Johan Djourou : « De très belles références dans le jeu proposé »

Johan Djourou (à gauche) au duel face à Kevin De Bruyne lors de Suisse-Belgique samedi après-midi. © Oreste Di Cristino

La Suisse a effacé ses deux contre-performances du mois de mars. Face à la Belgique, elle séduit mais ce n’est pas assez pour s’imposer (1-2, lire l’article). Johan Djourou appelle au maintien de la concentration et au travail assidu pour espérer passer un été fructueux en France pour l’Euro 2016. Interview avec le pilier de la défense centrale suisse au terme de la rencontre du Stade de Genève.

Une excellente première mi-temps face à la Belgique, c’est ce qu’il faut retenir de cette rencontre ?

Je pense qu’il y a eu énormément de choses positives durant ces premières 45 minutes. L’équipe a bien réagi par rapport aux dernières sorties (ndlr, à Dublin, défaite 1-0 et à Zürich face à la Bosnie, défaite 2-0) qui avaient fait beaucoup de bruit au mois de mars. Mais on est aussi déçus parce qu’on avait les moyens de passer l’épaule ou du moins de faire match nul. De plus, on perd un homme en fin de rencontre (ndlr, carton rouge à Seferovic à la 81e), ce sont des choses qui arrivent. Dans l’ensemble, l’équipe a démontré un vrai visage ce soir et c’est de bonne augure pour la suite. Cela nous redonne de la confiance. On a aussi beaucoup travaillé la semaine passée ; chacun s’est attelé à son propre entraînement avec des jambes parfois lourdes. Mais on est en quelque sorte parvenus à aller au-delà de la difficulté physique. On a livré une performance d’équipe qui avait manqué au mois de mars et c’est ce qu’il faut retenir aujourd’hui avec nos occasions procurées, même si on perd au terme du match et que cette défaite nous restera un peu au travers de la gorge. Il ne faut pas oublier non plus que l’on a joué contre l’une des meilleures équipes du monde et le résultat n’est de loin pas mauvais. Les deux équipes ont eu un petit coup de mou après la pause. Je pense que c’est normal avec la chaleur battante et le travail livré par les deux parties en camp d’entraînement cette semaine (ndlr, la Belgique était à Lausanne pour son stage). Le match avait une très bonne intensité mais aussi beaucoup de qualité. La Belgique, avec les joueurs qu’ils possèdent et nous avons, je pense, offert un beau match et un beau spectacle pour les supporters.

Ce que vous avez démontré ce soir à Genève prouve que votre camp à Lugano a été restructurant…

Bien sûr ! Notre stage à Lugano a fait le plus grand bien à tout le monde. Pour nous, en tant qu’équipe et en tant que joueurs, nous avons pu dans un premier temps, chercher nos limites puis dans un second, de tenter de les dépasser. Aujourd’hui, on l’a fait même si ce n’était pas facile parce qu’il faisait très chaud. Dans l’ensemble, il y a énormément de positif dans notre performance collective ce soir.

Que faudra-t-il améliorer avant l’échéance continentale ?

Je pense que l’on peut toujours tout améliorer. C’est un propos général parce qu’on a toujours le temps de tout améliorer. C’est ce qu’il faudra faire pour pouvoir toujours se présenter au top face à nos adversaires lors de l’Euro. Ce sont des tournois que l’on vit une fois dans notre vie donc il faut être prêt tout de suite. On a tous de longues séances dans les jambes mais l’objectif personnel et surtout national est conséquent. On se donnera donc tous la chance pour pouvoir être préparés au jour J. Selon moi, tels que nous sommes actuellement, il y a beaucoup plus de positif que de négatif.

Vous aborderez l’Euro de manière un peu plus cachée, ce n’est pas plus mal finalement…

On a démontré de grandes choses en Coupe du Monde au Brésil et nos adversaires savent aussi ce dont la Suisse est capable de faire. Mais il est vrai que les attentes sont sensiblement moins grandes cette année et pour nous, ce n’est absolument pas négatif ; cela nous permet de travailler en toute tranquillité sans pression. Cependant, n’oublions pas que nous avons de grands objectifs pour le prochain Euro et que pour les réaliser il va falloir travailler et continuer à peaufiner les détails de notre jeu. On arrivera avec une grande équipe quoi qu’il en soit. Il sera nécessaire de tenter de nous qualifier lors des deux premiers matches de poule pour aborder le match de la France avec moins de tension. On se concentrera vraiment étape par étape et la première, c’est l’Albanie. On connaît l’importance de bien commencer un tournoi et donc ce seront les trois points que nous viserons d’emblée.

Vous avez partagé la défense centrale avec Philippe Senderos, comment avez-vous senti votre collaboration ?

C’était très bien. On a fait une très belle première mi-temps à mon avis. On prend malheureusement un but maladroit. C’est dommage parce que si l’on parvenait à maintenir l’avantage à la mi-temps, le mental aurait été différent en seconde. Ce premier but encaissé est sans doute le plus rageant et le plus difficile à accepter. On avait bien commencé et la Belgique n’avait pas réellement porté danger à notre but avant cette erreur. Parfois, il faut savoir prendre des risques devant le but et dégager le ballon au-dessus de la barre transversale. Ensuite, le coup de grâce a été porté par l’expulsion de Seferovic (82e) et, dans un contexte d’infériorité numérique, des joueurs comme De Bruyne qui ont une très grande classe, parviennent à faire la différence. Mais le positif de notre performance collective prime sur le reste. Dans l’engagement et dans le jeu proposé, il y a de très belles références. C’est de très bonne augure et on a encore quelque deux semaines pour les affiner.

(interview collective)