Le RC Nyon domine Hermance et rejoint PLO en finale

Nyon a su défier la défense de Hermance pour s'imposer en demi-finale du championnat suisse. © Oreste Di Cristino

Agressif et conquérant, le Rugby Club de Nyon a pris la mesure d’Hermance (35-10) et s’est qualifié pour la finale du championnat majeur du rugby suisse (LNA). Ils affronteront samedi 11 juin à 15 heures au centre sportif des Cherpines Genève Plan-les-Ouates qui avait battu le Lausanne University Club la veille (lire le compte-rendu de la première demi-finale à Plan-les-Ouates). Retour en clair et en images sur la deuxième demi-finale à Colovray.

Difficile de respirer pour Hermance. Pris d’emblée au cou par une équipe nyonnaise en force, les hommes de Frédéric Dubrana n’ont pas pesé bien lourd dans la deuxième demi-finale du championnat suisse de rugby. Et pourtant, la réalité aurait pu être tout autre. En queue de classement à la trêve hivernale, Hermance a su se ressaisir et démontrer toute sa valeur, à tel point que ce n’est pas le sauvetage dans l’élite que l’équipe genevoise est venue défendre à Colovray mais bien une place en finale. Voilà un parcours bien anodin mais surtout bien épuisant : « Hermance n’avait qu’un objectif à Noël : se maintenir. Ils sont parvenus à faire beaucoup mieux en se qualifiant pour les play-offs. Mais très certainement, il y a eu de la décompression et cette demi-finale n’entrait pas dans les objectifs de la saison pour le club, cela s’est vu », témoigne Marc Bouchet, président du Servette Rugby Club et fervent supporter du rugby suisse en fin de rencontre. Finalement battus 35-10, après un dernier essai (leur seul du match par ailleurs) par leur numéro 14, Liam Kavanagh à la 80e minute, les joueurs d’Hermance sont sortis par la grande porte de leur exercice : « Sur l’ensemble de la saison, on revient de très loin. À mi-parcours nous étions dernier relégable. On a su se réveiller et on a fait le job jusqu’en demi-finale. Nous y sommes arrivés sans pression pour affronter une grosse équipe de Nyon qui nous a finalement dominé sur toutes les phases de jeu, nous empêchant de jouer au rugby. Pour moi, on a fait une très belle deuxième partie de saison et on retiendra notre énergie dépensée tout au long de cette deuxième partie de championnat, notamment avec des joueurs qui ont pour la plupart disputé tous les matches. Je tire mon chapeau à mon équipe mais aussi à celle de Nyon qui n’a pas fermé le jeu une seule fois », nous confie Frédéric Dubrana, l’entraîneur des verts et noirs. La vacance sera au moins savourée du côté d’Hermance.

Nyon dominateur dans tous les compartiments

L’engouement était grand. L’espoir aussi. Le halo de gloire qui entoure l’entier club de Nyon depuis le début de la saison s’est affirmé ce dimanche après-midi à l’occasion de sa demi-finale face aux Genevois d’Hermance. À tel point que les hommes de Patrice Philippe sont rapidement entrés dans le match en inscrivant, dès la 5e minute, un premier essai par Géraud D’Espinay Saint-Luc suite au très beau mouvement de Iain Wise qui a laissé inerte la défense genevoise. Dix minutes plus tard, après une démonstration de force aussi bien mentale que physique, le numéro 10 Maans Dye inscrit une pénalité plein axe de plus de 40 mètres. De quoi creuser l’écart au score (8-0) mais aussi les états d’esprits des 30 acteurs sur la pelouse de Colovray. « Dès le coup d’envoi, nous étions déterminés. Nous avions un objectif : gagner. Et pour y parvenir, il était nécessaire de tout de suite entrer dans le match avec agressivité tout en avançant, autant en attaque comme en défense. C’est ce que nous avons fait collectivement et cela se voit dans le résultat final », nous affirme le capitaine du RC Nyon Alfredo Burgener. Le XV d’Hermance était alors débordé, à tel point qu’à la 24e minute, une belle action collective nyonnaise – condamnant au passage les largesses défensives des adversaires – vient asseoir la domination des locaux. La connivence entre Bryan Seale (5) et Jovan Mayor (13) permet à leur équipe de mener déjà 15-0 peu avant la demi-heure de jeu grâce à l’essai du numéro 13. « Je ne pense pas qu’il y avait une différence de niveau – nous affirme Frédéric Dubrana avant de poursuivre – Seulement, Nyon a pris le match par le bon bout et ils nous ont pris en conquête. Et sans conquête, il est difficile de gagner un match, c’est indéniable. Ce qui me déçoit, en revanche, c’est la lourdeur du résultat. Ils ont donné tout ce qu’ils avaient à donner donc il n’y a pas de regrets à avoir ». Ainsi mal embarqué, Hermance a dû s’employer ensuite pour inscrire ses premiers points au compteur ; une pénalité inscrite par le numéro 11, Benjamin Grandclaudon à la 35e minute. Et pourtant, les verts et noirs en ont eu des pénalités en début de rencontre, autant d’occasions galvaudées par les pieds de Liam Kavanagh (à la 11e et 26e minute) et le même numéro 11 Grandclaudon (32e). Vu sous ce prisme, Hermance aurait même pu recoller au score : « On a trois pénalités qui sont dans nos cordes. Malheureusement, on ne parvient pas à marquer. Autant dire que si nous les avions mis à la marque, à 15-12, ce n’était plus le même match. C’était un jour sans, c’est comme ça », conclut pour sa part le coach du club genevois. Avant la pause, Nyon parviendra à un inscrire un nouvel essai par Cyril Lin (transformé par Dye à la 36e minute) ainsi qu’une nouvelle pénalité par le même numéro 10 sur les secondes conclusives du premier acte.

Le Nyonnais Edouard Progin échappe à l'hermançois Liam Kavanagh. © Oreste Di Cristino
Le Nyonnais Edouard Progin échappe à l’hermançois Liam Kavanagh. © Oreste Di Cristino

Face au public, face au destin

Lors de la seconde mi-temps, Nyon ne faiblit pas. Bien au contraire, face au flegme et aux tactiques peu fructueuses des Genevois, les hommes de Patrice Philippe et John Etheridge continuent à se frayer leur chemin vers la finale. D’entrée, le capitaine Alfredo Burgener alourdit le score sur une phase de jeu en inscrivant le quatrième essai de son équipe (43e). Après transformation de Dye (qui a inscrit pas moins de 13 points ce dimanche après-midi), la tableau d’affichage porte le score à 32-3. Et voilà que l’anti-fairplay ne viendra pas en renfort ; c’est à 14 contre 14 (et bientôt 14 contre 13) que le match se poursuivra suite aux cartons jaunes écopés par le frère Tismen Dye et Vincent Grillet-Aubert. Le numéro 17 Didier Ménard en essuiera également un quelque dix minutes plus tard. Les espaces se creusent en conséquence et il devient subitement très difficile pour Hermance en infériorité numérique de contenir les offensives nyonnaises. Toutefois en 25 minutes, Nyon n’inscrira qu’une seule pénalité par Maans Dye (60e) avant que Kavanagh ne réduise le score final (35-10) à la 80e minute. « Nyon a largement surpassé Hermance aujourd’hui. Ils étaient remontés à bloc pour finalement tenter de remporter le titre qui leur échappe depuis de nombreuses années », nous explique Marc Bouchet. Face à un public conquis, Nyon a su trouver la force pour se défaire de son adversaire du jour et s’offrir la possibilité d’un titre tant convoité samedi prochain comme nous le confirme le numéro 1 Alfredo Burgener : « La plupart du public sont des parents, des frères, des cousins ou des amis de tous les joueurs. Nous sommes un vrai groupe et c’est ce que l’on appelle la famille du rugby. Et cela nous pousse vraiment car on leur doit beaucoup aussi. C’est grâce à eux que la vie et la réussite de l’équipe soit rendue possible ». Voilà donc que Nyon jouera face à son destin aux Cherpines dans une finale loin d’être inédite. « On va profiter de la victoire aujourd’hui mais on ne va pas s’en contenter – explique le capitaine des « Pirates » avant de continuer – On veut toujours faire mieux et on va donc se donner rendez-vous à la semaine prochaine. On va donc fêter notre qualification, récupérer demain et dès mardi, on se remettra au travail ».

« Toute une saison se joue en une dernière rencontre »

Pour le président du Servette RC, Marc Bouchet le suspense reste entier à une semaine de la finale du championnat : « On a souvent des surprises quand un match est à grands enjeux comme une finale. Toute une saison se joue en une dernière rencontre où l’appréhension et la peur d’échouer sont à mesurer. Ce sera leur dernière échéance de la saison, finale de coupe exceptée, et l’objectif de tout club est avant tout d’être champion national. Ce sera un très beau match et on encourage les personnes passionnées de se rendre aux Cherpines pour assister à cette très belle finale ». Du côté des joueurs, l’excitation est la même voire même plus relevée. Mais l’attention reste à son paroxysme. Après une fin de première phase régulière en dent de scie, malgré une bonne deuxième place, les « Pirates » se devront de maintenir une concentration élevée comme nous le confie Alfredo Burgener : « On avait perdu contre LUC (ndlr, 22 mai 2016) et on s’était alors remis en question. C’est ce sur quoi nous avons travaillé lors des deux dernières semaines et aujourd’hui, notre victoire est la résultante de ce travail. Et c’est avec la même mentalité et la même envie que nous nous présenterons en finale la semaine prochaine ». D’autant plus qu’un grand historique est présent entre les deux finalistes. En effet, Genève Plan-les-Ouates et Nyon se sont déjà rencontrés trois fois cette saison, dont à deux reprises dernièrement. D’abord en match retour de la phase régulière, dominé par les « Pirates » 21-0 (ndlr, le 30 avril 2016) puis en demi-finale de coupe de Suisse remporté par les Genevois à Colovray 17-38 (ndlr, le 24 avril 2016). « Il n’y a aucun match facile. Quand nous les avions battus aux Cherpines, ce n’était pas un parcours de santé – nous confirme le capitaine nyonnais – Nous avions un boulot et nous l’avons fait. Ensuite, en coupe, on avait relâché la pression et PLO avait pris le temps de se restructurer et ils ont pris leur revanche. Nous n’étions pas prêts. Nous le serons le week-end prochain ». Tout sera une question de détermination sur la pelouse de Plan-les-Ouates le 11 juin prochain. « Plan-les Ouates a été fidèle à sa réputation et a fini sa phase régulière en première position. Donc sa place en finale est largement méritée, même si le match contre le LUC était plus difficile que prévu. Mais ils ont trouvé la force pour dépasser l’obstacle et ce sera un très beau finaliste, tenant du titre. Ils auront une belle partie à jouer samedi prochain s’ils veulent se défaire de Nyon, deuxième de la phase régulière. Ce sera donc une finale espérée entre le premier et le deuxième. Une finale logique », se livre Marc Bouchet pour qui le calendrier est encore chargé, non plus en tant que Président de club mais avant tout en tant que supporter : « Servette est un club suisse donc dès que d’autres clubs de la région jouent, on vient les voir. Je ne suis pas le seul ; il y a beaucoup de joueurs du Servette qui sont venus supporter, pour certains, leurs anciennes équipes ou leur confrères ». Voilà donc que toute la communauté du rugby suisse sera présente le week-end prochain pour rendre grâce à la finale du championnat de LNA. Un moment à ne manquer sous aucun prétexte.