Fixit: « Huaraz (Pérou), l’une de nos expériences les plus enrichissantes »

Alexia, bassiste du groupe Fixit, sur la scène des Estivales de Pully. © Oreste Di Cristino

Entre soleil et averses, le choix n’a pas été utile dans cette entière campagne de fête nationale. Primant les mérites de la fête et du rassemblement, les estivales de Pully ont fait preuve de grand dévouement pour leur première édition. À l’image du groupe lausannois Fixit, invité à l’occasion de cette première aux abords de la côte pulliérane du Lac Léman. Rencontre avec le power trio en marge des festivités.

Vous êtes un tout jeune groupe qui a vu le jour début 2013. Comment cela s’est-il passé ?

Simon (chant et guitare): Nous nous connaissions déjà tous très bien et fin 2012, nous avons fait une jam ensemble et, semble-t-il, le courant est très bien passé. Nous avons alors pensé nous lancer dans l’aventure d’un groupe de musique. Et vers mars 2013, nous avons commencé à aménager un local chez Alexia pour commencer les répétitions de manière sérieuse et régulière, tout en commençant à composer nos propres chansons.

Vous avez directement commencé par composer des musiques sans en reprendre ou en adapter ?

Simon: Nous avons effectivement très vite composé nos propres titres avant de penser qu’il soit tout de même intéressant de s’amuser en en reprenant. Toujours est-il que nous en avons très peu fait; nous avions repris au tout début Sultans of Swing des Dire Straits dont nous gardons un souvenir mitigé (rires). Mais récemment, nous sommes à penser qu’il serait utile d’en refaire. Pour trouver de l’inspiration, ou simplement pour nous entraîner, il n’y a rien de tel que d’aller voir – et de jouer – ce que font les autres musiciens; nous avons touché un peu au répertoire des Red Hot Chili Peppers dernièrement, même si dans l’ensemble, nous continuons à énormément composer.

Deux EP quatre titres (en juin 2014 et janvier 2015) et un troisième en préparation. Pourquoi ne pas avoir attendu plus longuement afin de sortir un album plus ample ?

Simon: Tout s’est décidé au fil de l’écriture de nos chansons et nous avions eu l’opportunité en ces moment-là de sortir ces deux EP. Nous étions à penser que les quatre premiers morceaux composés allaient particulièrement bien ensemble que nous en avons fait un disque. Ensuite, faut-il dire que nous n’avions pas nécessairement l’argent – ni même le matériel et la maturité – nécessaire pour développer un album plus conséquent. C’était somme toute encore précoce. Nous avons un très bon ami d’ailleurs qui nous a enregistré ces deux EP et c’est par lui que nous avons été initiés à l’ensemble du matériel disponible pour enregistrer nos disques. C’est particulièrement le bond qui nous a permis d’être programmés dans des festivals locaux, à l’image par exemple du Régional Rock (ndlr, festival itinérant de la région lausannoise).

Alexia (basse): Il y a une différence de qualité entre les deux EP à noter également. Comme toujours, chaque groupe évolue, grandit et présente à chaque fois un disque plus abouti. Notre second EP est, à ce titre, plus travaillé que le premier.

« Nous vendons notre musique comme du blues-rock alternatif« 

Deux disques mais une tournée qui se multiplie sur les scènes de la région. C’est bien là que vous vous développez les plus.

Simon: C’est effectivement sur scène que nous arrivons pleinement à obtenir le son et l’énergie voulue. L’adrénaline de la scène, l’engouement de jouer ensemble, est en effet très difficile à reproduire sur enregistrement. Nous avons d’ailleurs eu beaucoup de retours qui son allés dans ce sens-ci.

Des influences éparses dans votre style – des Led Zeppelin à Alter Bridge ! Comment êtes-vous parvenus à vous insérer dans un style particulier ?

Simon: Nous « vendons » notre musique comme du blues-rock alternatif. Nous n’avons rien trouvé de plus précis (rires) et, pour ainsi dire, nous n’arrivons pas à l’être car nos influences sont justement très variées. Nous avons des penchants aussi bien dans le métal que dans le blues, tout autant que dans la pop dans les sonorités et les grilles d’accords. À savoir que nous avoisinons aussi par moments à la musique classique. Nous aimerions beaucoup que notre univers s’apparente à du blues-rock. Mais toujours est-il que c’en est pas exactement le cas; notre identité personnelle prend souvent le pas sur nos chansons. Et c’est tant mieux car nous commençons enfin à percevoir un son qui nous correspond bien. Voilà pourquoi nous continuons à l’appeler blues-rock alternatif. C’est un spectre somme toute assez large; nous n’essayons pas de nous catégoriser plus que cela.

Fixit est né à quatre. Comment avez-vous adapté votre musique suite au départ du guitariste Michele ?

Alexia: Nous avons, avant tout, commencé à introduire des back vocals (ndlr, reprises en chœur des membres du groupe autres que le chanteur usuel) dans nos chansons, chose que nous ne faisions absolument pas auparavant. C’est pourquoi avec Gabriel (batterie), nous avons acheté des micros et avons commencé à tester nos voix. C’était un peu scabreux au début (rires) mais c’est très rapidement devenu plus intéressant. Nous avions fait notre première apparition en power trio au tremplin Unilive (ndlr, festival interne à l’Université de Lausanne) – que nous avions par ailleurs remporté avec les Rebel Duck (ndlr, groupe de rock neuchâtelois) – et il en est résulté que nos chœurs ont fait forte impression. C’était un risque palpitant à relever, quand bien même nous n’étions pas si prêts.

Gabriel: Aussi, à trois, nous avions passablement travaillé la cohésion au sein du groupe. Il apparaît certainement qu’elle est plus facile à travailler à trois plutôt qu’à quatre. Nous avons œuvré avec poigne pour maintenir une certaine énergie au sein de nous, mais aussi pour adapter nos arrangements. Tous les morceaux que nous avions composés, présents donc sur les deux premiers EP, étaient à quatre et il a fallu, par conséquent, les retravailler pour un power trio. Ce n’est pas tout-à-fait du même ressort mais nous sommes parvenus à un résultat plaisant.

Simon: Pour le coup, désormais, nos nouvelles compositions sont réfléchies à trois et faut-il dire que l’on perçoit quelques différences entre nos morceaux « ré-arrangés » et nos compositions typiquement pensées pour un power trio. Aux Estivales de Pully, nous jouions par exemple pour la première fois nos nouveaux morceaux aux tendances stoner (ndlr, stoner rock, sous-genre du métal caractérisé par des rythmes psychédéliques), plus rythmées et d’autant plus énergiques.

Vous sillonnez beaucoup les scènes régionales – en plus de votre expérience au Pérou. C’est le cas de dire que chaque concert apporte son lot de nouveautés.

Alexia: Exactement. Nous avons également fait énormément de tremplins qui nous ont permis de prendre confiance en nous car, jouer devant un jury, est une expérience passablement enrichissante tout autant que stressante. Aussi, les retours sont différents et conseillés selon un regard plus professionnel qu’un public moins averti. D’autant plus que les rencontres avec les autres musiciens partageant la scène avant ou après nous offrent également leur part d’enrichissement, comme ce fut le cas au tremplin Unilive avec le groupe Rebel Duck. Ce fut un véritable coup de foudre musical, au-delà des opportunités que cette rencontre nous a procurées. Ils nous ont invités au festival auquel ils participaient – le BeRock à Saint-Aubin (ndlr, canton de Neuchâtel).

Simon: C’est un partage sans égal qui est également opéré avec les professionnels du son avec qui il a fallu, à force, apprendre à travailler sur chaque scène. Dans notre local, nous branchons nous-mêmes nos amplis, et c’est bien différent (rires). Nous avons passablement tourné ces derniers temps – avec maintenant environ vingt-cinq concerts à notre actif – et nous commençons à en prendre le rythme. Un plaisir de voir cet envers du décor car chaque scène – avec à chaque fois son public – a son caractère qui forge tout autant l’assistance que les artistes.

« Jouer dans un établissement relativement rempli et surtout inconnu, a été l’une de nos expériences les plus enrichissantes« 

Que s’est-il passé au Pérou ?

Simon: À vrai dire, tellement de choses (rires). Gabriel (batterie) et Michele (anciennement guitare) sont Péruviens et nous avions fait un grand voyage entre amis – nous étions onze à partir – dans lequel nous avons traversé l’entier du pays en bus. Dans le périple, nous avions fait escale dans le village où habite la famille à Michele: à Huaraz au centre-nord du pays. Nous y avions rencontré sa famille et nous avons surtout cueilli l’opportunité de jouer, à l’improviste – en quelques heures – dans un bar avec des instruments qui nous étaient prêtés. À cet instant, jouer dans un établissement relativement rempli et surtout inconnu, a été l’une de nos expériences les plus enrichissantes. Un souvenir immortalisé par une affiche grand format de nous qu’ils avaient préparée de dernière seconde. Le trophée de notre expédition exotique.

Pully aura donc été une nouvelle étape pour Fixit…

Alexia: Tout-à-fait. C’était notre première face au lac, après un concert annulé pour cause d’orages à La Tour-de-Peilz le 21 juin. Et faut-il dire que nous jouions entre Mark Kelly et ses quinze ans de carrière et The Rambling Wheels, un honneur assuré.