Jessie Kobel a « Get up, stand up » le Lido

Jessie Kobel tel que sur l'affiche de son nouveau spectacle.

Pour la première date lausannoise de son spectacle « Get up, stand up », Jessie Kobel, 22 ans, séduit par sa fraîcheur et son envie sur scène. Hier soir, il a alterné avec brio les blagues de bon et mauvais goût, et, encore plus impressionnant, a mélangé les genres musicaux au piano et à la guitare. Passer de Gilbert Montagné à Ray Charles est facile pour le sociétaire du Swiss Comedy Club, et surtout pour faire rire. Ce travail abouti, il dit le devoir à Ivan Madonia qui lui a ouvert les portes du stand up romand et Christian Savary, avec qui il a écrit son spectacle. Il fêtait également ses six ans de scène. Joyeux anniversaire l’artiste !

Le public t’as vu très ému en fin de spectacle. Comment as-tu vécu cette soirée ?

J’avais beaucoup de pression. J’avais déjà fait quelques dates en Valais et dans quelques salles en Suisse romande. J’ai un peu reficelé le spectacle pour être prêt pour le public lausannois. Je me suis senti très bien et en fin de spectacle, j’étais très ému ; c’était la première fois que j’ai eu des émotions qui m’empêchaient de parler. C’est difficile d’avoir les mots, mais je crois que le public était content, alors moi aussi !

T’es-tu senti à l’aise pour cette deuxième version de ton spectacle, et en es-tu satisfait même s’il te reste d’autres dates qui peuvent laisser place à quelques changements si ce n’est pas le cas ?

Oui, bien sûr [ndlr : qu’il y aura des changements] ! Quand on fait du stand-up à gauche à droite dans des Comedy Clubs et des petites salles, on a l’habitude de jouer cinq à dix minutes or le challenge c’est de jouer une heure. Dans la première version, il y a trois ans, j’avais mis toutes mes meilleures blagues et dans cette deuxième version j’ai enlevé tout ce qui était en dessous et rajouté des nouveautés comme les parties musicales. Mais le spectacle va encore évoluer, et ce soir je sais ce que je vais retirer. Les confettis n’étaient pas tellement pour me sauver, c’était un effet comique voulu sur des blagues plan-plan et des jeux de mots. Ça m’a rassuré de voir qu’à chaque coup de confettis, ça marchait !

Tu parles beaucoup de toi, de ton père, et tu mets en scène tes talents. Est-ce quelque chose de difficile à évoquer pour toi ? Car cela peut dépendre de chaque humoriste.

J’ai plus de facilité de me « clasher » moi-même plutôt que de parler des autres. Ce n’est pas dans ma nature de parler des autres, de chercher leurs failles et de les critiquer. Je ne parle pas vraiment de moi dans le spectacle mais du fait que j’ai l’air plus jeune et de mon père qui est connu dans son milieu. Je n’ai pas de thème de prédilection, mais j’ai des idées que je mets à la suite de manière qu’elles se suivent dans un ordre logique. Si je pouvais plus blaguer sur moi, même si c’est le plus dur, je le ferais sans hésiter. Cela fait plusieurs semaines que j’y travaille avant que je vieillisse. Je crois qu’il y a un créneau par là !

Un des thèmes du spectacle est le cannabis. C’est un sujet qui n’est pas souvent traité par les humoristes, mais tu ne t’es pas du tout autocensuré. Ce soir il y avait une majorité de jeunes, et cela convenait bien à la salle. En revanche, penses-tu que pour un humoriste ayant une large audience c’est plus difficile et qu’il y a un risque de mettre de péril sa carrière ?

Non, je ne pense pas. Jean-Marie Bigard ne s’est pas gêné sur le sexe, avec des blagues très sales. Certains humoristes parlent d’alcool, et ce n’est pas un sujet qui choque. Je n’incite personne à fumer du cannabis, mais personne n’en parle. En même temps, je n’ai jamais dit que je fumais, je mets tout sur le compte de mon père. J’ai fais plusieurs fois les premières parties d’Anthony Kavanagh, un humoriste qui tape sur tout, et mes blagues sur le cannabis ont fait rire. Par contre, quand j’ai fait la première partie de Gad Elmaleh, on sentait que les parents étaient gênés quand ils étaient venus avec leurs enfants. Je ne veux pas forcément faire un humour tout public.

Quels sont les humoristes qui sont tes références et t’ont donné envie de monter sur scène ?

Dans l’ordre : Charlie Chaplin, Louis de Funès, Mister Bean et – je sais que c’est un peu cliché, mais il a concerné toute ma génération – Gad Elmaleh avec son spectacle « L’autre c’est moi ». Je n’ai pas une meilleure référence, c’est comme mes amis, je n’ai pas un meilleur ami mais plusieurs. J’aime beaucoup Anthony Kavanagh, Frédéric Recrosio, Thierry Meury. Il y a même des humoristes que je n’aime pas qui peuvent me faire rire pour un sketch. Je suis quand même assez rétro. J’aime bien les références vintages musicales, les vieilles voitures ou les couleurs funky d’autres époques. J’aurais bien vécu dans les années 1970. En revanche, je ne m’intéresse pas assez aux humoristes américains. Ma génération ne jure que par Louis C.K. et Eddie Izzard, et il y a même eu des grand humoristes français qui les ont plagiés! Maintenant cela se fait moins parce qu’il y a internet.

Comme tu le sais, le Lido va fermer cet été. Une réaction sur cette « tragédie » pour la scène lausannoise ? (ydc)

C’est vrai, c’est une tragédie ! Comme je l’ai dit sur scène, Thomas Lecuyer a fait énormément pour l’humour lausannois. Il a ouvert une salle pour varier de Beausobre ou Beaulieu qui avaient toutes les grandes têtes d’affiches. Il y a pleins d’artistes parisiens qu’on rêvait de voir, et il a réussi à attirer de grands artistes qui ont donné du renom à la salle. On est tous très content d’avoir joué ici pour notre CV. Avec le Swiss Comedy Club, on est très déçu que ça ferme car on sortait de cinq ans au Bleu Lézard où la salle devenait trop petite. Mais attention, Thomas Lecuyer n’a pas dit son dernier mot !