août] pour préparer le meeting d’Athletissima dans les meilleures conditions possibles. J’ai subi des Jeux Olympiques difficiles mais cela fait partie de la compétition. C’est pourquoi, j’espère corriger le tir à Lausanne », avoue-t-elle en conférence de presse mercredi. Favorite et ambassadrice du rendez-vous, c’est une Lea Sprunger requinquée de confiance qui se présentera devant sa large famille de fans : « Je souhaite tout corriger par rapport à Rio, où ma course n’était vraiment pas bonne. J’ai repris confiance en moi et en mes capacités et on verra comment cela se traduira jeudi ».
Entrevoir sereinement le post-Rio
« Les lendemains [de défaites] sont difficiles mais ils font partie du sport de haut niveau ». Pour Lea Sprunger, il est désormais temps de préparer la postérité des malheureux JO au Brésil : « Je me focalise rapidement sur de nouveaux objectifs, aussi parce qu’il faut recréer un plan pour arriver de nouveau en forme dans quatre ans (ndlr, au Jeux Olympiques de Tokyo en 2020) ». Voilà dans l’ADN de chaque athlète, les germes de la réussite : la persévérance, même dans l’échec, si toutefois il est question d’échec chez Lea… Il n’est pas à oublier les grands résultats obtenus par la Vaudoise en 2016, aussi bien en championnat d’Europe qu’au déclenchement du nouveau record suisse sur 200 mètres. Aussi, ces grandes performances ont pesé dans l’état de forme de la Suissesse à son arrivée à Rio : « Le rythme s’est beaucoup accéléré ces derniers temps avant les JO, qu’à mon arrivée (précoce) à Rio, dans un village des athlètes paisible, j’ai beaucoup relâché la pression », affirme-t-elle. Faut-il dire également que les fins de saison sont souvent plus périlleuses physiquement. Mais cela n’empêche Lea de maintenir un plan d’attaque arriviste à Lausanne jeudi soir : « Les jambes ne sont plus si fraîches qu’en début d’année. J’ai néanmoins l’ambition de partir vite d’entrée, cela devrait par conséquent rendre une fin de course plus compliquée ». Concurrencée par l’entier podium olympique de Rio (Dalilah Muhammad, Sara Slott Petersen et Ashley Spencer) à Athletissima dans une discipline à la complexité technique avérée, la Vaudoise se voudra prouver que Rio n’était – encore une fois – qu’un « couac ».

« Je ne suis qu’au tout début de mon potentiel »
Lea Sprunger le sait parfaitement bien : sa marge de progression sur les 400 mètres haies est encore grande. Elle qui s’est installée durablement – jusqu’à peu – sur 200 mètres plat et sur le relai 4×100 mètres, à l’image de sa grande sœur Ellen, également spécialiste de l’heptathlon. « Je ne suis qu’au tout début de mon potentiel, affirme la jeune Vaudoise de 26 ans avant de continuer, ce n’est que ma deuxième saison sur 400 mètres haies. L’objectif dans le futur est de progressivement réduire le nombre de pas sur les premiers 200 mètres de course. Si j’arrive à parcourir la distance en quelque quatorze ou quinze pas, je gagnerai à coup sûr une bonne seconde sur le chrono. Mais pour l’instant, ma deuxième jambe est encore trop faible pour parvenir à tel résultat ». C’est ainsi que les ambitions de Lea apparaissent toujours plus concrètement dans une discipline où les hiérarchies semblent être particulièrement plus changeantes que sur les distances à plat (100, 200 ou encore 400 mètres). Une possibilité pour la Suissesse de surprendre encore et toujours son égo sportif surdimensionné : « En effet, la discipline est très technique et par conséquent plus complexe que les 200 ou les 400 mètres plat, confirme l’athlète vaudoise en conférence de presse, on peut très vite et très facilement passer à côté. Je le constate volontiers puisque j’ai moi-même été alignée sur 200 mètres. Et je dois avouer que le 400 mètres haies est une course beaucoup plus compliquée à comprendre ». Un acharnement, couplé à un potentiel confirmé, qui peut l’emmener sur la voie – pourquoi pas – d’un nouveau record suisse, celui d’Anita Protti qui a parcouru les 400 mètres à obstacles en 54”25 secondes en 1991 à Tokyo. Soit 67 centièmes de moins que son propre record personnel réalisé à AtletiCAGenève. Ce qui signifie qu’à en perfectionner son apprentissage sur la discipline, Lea Sprunger pourrait bien se voir un jour défendre un nouvel exploit national, même si là… n’est pas le problème, ni même l’obsession. Parvenir à courir à nouveau en dessous des 55 secondes serait sans doute déjà pleinement suffisant pour satisfaire ses ambitions à Athletissima.