Athletissima offrira, comme à l’accoutumée, son lot de surprises et de compétition entre athlètes de haute renommée. C’est ainsi que le 41e meeting de Lausanne rendra une attention toute particulière pour ce qui sera pour beaucoup la première sortie post-Jeux Olympiques. Au scan à moins de 24 heures du début de la compétition, la fraîche épreuve des 1000 mètres et l’illustre saut à la perche.
Courir un kilomètre ? Où en sont les athlètes qui ont à peine atterri en provenance de Rio ? Où en sont l’Américain Matthew Centrowitz, le Djiboutien Ayanleh Souleiman ou encore le Kényan Asbel Kiprop, respectivement champion olympique, quatrième et sixième du 1500 mètres à Rio ? Même pour des habitués et spécialistes du demi-fond, la distance des mille mètres ne manque d’apparaître comme atypique, certains osant encore la calibrer entre du sprint long (800 mètres) et la course de fond (1500 mètres).
« Je suis prêt pour une course lente et un final rapide, notamment sur les 400 derniers mètres »
Matthew Centrowitz, champion olympique du 1500 mètres
Sur l’unité de mesure, le tout consiste à équilibrer aussi bien un départ tempéré qu’une arrivée mordante, autrement dit maintenir une endurance aguerrie sur l’ensemble des deux tours et demi de stade. Particulier, surtout pour des coutumiers des longues distances, peu alertes sur courts parcours. « Le 1000 mètres réunit aussi bien les coureurs du 800 que du 1500 mètres; c’est une épreuve très fédératrice mais qui comporte des inconvénients d’adaptation des deux parts », avance Asbel Kiprop. Acclimaté aussi bien sur les 800 mètres que sur le kilomètre et demi de course – duquel il partait pourtant favori au Brésil avant de déchanter en finale – le Kényan semble être la référence de la discipline qui partira à 21h43 précises jeudi soir sur la piste de la Pontaise. Signant le troisième temps de l’histoire des 1500 mètres l’année dernière (3’26”69 minutes), l’originaire d’Eldoret vantera plus que jamais – à défaut du titre olympique – son triple titre de champion du monde face à l’adversité. Aussi car la résistance sera accrue le 25 août à la Pontaise; d’abord par le recordman du monde en salle sur la distance refuge, Ayanleh Souleiman qui a parcouru en 2014 le kilomètre en 2’14”20 minutes, puis par le champion du monde indoor et nouveau champion olympique étasunien du 1500 mètres, Matthew Centrowitz. Une revanche de la course olympique ? « Pour l’instant, je ne m’intéresse qu’à faire une bonne course. Les défaites font partie du sport et elles me donnent encore plus envie de retrouver les pistes. C’est le cas à Lausanne », avance Asbel Kiprop. Toujours est-il qu’à l’occasion de cette course événement, avant-dernière du meeting lausannois, lors de laquelle prendra part également le Suisse Jan Hochstrasser, la combativité sera à son comble. Aussi le record du stade pointant à 2’18”84 minutes, détenu depuis 1986 par l’Américain Jones Earl, ce ne seront pas les possibilités de le battre qui manqueront à Lausanne jeudi soir.

D’autre part, c’est un autre défi auquel le public lausannois du virage vélodrome aura droit jeudi soir pour la 41e édition d’Athletissima: le saut à la perche qui débutera à 20h05. Et le duel s’annonce tendu. D’une part un aventurier des airs et vice-champion olympique français, Renaud Lavillenie. De l’autre, un jeune Canadien (classe 1994) à la fougue intrigante, le champion du monde 2015 Shawn Barber. Et au centre des attentions, un record du meeting qui reste pendu à la barre des 5,91 mètres depuis le saut de Brad Walker en 2007. Serait-ce enfin l’année du surplus ? « Il n’y a pas d’année particulière pour décrocher un record, débute le sextuple détenteur de la Diamond League de sa discipline, mais il est vrai que, cette année, la météo s’annonce meilleure que l’année passée où nous sautions face à un vent contraire. Toujours est-il que le contexte est délicat et mêlé à la fatigue des Jeux Olympiques, l’opération ne sera pas aisée à réaliser. Mais il n’empêche que les 5,91 mètres, nous les avons tous en tête pour jeudi soir ». Pour Renaud Lavillenie, il est également l’opportunité d’enterrer l’épreuve (douloureuse) de la défaite aux Olympiades brésiliennes, lors desquelles il n’a décroché « que » la breloque argentée: « Je suis très content de revenir à Lausanne pour une première et belle compétition après les JO. Ce sera l’occasion de reprendre des forces », avoue le Français en conférence de presse mercredi après-midi. Une nouvelle épreuve de réconfort qui apparaîtra également pour Shawn Barber qui, de son côté, est passé à côté de sa finale à Rio en terminant 10e du classement avec un saut à 5,50 mètres: « Ce fut l’une des meilleures compétitions que j’ai vues et j’aurais aimé participer plus longuement au spectacle. J’étais pourtant en forme avant l’événement, mais désormais, ce qu’il me reste à faire, c’est apprendre de ce revers et aller de l’avant », annonce à son tour le Canadien. Il est donc à se réjouir de voir à nouveau un maître des airs franchir la fatidique barre des six mètres, véritable valeur d’exploit si cela devait avoir lieu jeudi soir à la Pontaise. Une épreuve à suivre sans retenue entre deux hors-classe de la discipline. Mais tout dépendra à nouveau – à l’aune des stratégies perçues l’année dernière – des décisions opérées par Renaud Lavillenie; partir plus tard que tout le monde peut apporter vaillance mais aussi une infinité de risques de terminer la série lausannoise au bas de classement. En juillet 2015, le Français tenta de battre le record du stade dès son deuxième saut; un triple échec à 5,92 mètres qui lui avait alors coûté une amère troisième place. Espérons mieux pour cette volée 2016.