Neuchâtel Xamax a frappé un grand coup au Stade de la Maladière en corrigeant le FC Wohlen 4-0. Supérieurs sur tous les aspects, les hommes Michel Decastel ont néanmoins dû attendre la fin de la première période pour libérer le score avant de dérouler en seconde. Retour sur une rencontre sans histoire.
« Difficile d’être plus heureux que ce soir » affirme Laurent Walthert en fin de rencontre à la Maladière. Son équipe vient en effet de brutaliser le tableau d’affichage en inscrivant quatre buts de sang-froid face à un FC Wohlen, très nettement diminué. Plus large vitoire qui coïncide avec le constat de Michel Decastel du « meilleur match de la saison ». Difficile de faire mieux, disons-le ; avec un doublé de Charles-André Doudin (41e et 58e), l’opportunisme de Dante Senger (66e) et le pénalty de Max Veloso (77e), c’est un super-Neuchâtel Xamax qui a littéralement sanctionné avec prestance les hommes de Martin Rueda. Et pourtant, rien n’était gagné d’avance. Avec quatre blessés, comprenant Samuel Afum (douleur abdominale), Kiliann Witschi (genou fragile) et Bastien Oberli, l’effectif de Decastel n’a pas été aisé à composer. Une litanie après le diagnostic rendu à Mehdi Challandes qui devra s’absenter jusqu’à la fin de la saison. La cause : un orteil fracturé nécessitant vraisemblablement une opération. Pour le capitaine xamaxien, le verdict est dur mais il faut aller outre la mauvaise nouvelle : « Malheureusement, cela fait partie du métier. Quand on a appris la nouvelle, nous étions tous déçus, pour lui et pour nous qu’il ne puisse pas terminer la saison avec nous. Mais il continue à faire partie du contingent et il est parmi nous au quotidien dans les vestiaires ». Ainsi, réduit par les blessures, c’est avec une défense remodelée que Neuchâtel Xamax FCS a entamé la rencontre face à Wohlen ; Cédric Zesiger endossera la responsabilité de la défense centrale aux côté de Sejmenovic, alors que Mickaël Facchinetti parfera sa deuxième titularisation depuis son arrivée du côté de la Maladière.
Wohlen de retour à l’école
Une énormité concédée aux adversaires, bien plus que quatre buts et une infériorité numérique. Pour les hommes de Martin Rueda, épargnés en première mi-temps par des Neuchâtelois encore peu percutants – « ça m’a agacé », confie l’entraîneur neuchâtelois qui espérait mieux de ses joueurs durant les premières 45 minutes – la deuxième fraction de la rencontre a été perçu tel un réel calvaire. Si les avancées et les débordements de Ronny Minkwitz et Nico Abegglen (avant d’être expulsé à la 55e minute pour un tacle très en retard par l’arrière sur Chadrac Akolo) pouvaient être incisifs, c’est au niveau défensif que les manquements ont été les plus nombreux. Fébrile – pour ne pas l’accabler davantage – la défense centrale argovienne, incarnée par Marko Muslin et Nicolas Bürgy, a laissé une autoroute sans péage pour l’offensive xamaxienne. Pas meilleures conditions pour qu’Akolo et compagnie saisissent les nombreuses opportunités offertes. En témoigne cette action (37e) peu avant l’ouverture du score de Doudin ; ce dernier, muselé par le duo de la défense centrale, parvient avec aisance à adresser un ballon insidieux à Senger sur le couloir droit qui se retrouve par conséquent en duel avec le gardien. Bien qu’aucun défenseur adverse ne vienne attaquer sur le porteur du ballon, le but est évité de justesse par une prousse de Joel Kiassumbua qui détourne en corner. De nombreuses largesses qui ont permis aux hommes de Michel Decastel d’asseoir leur domination sur toute la durée de la rencontre. Isolé par sa propre charnière défensive, Kiassumbua a néanmoins été le meilleur homme de son équipe, parvenant à plusieurs reprises à retarder l’échéance du premier but pour Xamax en première période : « On aurait pu mener 2, voire 3 à 0 à la mi-temps. Les choses auraient été plus simple dès le début. Or, on a encore dû se risquer à une deuxième période – avoue Michel Decastel en zone mixte avant de continuer – Wohlen est une équipe qui sait jouer au ballon et possède quand même quelques bonnes individualités telles que Ianu qui peut surgir à tout moment ». Finalement, malgré un début de match attrayant dans le premier quart d’heure, Wohlen a profondément dessalé par la suite, jusqu’au naufrage lors de la deuxième fraction de la rencontre.
Neuchâtel Xamax FCS en quatre actions
Quatre pertes de balles – rendant Martin Rueda dans tous ses états – quatre accélérations, quatre buts. L’équation n’est guère plus simple. L’erreur de coordination défensive pouvait paraître accidentelle sur le premier but mais, malheureusement pour Wohlen, celle-ci a été légion tout au long de la partie. De quoi sérieusement handicaper la croissance des Argoviens. Décalé sur le côté droit, couloir de prédilection pour le développement des actions neuchâteloises, Akolo est rapide et ses gestes techniques témoignent d’une simplicité déconcertante. Mais surtout, démarqué, le Congolais peut aisément adresser un ballon raz-terre à Charles-André Doudin dans l’axe qui n’a plus qu’à tromper Kiassumbua d’un tir dans le petit filet. Enfin, Xamax concrétise en cette fin de première période (41e) ; enfin car Neuchâtel tire beaucoup mais transforme peu, sans doute là son point faible. Déjà à Bienne, les rouges et noirs s’étaient montrés – relativement certes – peu décisifs dans les derniers mètres adverses. Cependant, pas de quoi s’inquiéter ; Neuchâtel Xamax valide ce samedi soir sa douzième victoire de son exercice et satisfait son capitaine: « On a fait une démonstration tout en qualité et de cœur ce soir. On a manqué beaucoup d’occasions dans les premières 45 minutes mais certains de nos joueurs se sont libérés dans la deuxième partie. Super résultat, super public donc une super soirée ».
Le festival xamaxien a vraisemblablement débuté après la pause. Dès l’heure de jeu atteint, le contingent rouge et noir est parvenu à doubler la mise. L’action naît – encore une fois – des développements de Marco Delley sur le couloir droit. À nouveau éliminé par le latéral xamaxien, Kleiner perd l’instant et, surtout, sa lucidité dans l’action. Le centre du numéro 19 est précis et trouve Doudin, isolé et décisif en conséquence. Passé entre les mailles du filet de Bürgy et Muslin – une fois n’est pas coutume – le milieu de terrain neuchâtelois peut sans complexe adresser une tête décentrée qui cloue Kiassumbua sur sa ligne de but.
À mi-chemin de son parcours, Neuchâtel Xamax se délivre véritablement grâce au doublé de son numéro 10. En revanche, pour Wohlen, c’est la décontenance. Rien n’est pour s’arranger, Marijan Urtic manque de substance et de clairvoyance face à Facchinetti qui a disputé ce match en véritable titulaire. Sur l’autre front, Cristian Ianu, retrouvé seul à la pointe de l’attaque suite à l’expulsion de Nico Abegglen, a fait preuve de transparence avant d’être remplacé par Augusto Lotti peu après l’heure de jeu (64e). Sans doute pas assez pour renverser la tendance car trois minutes plus tard, sur un centre de Chadrac Akolo, Dante Senger profitera de l’immobilisme de Nicolas Bürgy pour réaliser sa tête plongeante à bout portant et réaliser le 3-0. De plus, comble d’une soirée néfaste pour l’arrière-garde argovienne, Olivier Kleiner tacle en retard sur Marco Delley dans la surface de réparation (77e) ; de sang-froid, le pénalty est transformé par Max Veloso validant un super-4-0 à neuf journées du terme du championnat. Sur la plus mauvaise marche du podium depuis la 22e ronde de Challenge League, Neuchâtel Xamax ne semble – définitivement ? – plus combattre contre la relégation : « Je pense que le maintien est dans la poche mais on verra. On essaiera de toute manière de faire le plus de points possibles jusqu’à la fin », conclut Michel Decastel .
Laurent Walthert, gardien et capitaine de Neuchâtel Xamax FCS
« Depuis 2016, nous n’avons eu qu’une petite perte de régime lors de notre déplacement à Wil mais cette défaite est anecdotique. Depuis notre camp à Marrakech du mois de janvier, nous avons pris conscience de la qualité de notre effectif. Nous avons bénéficié de renforts qui nous ont apporté de la qualité, du professionnalisme mais aussi de l’envie parce que ce sont des joueurs qui rongeaient leur frein dans leurs anciens clubs respectifs. Ensemble, nous les avons accueillis à bras ouverts et ils se sentent bien dans notre famille xamaxienne. Nous travaillons dur la semaine et nous sommes récompensés le week-end. Donc pourvu que ça continue ! »
Freddy Mveng, milieu de terrain de Neuchâtel Xamax FCS
« Nous sommes dans une période où nous prenons très peu de buts. Mis à part notre déplacement à Wil, il n’y a pas eu un match parmi nos dix derniers disputés dans lequel nous avons été inférieurs à l’adversaire. Nous sommes dans une bonne période et si on continue comme ça, nous n’avons pas de souci à nous faire pour la fin de la saison. Nous n’avons pas réellement la marge pour pointer Wil et Lausanne. À ce stade de la compétition, nous devons tout de même continuer à regarder derrière nous afin de nous assurer de notre position. Mais, encore une fois, nous sommes dans une bonne dynamique et chaque match est différent donc nous devons le prendre un par un et maintenir une qualité de jeu qui nous permettra de rester tranquilles jusqu’en juin ».