Alex Roy est-il unique en son genre ? Avec une énergie sans limite et un humour détonant, le Québécois a présenté un spectacle en toute simplicité pour ses premières sur les planches du Lido Comedy & Club de Lausanne ce vendredi et samedi soir. En compagnie d’anecdotes bien ficelées et d’un talent pour la « beat box » impressionnant, Alex a séduit, une nouvelle fois, le public suisse 24 heures après avoir emballé la scène du Casino-Théâtre à Genève. Rencontre avec le phénomène prometteur de l’humour.
Présent au Casino-Théâtre de Genève pour le Festival du Rire jeudi soir et présent également ce week-end au Lido Comedy & Club de Lausanne, comment se passe ta petite tournée en Suisse ?
Elle se passe très bien. J’ai bien aimé les réactions du public à mon égard aussi bien à Genève qu’ici à Lausanne; un public réceptif et sympathique. Des représentations très positives dans l’ensemble même si j’avais présenté une version un petit peu plus courte à Genève. Mais disons que dans l’ensemble, je commence à m’habituer à la Suisse. Je me dis qu’il me manque juste de faire un passage à Montreux pour avoir fait un tour assez complet dans le pays (ndlr, Alex était présent également au Festival Morges Sous Rire en 2015). Si d’autres lieux souhaitent m’accueillir en Suisse ou ailleurs en Europe, je serai présent.
Certains passages de ton spectacle – comme les scènes au camping ou lors du mariage de ton frère – sont de réelles trouvailles artistiques; des histoires parfois surréalistes mais toujours très réfléchies dans l’ensemble. Ce sont de vraies anecdotes ?
Tout est toujours tiré du vécu. Mon frère s’est vraiment marié même si les conditions et le contexte de son union que j’ai retranscrits ce soir sont quelque peu extrapolés. Mais il y a toujours de réels fonds de vérité dans ce que je raconte. J’aime en rajouter.
Ton spectacle serait parfaitement ajusté pour une émission de radio. Même s’il est vrai que certains passages et certaines mimiques sont visuellement très drôles, il en ressort pas moins que ton style et ton humour – caractérisé par de nombreux bruitages comme les prestations de « beat box » – se prêteraient bien à la radio.
Mon style n’est pas vraiment répandu au Québec. Je trouve que les contributions sonores ajoutent une énergie rythmée et particulière au spectacle. Cela donne un vrai côté Entertainment. Tant mieux si les gens apprécient ce nouveau type de contributions théâtrales.
Cela fait combien de temps que tu joues ce spectacle ?
Pour être sincère, je ne joue jamais le même spectacle. Mes apparitions sur scène diffèrent toujours. J’ai beaucoup de matériel et beaucoup d’idées. Et lors de ma venue en Suisse, il a fallu que je m’adapte au contexte et au lieu et j’ai regroupé tout le contenu qui avait une portée plus universelle. Il est vrai que j’ai de nombreux numéros très intéressants mais dont la réceptivité n’était pas assurée hors du Québec. Ainsi, partout où je vais, j’adapte sans cesse mon numéro pour le rendre accessible à mon public. De plus, de manière générale, je n’aime pas faire toujours la même chose.
Cela valide ma pensée initiale. Il est vrai que tu as un spectacle qui est assez déconstruit dans l’absolu, sans véritable fil rouge. Mais tes contributions auditives colmatent avec professionnalisme ce qui pourrait être une imperfection pour certains ou une marque de fabrique assez américaine et américanisée pour d’autres.
Je suis vraiment dans le « stand-up », au sens américain du terme, ceci dû principalement à mes influences américaines de États-Unis. Il est vrai qu’en France et en Europe, cette tendance s’exporte peu à peu mais reste dans des configurations très théâtralisées. Toujours est-il que j’aime le style « stand-up comedy »; on part d’une idée pour en terminer sur une autre sans fil conducteur apparent. Peut-être, cependant, qu’il y en aura un dans le futur, dans un autre style d’écriture mais pour l’instant, je fais tout simplement rire les gens. Cela fait maintenant dix ans que je me produis sur scène même si mon tout premier spectacle n’était pas réellement pris au sérieux. Disons que cela fait cinq ans que je me produis sur les planches québécoises à temps plein et quand j’ai l’occasion de m’exporter en Europe pour y présenter ce que je sais faire, cela me fait toujours plaisir.
Il n’est pas fréquent de recevoir des humoristes Québécois dans nos salles et théâtres en Suisse même si l’on en voit quelques uns de temps en temps. Au début de ton stand-up ce soir, tu préviens d’ailleurs l’assistance de ton fort accent. Est-ce difficile de contenir certaines expressions et d’assouplir certaines intonations de voix une heure durant pour ton public ?
C’est surtout l’utilisation de certains mots qui peuvent parfois faire défaut. J’ai travaillé avec un ami français qui m’a poussé à adapter mon vocabulaire pour le public francophone européen. Cela dit, j’essaie de temps en temps de garder ma couleur québécoise tout en essayant d’assouplir certains passages qui pourraient détoner pour des spectateurs français ou suisses. J’espère revenir très vite.