De canton en canton, le verdoyant n’en finit pas d’emplir les vallées suisses. Et pour cause, c’est bien face à 3’316 spectateurs, que Neuchâtel Xamax FCS parvient à venir à bout au forcing d’un FC Wil en surplomb (3-2). Retour sur cinq faits de match qui ont marqué cette victoire qui alloue aux hommes de Michel Decastel d’occuper la seconde place de Challenge League, derrière l’incontournable FC Zürich.
Nuzzolo, Doudin, Karlen, une curieuse mais cordiale entente en attaque
Plus d’une année d’invincibilité à domicile, Neuchâtel Xamax FCS nourrit une prestigieuse performance dans la continuité de sa brillante envergure lors de sa saison passée. Une entrée en matière de qualité lors de sa première journée à domicile face au Servette FC (2-1) qui se voit entérinée par une prestation des plus remarquées à la Maladière face au FC Wil, prétendant au titre et par conséquent, à la promotion en Super League. « Affronter une équipe comme Wil est une emprise compliquée, puisqu’ils sont tout autant habitués que nous au synthétique – avoue le capitaine et gardien Laurent Walthert avant de continuer – Ils ont un effectif de grande qualité face auquel nous avons répondu avec nos armes. Nous n’avons pas un budget de milliardaire mais ce sont tout de même deux jeunes issus de la Fondation qui ont fait la différence cet après-midi. C’est une si belle réponse ». Mais cette curieuse réussite à la Maladière, Xamax la doit également à un trio offensif qui pourvoit l’instabilité au sein des défenses adverses. La sensibilité technique de Raphaël Nuzzolo en pointe, soutenue par Charles-André Doudin et Gaëtan Karlen forment une escadre difficilement renversable. C’est ce qui est valu, par ailleurs l’ouverture du score des rouges et noirs à la cinquième minute ; Karlen, bien servi par Nuzzolo, punit sans rétention l’erreur de positionnement d’Egemen Korkmaz. Esseulé face au but, à la gauche de Steven Deana, le tir croisé du Xamaxien gonfle le petit filet opposé sous l’immobilité du portier saint-gallois. Et ce fut 1-0 d’entrée pour les hommes de Michel Decastel. Autant dire que Xamax s’illustre avec agressivité dans les premières minutes de la rencontre. Un mouvement de balle fluide, au début, accentué également par la vivacité de Thibault Corbaz à la récupération au milieu de terrain. Le tout ponctué par d’intelligibles mouvements en transversalité de Mickaël Facchinetti (à la recherche de Mike Gomes ou Samir Ramizi), l’ambition offensive du FC Wil se voyait souvent contrée par de splendides phases de contre-attaque des Neuchâtelois. En somme, Neuchâtel Xamax sait faire tourner le ballon, ne lui manque plus qu’à acquérir un brin de cohésion et de précision supplémentaire à la conclusion. Une simple question d’entraînement après quoi les rouges et noirs pourraient même se voir aller à la poursuite du primat en Challenge League.

Sortie de Vonlanthen, entrée de Bottani
L’ex-international suisse s’est illustré de tous genres à la Maladière. Soutien sensiblement influent sur le couloir gauche du FC Wil, Johan Vonlanthen a permis à son équipe de rapidement égaliser au quart d’heure. Suite à un solide débordement d’Arnaud Bühler sur le flanc gauche, difficilement marqué par Mike Gomes, la défense neuchâteloise se fait surprendre par l’insertion réfléchie dans l’aire des six mètres de Vonlanthen qui annule à bout portant l’avantage xamaxien. Cependant, malgré son apparition en relief dans la première demi-heure, le numéro 7 aux 40 capes nationales avec la Suisse, s’éclipse de la rencontre, surplombé par l’agilité de Nduka Morisson Ozokwo qui, patiemment, a su attiser l’animation offensive du FC Wil. Le Nigérian sera d’ailleurs à l’origine du deuxième but saint-gallois à la 48e minute sur une combinaison bien rôdée avec Erhan Yilmaz, finalement conclue par le tir puissant de Murat Akin dans le petit filet de Laurent Walthert. En conséquence de sa performance en demi-teinte, Johan Vonlanthen se voit rappelé en touche à la 69e minute. Une décision de l’entraîneur turc Ugur Tütüneker qui n’est pas passée inaperçue dans l’entourage du banc du FC Wil. Une sortie animée du numéro 7 qui conteste avec véhémence le sort qui lui était assigné. Mais dans l’ensemble de cette rencontre à deux vitesses, semble-t-il que l’entrée de Mattia Bottani apparaissait plus adéquate. Son jeu d’élimination a sans doute offert une majeure percussion au FC Wil en contre-attaque. Tactique qui paraissait gagnante en fin de rencontre, puisque c’est bel et bien le Tessinois qui parviendra à s’octroyer un pénalty à la 86e minute suite à un grand pont sur Mustafa Sejmenovic.

Expulsion de Jocelyn Roux
Fait de match curieux celui de l’expulsion de l’ancien Lausannois. Lancé en profondeur à la 83e minute, Jocelyn Roux ne parvient pas à atteindre la ballon, devancé par Mickaël Facchinetti. Pris de rage ou avili de maladresse, la pointe du FC Wil commet une faute – plus qu’ingénue – sur le numéro 77 neuchâtelois qui s’écroule hors des limites du terrain de jeu, vraisemblablement blessé au mollet. Rien d’alarmant, sinon de voir Alan Bieri extraire le carton rouge à Roux. Un acte qui, semble-t-il, n’a eu autre effet que relancer les espoirs de Neuchâtel Xamax FCS dans un match qui n’était de loin pas prédestiné à tourner en faveur de ces derniers. Ceci quand bien même cette expulsion n’eut à priori aucun impact défensif sur l’effectif saint-gallois. Mais force est de constater que Jocelyn Roux, transféré en provenance du FC Lausanne-Sport à l’hiver dernier, personnalisait à lui seul l’entière frange offensive du FC Wil. Impliqué sur la plupart des actions des hommes de Ugur Tütüneker, le numéro 9 saint-gallois a manqué de peu le but sur une action plus qu’insidieuse à la demi-heure de jeu. Sur une erreur de distraction de Mickaël Facchinetti et Cédric Zesiger, Erhan Yilmaz parvient à s’introduire – par le flanc droit – dans les 16 mètres xamaxiens. Son centre calibré parvient à destination de Jocelyn Roux qui martèle sa reprise acrobatique au-dessus de la barre transversale de Laurent Walthert. Une action qui provoqua le frisson du virage neuchâtelois. Une minute plus tard, l’ancien Lausannois se retrouvera à nouveau dans une position privilégiée de tir mais sa conclusion s’écrasera dans les gants du portier xamaxien, auteur d’un match sans reproche, comme à son habitude. Une journée à oublier pour l’avant-centre du FC Wil.
Raté des onze mètres de Taipi
C’est sans doute le tournant du match suite à l’infériorité numérique infligée quelques minutes auparavant au FC Wil. À la 86e minute, Mattia Bottani se faufile seul dans la défense de Neuchâtel Xamax FCS, s’arroge un duel face à Walthert et subit immanquablement la faute par l’arrière de Cédric Zesiger. Pour l’arbitre Alain Bieri, la sanction ne fait l’ombre d’un doute : c’est pénalty. Seulement, ce qui devait sceller le sort des hommes de Michel Decastel s’est révélé être une remarquable amorce à une remontée spectaculaire des rouges et noirs. Gjelbrim Taipi, entré à la place de Erhan Yilmaz à la 59e minute, se présente face à Laurent Walthert des onze mètres, confiant tout autant que sensibilisé à l’enjeu de son pénalty. Toutefois, même si l’esbroufe est réussie, le score ne se débloque pas ; le Serbe s’élance et manque le cadre quand bien même le portier neuchâtelois était trompé. Étonnant soit-it, c’est un tout autre match que s’apprêtent à vivre les 22 acteurs de la rencontre comme l’annonce Laurent Walther en fin de rencontre : « Certainement ce sont des faits de jeu qui ont renversé le match. Un pénalty manqué est un signe important dans un match de 90 minutes. Nous n’avons jamais baissé les bras. Nous avons mis du cœur et de la jouerie dans ce match et c’était suffisant. Ce fut un scénario fou. Ce sera une des victoires les plus émotionnelles de la saison. Nous sommes parvenus à faire jeu égal et la victoire – même si tardive – fera du bien à tout le monde ».

Pedro Teixeira et Dilan Qela inscrivent leur premier but en rouge et noir
« N’aie pas peur Dilan, donne-toi à fond et mets du rythme », telles ont été les paroles de l’entraîneur Michel Decastel à ce jeune garçon issu du centre de formation, prêt à fouler le synthétique de la Maladière pour son premier match de Challenge League. Une rencontre qui semblait éteinte se ranime en fin de rencontre. La supériorité numérique et l’engagement de dernière chance sourit aux valeureux Neuchâtelois qui parviennent à faire fi de leur avantage technique et numérique pour se porter à l’aventure du but du FC Wil. Une emprise qui s’avéra porteuse dans les arrêts de jeu, d’abord par une frappe fallacieuse de Pedro Teixeira à la 90e qui parvient à tromper Steven Deana à l’entrée de l’aire de réparation, puis par la très jeune pousse Dilan Qela – qui n’a pour le coup pas eu peur de s’illustrer pour sa première échéance – qui inscrit son premier but en Challenge League sous les couleurs de la première équipe. Ces deux jeunes talents ont eu raison de la confiance de Michel Decastel en renversant de fort belle manière une rencontre face à une des plus grandes équipes favorites du championnat. Issus tous deux de l’équipe M18 de la Fondation Gilbert Facchinetti, Teixeira et Qela (qui fêtait ses 18 ans ce dimanche à la Maladière) ont su faire valoir leur talent et surtout leur force de frappe de longue distance face à une équipe survitaminée, autant financièrement que par son effectif renforcé. Une belle récompense pour ces deux jeunes fantaisistes du ballon rond qui ont parfaitement su remplacer respectivement Samir Ramizi (46e) – auteur d’un match mitigé – et Thibault Corbaz (65e) – recrue au talent indiscuté – dans une rencontre à l’enjeu avéré. « Le résultat est mérité – avance Dilan Qela avant de conclure – Ce but, je l’ai rêvé. C’était inespéré. Il me procure tellement de joie qu’il va me permettre de me remettre à 200% à l’entraînement dès lundi ». À tel point, c’est l’ensemble du contingent de Neuchâtel Xamax FCS qui a pris conscience de son potentiel au sein d’un championnat qui se prélude peut-être à l’élite.