Ce mardi soir, trois artistes bien particuliers ont attiré la foule dans la salle de concert. En entrée, une voix cristalline au nom mystique et en provenance directe du pays des Fjords : Aurora Aksnes. Suivie ensuite d’une expérience plus conventionnelle mais tout de même unique et vibrante qui n’est autre que RY X. Puis enfin, la tête d’affiche qu’on ne présente plus : M83. Voir également notre galerie photo. Immersion dans trois univers inoubliables.
Le soleil commence tout juste à tirer sa révérence à la rive festive lorsqu’une des salles principales du Montreux Jazz festival, le Lab, s’apprête à entamer la programmation de la soirée. Dehors, la fameuse unique allée du festival bourdonne de monde. Dès une certaine heure, se faufiler entre les festivaliers, les palmiers, les odeurs de viande grillée et les stands de nouilles devient un véritable défi. Ce qui contribue à faire monter le niveau de satisfaction une fois que le but, donc une salle de concert au planning prometteur avec de l’air climatisé en prime, a été atteint.
Aurora, voyage dans une nouvelle galaxie
La lumière se tamise, les conversations bruyantes de la foule deviennent des chuchotements presque inaudibles puis apparaît sur scène un petit bout de femme à l’apparence excentrique qui fait contraste avec ses traits de blonde candide. La jeune norvégienne, qui est pourtant relativement nouvelle dans le monde de la musique, s’est pourtant déjà fait un nom. Son univers pour le moins spécial, qui rappelle (très légèrement) celui de la chanteuse islandaise Björk, prendrait n’importe qui par les trips. La première impression est en effet une stupéfaction qui va jusqu’à devenir physique : le fait qu’une voix aussi puissante et vibrante sorte de la bouche de cette petite ingénue semble presque surréaliste et donnerait des frissons au spectateur le plus musicalement frigide. Et c’est d’ailleurs ce qui lui confère toute sa magie : une aura à la fois obscure et enfantine, aussi brutale que douce. Pour ce qui est du son, il est tout simplement hypnotique. Et la présence scénique de l’artiste contribue à faire entrer le spectateur en transe : les mouvements tantôt délicats, tantôt brusques et presque chamaniques d’Aurora Aksnes laissent bouche bée. Dans tous les cas, rares sont les musiciens qui démarrent leur carrière de façon aussi prompte et confiante. Une belle découverte et un visage à suivre, c’est le moins qu’on puisse dire.
Un souffle chaud dans le cœur en compagnie de RY X
Imaginez un homme à la carrure de bûcheron avec des mots d’amour plein la tête et une voix douce et suave pour les chanter. Voilà, à quelques détails près, la description du deuxième artiste de la soirée. Au son de sa guitare, la salle plonge dans une atmosphère intimiste et chaleureuse. On se croirait… chez soi. Au coin de la cheminée ou de la fenêtre un jour de pluie. Les bougies allumées sur scène sont celles d’un salon. La voix mélodieuse du chanteur raisonne comme rassurante et familière, comme si elle avait toujours été là. Ry Cuming nous emmène, lui aussi, dans un cosmos, mais cette fois plus introspectif. Ses compositions nous plongent au plus profond de nous-même, dans la joie comme la noirceur de l’âme. On pourrait, au premier abord, lui reprocher une certaine monotonie uniforme, mais son univers est destiné à un public qui a l’oreille et la sensibilité musicale subtiles. Expérience à vivre, rien que pour l’ambiance romantique.
M83, au rythme des sons et des lumières épileptiques
Arrive enfin la tête d’affiche tant attendue avec ses six membres. Rassemblement explosif, d’autant plus que l’artiste central, Anthony Gonzalez, évite de monopoliser l’espace contrairement à l’accoutumée dans le milieu. En effet, la pianiste et chanteuse Kalea Bratcher se fait également remarquer de par sa voix qui ponctue de nombreuses œuvres du groupe. Et Jordan Lawlor, le très charismatique bassiste, n’est certainement pas en reste. Sa présence et ses chorégraphies électriques, comparables à celles de Matthew Healy, chanteur du groupe 1975, sont souvent ce qui attire le plus l’œil durant le show. De plus, une invitée surprise, Mai Lan, était de la fête. Ayant activement participé à plusieurs titres du dernier album du groupe, qui ont été joués durant le soirée, sa présence a contribué à faire monter le taux d’euphorie de la salle. Et ce dernier a d’ailleurs explosé lorsque le titre le plus connu et acclamé du groupe, « Midnight City », a commencé à raisonner. Il n’y avait de place pour aucune déception lors de la représentation et ceux que le magazine du festival qualifie, à juste titre, de « beaux bizarres ». Cette soirée a brillé sous l’étoile des belles découvertes et des mondes musicaux uniques, entre les nouveaux prometteurs et les grands qui n’ont fait que confirmer leur éminente réputation.