De l’environnement à la société, Géraldine Bouchez tend à proposer des solutions réalistes et humaines aux problèmes que rencontre la ville de Lausanne. Entre réaménager la capitale vaudoise afin de la rendre à ses habitants et éduquer la population à comprendre les enjeux réels de l’écologie, les Verts privilégient avant tout la voix du peuple. Interview.
Depuis les dernières élections municipales et jusqu’à présent, vous avez eu une influence relativement importante au sein des conseils de la ville de Lausanne. Selon vous, quelles sont les améliorations notables que les Verts ont réussi à apporter à la ville durant ces cinq dernières années ?
Je pense qu’il y a une meilleure prise de conscience des questions environnementales mais ça, c’est depuis qu’on est au sein du conseil communal donc ça remonte à 2011. Je pense qu’on a aussi, grâce à monsieur Jean-Yves Pidoux qui se représente à la Municipalité, eu d’excellents résultats au niveau des services industriels lausannois. Et puis après il y a eu des objets, par exemple la mise à l’étude des poulaillers dans la ville de Lausanne. On a également déposé des postulats en faveur de l’amélioration de la qualité de vie en matière de nature en ville. Aussi on a eu toute une réflexion autour des questions d’urbanisme ; le parti a voulu un référendum contre la tour Taoua et on a gagné ! La manœuvre permettait de donner la parole aux habitants lausannois, pour leur permettre d’exprimer leur volonté d’une meilleure qualité de vie.
Quels sont vos rapports, dans le débat et les prises de décisions, avec les autres partis présents au conseil communal ?
Nous faisons partie de l’alliance de gauche qui réunit le Parti Socialiste, le POP SolidaritéS et nous. Nous sommes contents de cette alliance; on a fait beaucoup de choses ensemble. Il y a des postulats qui ont été déposés en commun. C’est d’ailleurs pour cela que, dans le cadre des élections actuelles, nous avons réitéré cette volonté d’alliance aussi bien au niveau de la Municipalité que du conseil communal (nous avons des listes apparentées et une liste commune pour la Municipalité). Nous en sommes tout à fait satisfaits. Ensuite, avec les autres partis auxquels nous ne sommes pas alliés – mais plutôt opposés – je pense que l’on a effectivement des visions différentes de Lausanne. Dernièrement il y a eu une réflexion suite au déficit très important du spectacle « Champion » – où il y a eu un peu de bisbille – qui a été relayée par la presse. Sur certains sujets, effectivement, nous ne sommes pas d’accord mais nous pouvons quand même travailler; il n’y a pas d’animosité, nous sommes présents pour faire de Lausanne une belle ville dans l’avenir. Nous avons effectivement des partis avec qui nous ne sommes plus « copains » mais nous sommes également dans des dynamiques qui nous poussent à travailler avec nos opposants.
Quels sont, concrètement, vos objectifs primordiaux – sociaux et environnementaux – pour les cinq prochaines années ?
Pour les cinq prochaines années, nous avons mis l’accent sur trois éléments dans notre tout-ménage qui a été envoyé à l’ensemble des Lausannois. Premièrement, nous voulons rendre des places publiques aux Lausannois et Lausannoises, l’idée étant de les réaménager. La place du Tunnel est un bon exemple de réaménagement à entreprendre en libérant la place du parking de car. Deuxièmement, nous voulons également permettre de meilleures liaisons de bus entre les loisirs à l’extérieur de la ville – tels que Chalet-à-Gobet – et le centre-ville parce qu’il n’y a pas assez de correspondances. Et enfin, nous avons aussi la volonté de donner des possibilités de recyclage plus près des habitations. Ainsi, nous aimerions des points de recyclage à moins de cinq minutes à pied. Ensuite, il y a toutes sortes de mesures qui sont détaillées dans le fascicule: des espaces publics qui soient plus ouverts avec des meilleures accès pour les personnes à mobilité réduite, une mobilité de transports publics, des aménagements cyclistes, etc. Nous n’avons pas forcément un programme révolutionnaire par rapport à ce que l’on a fait jusqu’ici mais on continue. Nous avons eu de très bons résultats et nous aimerions poursuivre nos chantiers.
Selon vous, quel est le plus grand frein au développement responsable, durable et écologique que vous encouragez et comment s’en débarrasser ?
Je pense que les gens n’ont pas forcément la sensibilité qu’il faudrait pour cela. À l’école, nous ne donnons pas de cours sur la manière de trier ses déchets; c’est tout un apprentissage, une éducation à entreprendre pour leur expliquer l’importance de préserver la nature et l’environnement au sens large. Ensuite, il faut aussi une prise de conscience politique. Alors maintenant la plupart des partis ont quand même un petit volet vert dans leur programme, qui n’est parfois malheureusement pas assez développé, pas assez poussé, pas assez élaboré. C’est pour cela que je pense que notre présence est très importante. De plus, il y a tous les aspects de réflexion globale sur la manière de consommer. C’est la société dans son ensemble au-delà des questions purement d’éducation. Nous avons tous un smartphone – est-ce bien raisonnable de changer tous les deux ans ? Est-ce bien raisonnable d’illuminer nos vitrines de cette manière ? Il y a plein de choses sur lesquelles nous pourrions réfléchir pour avoir moins d’impact. Je pense qu’il faut, de manière continue, attirer l’attention du public sur l’état de l’environnement actuellement. Par exemple, le film « Demain » va dans notre sens. C’est un documentaire français qui, à mon avis, démontre bien l’importance de la nécessité de prise de conscience. Puis, il y a toutes sortes de choses que l’on peut imaginer : par exemple en matière d’économie d’énergie, l’utilisation d’ampoules LED qui sont moins consommatrices. Nous pouvons aussi avoir toute une réflexion sur nos habits, sur notre manière de les consommer. Par exemple, il y a certains magasins qui proposent actuellement des récoltes d’habits; cela est à mon sens une très bonne démarche. Et puis il y a aussi des démarches complémentaires que l’on propose, telle l’émergence d’une monnaie complémentaire qui permettrait d’avoir une consommation plus locale. Vous avez l’argent suisse et à côté nous aurions – comme c’est déjà le cas à Genève – les « Lémans », une monnaie qui permet de consommer de façon plus locale.
Pour ce qui est de la toxicomanie, vous souhaitez proposer des solutions réalistes. Êtes-vous, à titre personnel et pour ce qui est de votre parti, favorable à la légalisation du cannabis ?
À titre personnel oui, et les Verts lausannois aussi. Je pense que considérer le cannabis comme une drogue au même titre que la cocaïne ou l’héroïne est une erreur. Dans certains états aux États-Unis, nous apercevons que la légalisation du commerce du cannabis rendent des résultats tout à fait prometteurs. Donc c’est, à mon avis, idiot de penser la répression. C’est pour cela que l’on propose une étude afin de savoir ce qui est réaliste ou non. Il s’agit aussi de beaucoup d’argent qui pourrait être récupéré par l’État au lieu d’être encaissé pas un marché noir. Et puis, je pense qu’il faut aussi arrêter de faire l’autruche. Le cannabis est une substance qui est très répandue; des jeunes aux moins jeunes, nous avons accès à cette drogue. Effectivement, elle a des effets néfastes sur le développement notamment de l’adolescent. Il faut donc tout de même limiter la possibilité d’achat. Mais par contre, croire qu’en emprisonnant des dealers qui la vendent va permettre de freiner le problème, est, à mon avis, faux.