Le festival devrait fêter son six millionième spectateur peu après l’ouverture des portes du site de l’Asse mardi après-midi. De quoi marquer toute l’aventure humaine et les expériences enrichissantes que le Paléo a offertes aux Nyonnais et aux Suisses en l’espace de 41 éditions du festival. Cela s’honorera, cette année, avec des spectacles estampillés sous le signe de la gestuelle circassienne à la Ruche et, surtout, la culture celtique, essence du Village du Monde de cette volée 2016. Avant-propos.
Un soleil radieux, une chaleur de plomb ; rarement vues de telles conditions en milieu irlandais, du moins pas aussi longtemps. Au pied de la Tour Vagabonde du Village du Monde, les conditions météorologiques appelaient avant tout à la redécouverte de terres arides et asséchées plutôt qu’à la culture celte, généralement affiliée au nord de l’île britannique. Aussi, oublions-nous facilement que les peuples celtiques ont occupé une large partie de l’axe européen, de la Galice espagnole aux verdures écossaises. Une réalité souvent ignorée dans nos contrées helvétiques, témoins elles-aussi de ce large pan de culture. Voilà pourtant que le Paléo Festival de Nyon a tenu à rafraîchir les mémoires. La (re)visite de cette large et étoffée civilisation, le Paléo l’a exaucée lors de sa traditionnelle conférence de presse d’ouverture du festival et de sa tout autant appréciée visite guidée du terrain de l’Asse en ce dernier jour de congé avant le début des festivités. Pour ses 40 ans (41e édition, la première en 1976), l’heure est à la magie et le lieu s’y prête merveilleusement bien, à l’image de cette Tour Vagabonde, archétype majestueux d’un décor très « Potterien », cette toile de fond que l’on retrouve volontiers dans les sagas de David Yates. Cette tour insuffle une ardeur toute gaélique, bretonne, kymrique, écossaise quand bien même elle n’est pas issue du paysage de Poudlard. Dirions-nous que Daniel Radcliffe s’y plairait bien dans cette joyeuse cérémonie ; toujours est-il que les festivaliers, eux, s’y plairont bien, entourés de cette ribambelle de propositions autant bien architecturales, musicales mais aussi culinaires. Comme l’indique à juste titre Daniel Rossellat, Président-fondateur de l’événement, le Village du Monde est avant tout « l’opportunité d’avoir un festival dans un festival ». Aussi, entendue comme étant l’édition 40+1, à savoir post-anniversaire jubilatoire, cela ne signifie pas pour autant que « ce Paléo [volée 2016] est un festival au rabais », confirme en conférence de presse l’actuel syndic de Nyon. Encore et toujours, la recherche et l’innovation seront les piliers porteurs de cette nouvelle décennie qui commence. Une innovation – les éternelles nouveautés – qui se mêle bien sûr aux nombreux filons de l’histoire du festival : « Le Paléo, c’est toujours pareil mais ce n’est jamais la même chose », argue son créateur. Voilà qui invitera les quelque 250’000 spectateurs à parcourir, en six jours, ces 84 hectares de terrain entrelardées des hardiesses des programmateurs. Soyons donc curieux de cette kyrielle de découvertes musicales.
Un Village du Monde énergique et audacieux
Amaryllis Blanchard, responsable de l’animation de ce mini-festival à thème, affiche un sourire espiègle en conférence de presse ce lundi matin. Aussi car l’excitation des festivités a laissé place à une large affection pour la thématique de cette année ; ces centaines de peuples guerriers qui, de pied en cap de l’Europe continentale, ont vanté leurs mérites bellicistes il y a quelque 2’500 ans tout en fuyant les Romains. L’ensemble de ces collines verdoyantes, de ces arbres qui rappellent la forêt bretonne de Brocéliande, cet héritage disert de l’illustre légende du Roi Arthur, de cette opulente Bretagne armoricaine. Tout ce patrimoine atavique est reproposé cette année aux abords de la Tour Vagabonde, située au sommet de la plaine de l’Asse. Cette tour – qui se veut redonner l’allure alambiquée des fameux phares bretons – retient en amont toute la convivialité des pubs irlandais, cette fraternelle célébration partagée sur trois étages. Elle forme également un très bel écrin en accueillant la coquette scène de l’Escale, qui se démarque finement autant de la grandeur que de la programmation du mirifique Dôme. Pour Amaryllis Blanchard, ce lieu est magique, tant pour son bois craquelant que pour l’aventure humaine qu’il représente. On en imagine parfaitement ces douces soirées de bal breton qui se pressentent à l’intérieur de cette structure originale. Le but aussi est que « tout le monde puisse s’y retrouver », conclut Amaryllis Blanchard. De quoi s’émerveiller aux quatre coins du site.
Sécurité au Paléo : « Nous devons rester lucides et non fatalistes »
L’actualité se prête à de nombreuses discussions, notamment à celle incontournable de la sécurité au sein du festival. Indubitablement, l’analyse de différentes situations, différents scénarios catastrophe ont été passés en revue à l’aube de cette 41e édition du Paléo. Mais pour Daniel Rossellat, l’évidence n’est pas acquise dans la mise en œuvre des divers dispositifs de sécurité qui y sont prévus, aussi car il est fort difficile de mettre en place « quelque chose d’à la fois réaliste et viable en même temps. Nous avons souvent tendance à nous préparer pour la guerre d’avant ». Certes, chaque situation change et aucune n’égale la précédente. À Nice, cette réalité s’est dûment – et tragiquement – exprimée. Toujours est-il que, face à ces situations exogènes, l’équipe dirigeante du festival a pris une série de décisions (réservées) variables suivant les cas mais – comme l’affirme le syndic de Nyon – « le système restera proche des années précédentes ». Ce lot de mesures mystérieuses n’empêche pourtant aucunement le travail de bien 1’040 collaborateurs bénévoles non-armés, soutenus par quelque 400 professionnels de la sécurité entre agents de police et du secteur privé. « Le dispositif est au point et il y a un très bon état d’esprit sur les lieux », ajoutera même le Président de la manifestation. Voilà pourquoi Daniel Rossellat appelle à des réponses proportionnées et lucides, aussi car le Paléo n’est pas une cible à attentats : « Il faut rester raisonnables et évitons des mesures contraignantes qui ne réserveraient que des garanties peu fiables », conclut sur le sujet l’actuel syndic de la ville.