« Peinture sur chevaux » ou quand Blaise fait du Bersinger

Blaise Bersinger. Source: blaisebersinger.com

Blaise Bersinger est un atypique. Auteur de son nouveau spectacle « Peinture sur chevaux » qu’il est venu présenter au Lido Comedy & Club de Lausanne, le jeune humoriste – produit par Sébastien Corthésy et membre du groupe « Carac Attack » – réserve bien des surprises à son public. Accrochez votre ceinture, Blaise vous fait voyager dans le monde des médias. Enfin, à sa sauce.

Sans doute, avec seulement 15 dates à son actif avec son spectacle « Peinture sur chevaux », Blaise Bersinger devra encore peaufiner les détails de son seul en scène. Une première en février 2016, le jeune humoriste s’emploie depuis quatre mois (bien qu’il n’ait eu qu’une seule date en avril et aucune en mai) à surprendre le public romand par son ingéniosité et sa verve artistique dans sa tout récente création. C’est donc au Lido Comedy & Club de Lausanne que Blaise Bersinger a atterri ce vendredi soir 3 juin face à une salle comble et conquise. Une première (mais aussi une dernière) pour le jeune talent dans cette salle typique de la rue de Bourg. Ému, il ne peut qu’en regretter sa fermeture : « Cette salle est mythique avec son charme et son esprit qui lui est propre. Thomas (Lécuyer, le programmateur, ndlr) est vraiment super et je suis content d’avoir pu commencer ici. Et du coup, je suis triste que ça disparaisse. J’espère qu’il y aura une suite dans le Lido II ». Encore faut-il que ce « Lido II » voie le jour après le 25 juin 2016 (date de la dernière représentation au Lido). Mais d’ici là, les épisodes humoristiques sont encore à écrire avant que le rideau ne tombe définitivement rue de Bourg à Lausanne.

Quand Blaise fait du Bersinger

Chez Blaise Bersinger, il y a la volonté de se démarquer dans ses gestes, dans son flegme, dans sa mouvance et dans son esprit. Le Lausannois l’assume sans retenue sur scène. Son expérience à la radio et ses talents pour l’improvisation le poussent à entreprendre dans la voie choisie, à mille lieues du récit et du stand-up et pour ainsi dire du prévisible : « Au début, je n’aimais pas le stand-up et puis j’ai appris qu’il y a des humoristes qui savent en faire et d’autres qui ne savent pas. J’ai alors un peu changé d’avis par rapport au stand-up mais je n’ai pas pour autant changé mes orientations. Je préfère jouer plutôt que raconter ». Son producteur Sébastien Corthésy confirme d’ailleurs les dires de l’artiste tout en saluant le progrès et la confiance que le jeune humoriste a acquise lors de ses premiers mois de rodage de son spectacle : « Blaise avait très peur de faire ce qu’il ne voulait pas faire, le stand-up. Et tout ce qui pouvait s’en rapprocher – des idées de génie qu’il avait et qu’il a toujours – il les repoussait catégoriquement. Et en quelque sorte, avec le temps, il s’est accepté un peu plus sur scène. Son humour est exactement le même qu’au début mais il a tendance à assumer plus ce qu’il fait ». Son visage très apaisé reste pourtant le même sur scène comme à l’extérieur. Blaise aime faire le fou mais il n’extrapole pas pour autant sa propre personnalité ; il est calme et déchaîné, sur les planches et dans les airs, absurde et réaliste à la fois mais surtout il se veut rester très imprévisible. Autant dire qu’avec son spectacle « Peinture sur chevaux », l’objectif est atteint : « Je préfère surprendre les gens plutôt que de les prendre par la main, ce que fait parfois le stand-up. J’aime aller dans la folie. Je fais une sorte d’absurde ou plutôt du décalé qui surprend le public ». En somme, il « déverse ce que j’ai à déverser ». Et pour être fidèle à lui-même, le jeune talent du collectif Carac Attack écrit peu et son spectacle le prouve.

« J’aime m’octroyer des moments où je n’ai pas besoin de tout planifier »

« Il n’y a pas grand chose qui est à proprement écrit sauf les scènes qui sont synchronisées avec une bande son. Je n’écris jamais mot pour mot parce que ce serait se priver d’un éclat de bonne idée qui vienne sur le coup. Je préfère me libérer du texte et improviser par moments », nous raconte-t-il à la fin de sa représentation au Lido ce vendredi soir. Cependant, le jeune humoriste évolue et mature également sur scène comme nous le confirme Sébastien Corthésy : « Avant, Blaise refusait d’écrire les blagues drôles qu’il produisait, sous prétexte que son spectacle était entièrement de l’improvisation. Et, de plus en plus, ses sketches sont écrits et c’est pour cela qu’ils sont excellents aussi ». Mais pourtant, comble de paradoxe, semble-t-il que Blaise est un garçon très organisé qui aime planifier, seulement « j’aime m’octroyer des moments où je n’ai pas besoin de tout planifier ». Voilà qui est particulier tout en révélant sur scène le très grand talent du jeune homme. Se servant de l’improvisation comme une béquille à toute circonstance – le problème technique survenu au milieu de son spectacle au Lido en est un très bon exemple – Blaise ne se prive de rien. Nous amenant dans un univers où les médias sont parodiés très intelligemment, l’humoriste parvient toutefois à maintenir un fil conducteur très pragmatique dans son one man show ; ce qu’il nomme « la prise d’otage du discours ».

« De la prise d’otage du discours »

Voilà que Blaise aime changer les médias et la télévision : « La télévision est très facilement « parodiable ». La plupart de mes idées sont basées sur la prise de parole, c’est-à-dire les moments un peu ennuyeux dans lesquels une personne parle et une autre est obligée de l’écouter. C’est la prise d’otage du discours. C’est un peu absurde dans l’absolu ». Et de cet absurde, Blaise parvient à en extraire l’hilarité de son assistance. Lors de la scène – censée être finale – des remerciements à son équipe de tournée, l’humoriste parvient à extriquer sa créativité d’une scène sommes toutes assez banale. Et il s’avoue très inventif – « remerciements au PPLLRRB, parti parti libéral libéral radical radical des bègues ». Il fallait la sortir ! Tout est dans la finesse et la surprise, ce à quoi Blaise s’emploie depuis ses débuts. Mais l’humour auditif est aussi très présent. Avec la radio transition, censée servir – comme son nom l’indique – de transition, le jeune humoriste ajoute dans son spectacle tout son héritage et son expérience de la radio : « J’aime beaucoup le montage audio, je travaille à la radio. Mes premiers mandats humoristiques étaient des chroniques radiophoniques. Ça aurait donc été un mensonge de ne pas mettre de blagues audio dans mon spectacle. Ce serait me dénaturer », plaisante-t-il. Blaise a donc mis du Bersinger dans son spectacle.