Les estivales de Pully ont débuté samedi après-midi en compagnie d’une kyrielle d’artistes au port avant de se conclure frétillement le premier août sous les feux d’artifices. De The Rambling Wheels à Loénaï, la manifestation a opéré à un véritable mélange des styles. Une première édition, en musique, qui se voudra satisfaisante une fois la fête nationale consumée.
« C’est notre première fois au bord du lac », nous confie Alexia, bassiste du groupe Fixit, invité local de cette première édition des estivales de Pully. Sans doute une première particulière aussi pour le suave Mark Kelly, de seyante renommée depuis ses débuts avec les groupes The Passengers et Inna Crisis. Sacrée source d’inspiration ; ce lac qui paraissait embrumé avant de délivrer son turquoise habituel, ces montagnes figées dans un ciel bleuté qui n’accusait la présence d’aucun nuage en début de soirée, cette carte postale animée par le balancement des mâts. Habituel émerveillement. Habituel ensorcellement. Parfois oublié, aujourd’hui retrouvé. Le port de Pully a livré ses mystères en cette avant-veille de fête nationale : « L’idée de base était de continuer à créer un événement assez ouvert au public dans les pré-jours du premier août, dans la lignée du bal des pompiers duquel je faisais déjà partie du comité de la première édition », avance Lionel Métraux, directeur des festivités. Voilà démontrée toute la capacité d’une ville capable de se renouveler année après année. Dans ce penchant d’innovation couplé à une belle dose d’ambition, Pully tient majestueusement compte de son identité pluriculturelle.
Une programmation aussi familiale que fédératrice
Mark Kelly a livré sa verve habituelle et son humour vécu de ses quinze belles années de carrière. Un set de poésie, aussi excentrique que fameux qui a inauguré la scène principale de ces estivales à Pully. « Il nous fallait une tête d’affiche et nous avons misé sur Mark, en plus de The Rambling Wheels », nous avoue Lionel Métraux, directeur des festivités. Artiste justement fédérateur au tempérament impavide et assoupli, le Britannique vivant en Suisse a séduit par delà son français bigarré d’un accent so british et sa sensibilité musicale. Une touche somme toute affinée pour fasciner la délicatesse d’un public pulliéran attendri à l’image de ses volontés. Une douceur pop avant la rafale d’un rock endiablé soutenu par le power trio Fixit (lire l’interview). Un ton exotique, un esprit seventies. Le groupe lausannois, à tel égard local a sensiblement animé le début de soirée au port de Pully avant la venue tant attendue des Neuchâtelois The Rambling Wheels. De tout cela, une programmation (et pas que) réfléchie et voulue familiale opérée par l’organisation de la manifestation : « Nous visons un très large panel de public et non seulement pulliéran – commence le directeur des estivales avant de poursuivre – Nous ne voulions pas en démordre à ce propos. Sans oublier un staff très familial qui collabore pour ces trois jours d’estivales. Nous avons triplé nos bénévoles sur le premier août avec des personnes de haute qualité. Une grande communauté qui complète parfaitement notre famille des estivales ». Mêlant hautes affiches et découvertes régionales à l’instar de Loénaï, les estivales ont évité le piège de la gonflette événementielle et démesurée. C’est bien dans cette ambiance à la fois intimiste et accueillante, tout autant que rassembleuse, que Pully a ouvert ses portes en ce week-end prolongé : « Nous voulions avoir une programmation un peu différente de tous ces grands festivals (le Paléo ou encore le For Noise) tout en propulsant Pully avec des artistes relativement connus, tout en laissant la place à de jeunes artistes comme Fixit, Loénaï ou encore le collectif de DJ It’s a Trap. La programmation est assez spéciale tout autant que familiale et je pense que c’est ce qui va faire notre force », ajoute Lionel Métraux. Et rien de bien plus attrayant à cet égard que de recevoir la fringante Loénaï dans cet affable – mais non moins exubérant – esprit pour un set effréné – et en français – de début de nuitée. Dans sa robe noire, micro à la main, c’est tantôt par la tendresse et la sensibilité que par l’énergie et la vitalité que la Vaudoise s’est illustrée sur les planches de la scène principale du port de Pully. Une manière toute personnelle de renverser les mots dans ce tourbillon de styles que l’artiste maîtrisait à son aise. Un métissage culturel et musical – cloche suisse à la main pour des refrains « yodelisés » – qui a laissé le public pantois, sans repères mais tout aussi émerveillé. Un saut aventureux après la décharge des Rambling Wheels, qui ont offert le clou de la soirée dans une improvisation musicale en compagnie de Mark Kelly. À en croire, il y en avait pour tout le monde, bien avant que la pluie d’été ne s’en ingère.
Retenue sans excessive rétention
Au final, une touche très suisse originellement proposée qui accorde, à en pouvoir, un versant tout aussi exotique par l’invitation de quelques figures étrangères : « Nous avons toujours aimé programmer des artistes locaux. Les internationaux sont agréables à écouter mais ils sont aussi chers – plaisante Lionel Métraux avant de continuer – Nous n’avons pas osé aller au-delà de Mark Kelly et des Rambling Wheels, ne sachant pas comment allait se présenter cette première édition ». Une rationalité qui laisse entrevoir un deuxième chapitre de la manifestation : « Nous voulons pouvoir perdurer les prochaines années sans se bruler les ailes dès la première édition. Nous avons des idées pour la suite mais nous ne prenons pas le risque de les révéler car tout reste à définir. Les idées seront déjà plus claires dès mardi », affirme le directeur. Autant préciser que la deuxième édition se prépare mais dépend de la réussite de cette première. Toujours est-il que dans cette ambiance carnavalesque à quelque quarante-huit heures des festivités nationales, les estivales de Pully favorisent une atmosphère aussi bien intergénérationnelle que pluridisciplinaire, de la musique à la remise des mérites sportifs le premier août, en passant par la tournée matutinale – dès cinq heures du matin lundi – de la fanfare de Pully dans toute la ville. Voilà une pléiade d’instants – voulus uniques – à partager sans aucune retenue, aussi parce qu’ils s’adressent à ce « tout un chacun », de Pully ou d’ailleurs : « Si tout le canton de Vaud veut nous rejoindre dans cette fête, ils sont les bienvenus », conclut ainsi Lionel Métraux.