De l'Aviva Stadium, Dublin (Irlande)
À quelques semaines de l’échéance continentale en France, l’équipe de Suisse a fait pâle figure à Dublin face à l’Irlande en s’inclinant sur le plus petit des scores (1-0). Cependant, outre le résultat, c’est la faible qualité de jeu et le petit esprit démontré sur le terrain qui frustre. Retour sur un match à oublier pour les hommes de Vladimir Petkovic.
Sans commentaire. C’est comme tel que l’équipe de Suisse a résumé sa venue à Dublin, en esquivant la presse au sortir de l’Aviva Stadium. Loin du jeu moderne prôné la veille en conférence de presse, les hommes de Vladimir Petkovic ont livré une prestation mitigée face à une équipe d’Irlande en confiance. Et il n’aura pas fallu beaucoup de temps pour que le match ne bascule sous la maîtrise irlandaise; après deux minutes de jeu – seulement – un corner précis de Robbie Brady désorganise la défense suisse peu en alerte en entrée de match. Shane Duffy, marqué de loin par Timm Klose, parvient à adresser sans difficulté une passe de la tête à Ciaran Clark, qui trompe Yann Sommer du chef, lui aussi. Un but d’équipe et un but de valeur pour le sélectionneur Martin O’Neill car celui-ci met à l’action deux joueurs ayant été relativement peu alignés durant la campagne de qualification victorieuse de l’Irlande en vue de l’Euro 2016. Shane Duffy – n’ayant joué aucun match qualificatif – et Ciaran Clark, n’ayant eu de temps de jeu que lors de la double rencontre des play-off face à la Bosnie-Herzégovine, ont sans cesse porté danger à la stabilité défensive de l’équipe de Suisse. Des bons signes en vue de l’échéance européenne. Toutefois, ce succès face à la Nati n’aura pas été accompli sans bémol pour la communauté irlandaise; la blessure de Kevin Doyle à la 23e minute de jeu, lors d’un contact avec Timm Klose, est quelque peu venue ternir la soirée des supporters de l’Eire. Sorti sur civière et sous les applaudissements de l’ensemble de l’Aviva Stadium, l’attaquant de 32 ans pourrait aussi bien manquer – un problème de taille pour l’organisation de l’équipe – l’ensemble des matches de préparation pour l’Euro que la compétition elle-même en France. Un coup dur qui vient ponctuer une douce soirée pour les hommes de Martin O’Neill.
Une Suisse en manque de coordination
Difficile de ne pas ressasser le cas « Inler » quand, à Dublin, l’équipe de Suisse démontre être en perte de vitesse. En manque de coordination – et de leader au milieu de terrain, disons-le – les hommes de Vladimir Petkovic ont souffert tout l’ensemble de la première période avant une mince éclaircie en deuxième. Fébrile dès les premières minutes de jeu, c’est une défense peu impliquée que la Suisse a livrée tout au long de la rencontre. En témoignent, d’abord le mauvais marquage de Fabian Schär sur la double occasion de Shane Long à la 37e minute. Sur le bon décalage de Daryl Murphy sur l’aile droite, ce dernier parvient à ajuster un centre pour l’attaquant du Southampton qui peut aisément frapper de la tête. La sphère s’écrase sur la barre transversale de Sommer. Pourtant marqué au corps par le défenseur suisse, Long parviendra à tirer une deuxième fois de suite – toujours du chef – en direction du but. Une rigueur latente de la part du numéro 22 qui sera suivie, à la 41e minute, d’une nouvelle occasion irlandaise sur corner. Servi au deuxième poteau, Alan Judge parvient, sur une nouvelle largesse de Schär, à mettre en péril (également de la tête) le but suisse. Le ballon s’estompe sur le fond alors même que le gardien semblait battu. Deux épisodes marquants qui pointent l’écueil défensif de cet effectif. C’est ainsi que, démontrant une attractivité limitée à l’Aviva Stadium, la Suisse déçoit. Et elle le fait malgré le bon esprit de deux de ses joueurs emblématiques: Breel Embolo et le capitaine du soir, Valon Behrami. Disposé en attaque en compagnie des ses coéquipiers Haris Seferovic et Admir Mehmedi, le Suisse d’origine camerounaise a démontré un volontarisme certain à Dublin. En dépit des nombreuses difficultés à repartir vers l’avant dans les premières minutes de la rencontre – dû au pressing haut et efficace de l’Irlande – le manque de coordination offensive des hommes de Petkovic a été ponctué des bons mouvements de balle d’Embolo sur les couloirs, l’homme fort de cette équipe, soutenue également par le travail soigné de Behrami. Une touche positive pour l’ensemble du contingent, plongé dans un profond silence ce vendredi soir.

Un match à oublier, un rendement inefficient
La technique et les déplacements proposés par l’équipe d’Irlande ont sérieusement mis en difficulté la Suisse dans les derniers mètres. Grâce au bon rythme et à l’image de la bonne gestion de balle de Stephen Quinn, l’Eire a su se montrer à diverses reprises dangereuse du côté de la cage de Yann Sommer. Difficile pour les Suisses d’avancer balle au pied, de construire un jeu équilibré, déterminé et constant. Souvent contraints à de long ballons imprécis, la Nati a buté sur une forteresse verte impénétrable. C’est pourquoi, dès la reprise, les hommes de Vladimir Petkovic, bien qu’envahis par un soudain mais bref souffle de détermination, n’ont pu que faire circuler le ballon sans véritablement aboutir à une quelconque occasion dangereuse. Un match relativement fermé dans la majeure partie du second acte et un rendement offensif terne en conséquence. En effet, très peu d’occasions véritables à se mettre sous la dent du côté suisse; les uniques éclairs de lucidités sont seulement parvenus grâce à Seferovic qui, sur les développements d’un corner à la 16e minute, parvient à décrocher une tête qui ne passe pas très loin de la lucarne de Darren Randolph ou par Xhaka à la 33e minute, duquel tir, dévié par le même Seferovic, manqua de peu de tromper le portier irlandais. La pâleur de la performance semble refléter – outre Gökhan Inler – les absences de Xherdan Shaqiri à la pointe de l’attaque ainsi que Stephan Lichtsteiner, providentiel sur les développements du jeu sur l’aile droite. Toujours est-il que les conclusions sont mitigées et ne correspondent nullement aux attentes d’un match amical de cette envergure.