Amaryllis Blanchard est la responsable de l’animation du Village du Monde et des nouveaux projets sur le site de l’Asse qui accueille, pendant six jours, le Paléo Festival. L’occasion d’introduire la culture celtique dans l’aventure des festivaliers. Interview.
Nouvelle saison au Paléo Festival et nouvelle aventure au Village du Monde dédiée à ces voyages initiatiques. Cette année, avec la musique celtique, nous découvrons un autre grand pan culturel de ce monde.
Exactement, ce festival dans le festival a laissé place cette année, de manière large, aux Celtes; que ce soient des Irlandais, des Écossais, des Bretons et autres civilisations marquées par cette culture-ci. Tout au long de la semaine, à travers différents moyens, que ce soit par la musique, la nourriture, les boissons ou encore la danse, nous pourrons faire ou refaire un périple dans ce monde exotique que nous avons déjà vécu ou que certains vont découvrir sur le site du festival lors de cette édition.
La culture celtique témoigne de sociétés très hétéroclites qui s’étend sur toute la longitude européenne, de la Galice à l’Écosse. C’était important de retrouver toutes ces mini-cultures dans cette culture-mère celtique ?
Bien sûr ! On sent qu’il y a un socle commun dans les sonorités, dans les bases rythmiques, dans les traditions. Cela varie quelque peu selon les régions. Par exemple, du côté de la Galice ou des Asturies, on sent qu’il y a une différence toute personnelle par rapport aux Écossais ou aux Irlandais. En Bretagne également, il y a tout un univers musical et de danse particulier. Et puis, il faut savoir que les Celtes ont également parcouru la Suisse avant de partir aux quatre coins du monde et notamment aux Amériques. On retrouve cet héritage dans les musiques américaines traditionnelles – si l’on veut bien – comme la country ou le blues, dans lesquels on ressent une influence prégnante venue d’Irlande. Cela s’est fait lorsque les premiers colons européens sont partis à la conquête des territoires d’Outre-Atlantique.

Nous retrouverons également beaucoup de Suisses au Village du Monde (au Dôme et à l’Escale) cette année. Nous pensons notamment au groupe Anach Cuan, attendu mardi soir sur les lieux. Cela permet tout autant de rappeler que la Suisse n’est pas inconnue dans cette tradition-ci.
Tout-à-fait ! Nous avons tendance à l’oublier car au quotidien, nous ne faisons pas perdurer la tradition celte en Suisse. Mais elle existe bien. Les Helvètes étaient tout aussi des celtes; on a retrouvé la trace de dizaines de peuple en engageant des fouilles, notamment dans la zone de Neuchâtel, en Valais ou sur les bords du Lac Léman. Ces traces d’habitation prouvent qu’ils étaient donc bien là même si le Suisse de souche ne se sent nullement celte. C’est donc l’occasion, lors de cette 41e édition du Paléo, de renouer avec nos origines.
La Tour Vagabonde – cette tour particulière à l’architecture somme toute irlandaise – abritera la scène de l’Escale pendant les six jours de festival. Il s’agit d’une scène qui permet totalement de diversifier l’offre musicale au regard du Dôme, aussi car elle encourage et permet la venue d’artistes et de concerts plus intimistes que sur le reste du site. Ce petit coin de communion est nécessaire dans un festival d’envergure comme celui du Paléo ?
Absolument, nous avons envie de proposer aux artistes, comme au public, des rencontres de teneur plus intime et plus vraie comme si nous allions chez notre voisin. La Tour Vagabonde admet toute cette proximité qui est authentique. Et il est également vrai que certains artistes du Dôme viennent avec un spectacle différent à l’Escale, bien que ce soient les mêmes musiques (ndlr, c’est notamment le cas pour Anach Cuan, The Rapparees, Red Hot Chilli Pipers, Sharon Shannon Band, Les Frères Guichen, The Celtic Social Club, Krismenn & Alem et Altan. Bagad Karaez se produiront quant à eux au O’ Voyager’s Pub). Aussi car la manière d’appréhender la scène et le rapport au public ne sont sensiblement pas les mêmes. L’idée est d’être dans un endroit confiné comme cela peut être le cas en Irlande ou en Écosse, dans ces ambiances de Pub où l’on entend des bruits et où les gens se côtoient, dansent, trinquent volontiers, sont collés les uns contre les autres et, d’un même chœur, chantent quand ils reconnaissent une chanson. Ce sont des ambiances chaleureuses que l’on n’a pas l’habitude de retrouver chez nous dans notre quotidien. Mais je suis persuadée que les festivaliers seront heureux de pouvoir vivre cette expérience du côté du Village du Monde.
L’annonce de cette culture celtique au programme au Village du Monde a provoqué un grand engouement du côté de la population, notamment chez les fanatiques du Paléo Festival. Non pas que les années précédentes manquaient d’exotisme mais cette édition est particulièrement marquée par une manifestation d’enthousiasme presque unanime de la part du public. Cette réaction prévisionnelle, il y a quelque mois, était-elle surprenante dans l’absolu ?
Le but est que le thème plaise au plus grand nombre, bien évidemment. Et je suis heureuse que ce soit encore le cas cette année. Nous avions tout de même quelques indicateurs car, il y a quelques années, nous avions lancé un sondage pour sentir un peu les thématiques que les gens attendaient avec impatience pour les éditions futures; et les Celtes avaient recueilli un très large soutien public, loin devant les autres. Cela parce que nous savons que le celtique est une culture festive et que les festivaliers viennent aussi et surtout pour faire la fête. Ce sont des musiques accessibles qui rappellent certainement les années d’Erasmus ou autres balades plus lointaines sur le même continent.