Le 41e Paléo Festival s’est conclu « sans aucune fausse note » avoue Daniel Rossellat en conférence de presse de clôture dimanche 24 juillet. Une édition qui livrait autant d’attentes que lors de son 40e anniversaire l’année passée. Retour sur un bilan très suisse au Club Tent, marqué notamment par les coups de cœur Pandour et Stéphanie Blanchoud.
« C’est une édition labellisée bonheur qui marque l’aboutissement de toute une année de travail en matière de programmation », annonçait Jacques Monnier dimanche après-midi au centre de presse sur le terrain de l’Asse. Une réussite aussi bien en terme d’affluence – qui reste pratiquement égale d’année en année, soit 230’000 spectateurs sur l’ensemble de la semaine de festival – que de surprises advenues aux abords de l’ensemble des scènes dont dispose le Paléo. Un succès somme toute aussi phénoménal du côté du Club Tent, véritable tente éclectique qui a hébergé la grande majorité des artistes suisses se produisant au festival nyonnais en cette édition post-anniversaire. D’Antipods à Vouipe, en faisant escale dans l’univers raffiné d’Aliose, les tropiques de Tatum Rush, la douceur de Stéphanie Blanchoud, la prière teintée blues des The Two, l’argotique fribourgeois de Pandour ou encore la folie immaîtrisée de Coilguns, entre autres, le Club Tent a savouré un mélange de sonorités à la fois électrique que délassant. C’est dans cette perspective que Daniel Rossellat, Président et fondateur du festival, affirme que le Paléo est avant tout « un festival généraliste et ouvert à toutes les générations ». Offrant émotions fortes autant bien au public qu’aux artistes-mêmes, le raout nyonnais a de ce fait « évité le champagne sans bulles » au lendemain des festivités du 40e anniversaire de 2015. Innovation et choix porteurs ont fait de cette 41e volée une réussite sans précédent, notamment par le plébiscite du Village du Monde estampillé culture celtique. Ainsi, au vu de ces nombreuses ondes positives sur scène comme dans le public, il semble intéressant de retrouver deux coups de cœur typiquement suisses qui ont su – chacun à leur manière – « redonner du pétillant » au Club Tent.
Pandour, des gamins plus si méchants
Des sales gamins ? Peut-être pas. Le quatuor de la musique électronique fribourgeoise a inspiré allégresse et félicité lors de son set au Club Tent mercredi en fin de soirée. Une recette – devrions-nous dire une mixture – aussi bien imprégnée d’électro – par les DJ Luc Bersier et Michael Francey – que d’une instrumentation plus organique sur scène avec l’accomplissement des deux guitaristes du groupe, Simon Mozer et Adrien Clot. Pandour est alors parvenu à harmoniser la musique électro, souvent jugée trop robotique : « Nous avons rajouté un peu de chaleur à notre projet », atteste Adrien. Ainsi, dans ces influences variées – deep house, hip-hop, musique alternative, dub avec teintes de jazz, blues et funk – Pandour agite son particularisme : « C’est un hasard que l’on arrive à mélanger tous ces styles. On écoute différents genres de musique chacun. Et nous nous retrouvons les quatre pour composer, donc chacun y met du sien », affirme Adrien. Aussi, Pandour se prête volontiers au voyage, comme il s’en ressent dans les titres Turkish 2000, Pyramid ou encore Hypo’tam. S’aventurant sur ces terrains aussi africains qu’orientaux, le groupe fribourgeois s’accorde peu de réserve, ce qui peut s’avérer parfois risqué : « C’est un peu délicat en effet. C’est ce qui ressort de notre musique parfois, cette fragilité qui nous caractérise – avoue Simon avant de poursuivre – Certes, ce n’est pas toujours très concret mais nous n’avons pas fait le choix de tout mélanger. On a juste vu ce qui en est ressorti ». Un instinct somme toute inspiré qui a par ailleurs conduit le quatuor à enregistrer son premier EP en début d’année 2016, malgré que Pandour affectionne bien plus la scène que l’enregistrement sur disque : « Nous avons eu pas mal de peine à faire le premier disque. Ça a été un effort car Pandour est un groupe de scène. Ce n’est pas forcément de la musique écoutable sur un disque », avance Adrien. C’est en croisant par la suite la route de Feldermelder que la matérialisation de cet EP a ensuite été rendue possible. Mais jamais, ces jeunes Fribourgeois ne perdront leur touche aérienne qui les dépeint si bien : « Depuis le début, Pandour jouit d’une certaine légèreté. On s’apprécie énormément, on est des copains avant tout et on a pas de plan d’attaque précis pour la suite. On profite juste de la chance de venir jouer au Paléo. Il faut que ça reste du plaisir sans trop de pression », avance Simon. À défaut donc d’être de sales gamins, Pandour reste surtout un groupe de gamins. Ça c’est clair !
Stéphanie Blanchoud, du théâtre à la musique avec douceur sentimentale
Le dimanche au Paléo, c’est l’occasion de se retrouver en famille. Aussi car il y en a pour toutes les générations, sur scène comme aux animations diverses et variées proposées sur le site de l’Asse. Mais loin de Thomas Dutronc, Louane ou Michel Polnareff, au Club Tent, c’est en compagnie des Suisses Stéphanie Blanchoud et Vouipe que le public a sublimé son admiration pour les chanteurs locaux. C’est notamment le cas pour Stéphanie Blanchoud, Nyonnaise exportée en Belgique. Une musique appréciablement sentimentale et empreinte d’une touche de mélancolie qui a introduit la dernière journée de concert à 15h45. C’est de par une sensibilité et une poésie, en grande partie en français, que l’actrice et chanteuse suisse s’est illustrée sur les planches du Club Tent pour ce qui était son premier Paléo Festival en tant qu’artiste : « Je suis ravie d’avoir été accueillie ici. C’est un festival que je fréquente depuis longtemps en touriste et j’ai adoré l’endroit. Il y avait une belle curiosité et une écoute réceptive de la part du public », avoue-t-elle en fin de set. (Interview complète à lire sur notre magazine sous-peu). Une particularité non commune, puisque l’artiste a été invitée in-extremis à faire part de la manifestation suite à une apparition remarquée au Festival Voix de Fête du 16 au 20 mars 2016 à Genève : « Mon tourneur avait très bien fait son travail parce qu’il ne m’avait pas prévenu que le programmateur du Paléo était sur place pour m’écouter. Ce n’est qu’après que j’ai eu la belle surprise. J’espère que j’aurai d’autres concerts ici », affirme-t-elle. Sans doute, Stéphanie Blanchoud restera longtemps sur les radars des programmateurs, aussi car la jeune femme affiche une identité très atypique ; cette femme de scène évoluant aussi bien au cinéma qu’au théâtre, en dehors de ses prouesses musicales. C’est par ailleurs une des raisons qui rendent le personnage fort attrayant. Élancée à sa guitare, Stéphanie sait envoûter ses spectateurs, de par une voix caressante, accompagnée sur scène par une instrumentation très intimiste, à l’exemple de ce violoncelle enjouant le rôle d’une basse sensiblement moins rustre et somme toute plus raffinée. Une mise en scène réfléchie que l’artiste a préparée en compagnie de Marcello Giuliani, ce talentueux musicien et conseiller de l’ombre avec qui Stéphanie Blanchoud collabore. Autant dire que la jeune femme est fort bien entourée, en tous les sens du terme. C’est ainsi, qu’avec une prestation distinguée au Club Tent, l’artiste a franchi une étape supplémentaire, celle d’une reconnaissance locale somme toute plus éminente. À elle la suite.