Depuis quelques années maintenant, le PLR a gagné en influence au sein du Conseil Communal lausannois. À un jour du premier tour des élections, entretien avec une candidate du Parti Libéral-Radical, qui centre son programme sur la sécurité et la prospérité de la capitale olympique. Interview.
Lausanne est connue pour être une ville « plutôt à gauche ». Mais votre parti, depuis quelques temps, a tout de même gagné en l’influence dans la capitale vaudoise. Quels sont les progrès les plus notables que vous et votre parti avez accomplis, au sein du conseil communal, durant ces cinq dernières années ?
Notre parti a permis de faire bouger les lignes en matière de sécurité. C’est parce que nous avons mis la pression sur cette question-là que le municipal socialiste a commencé à agir dans ce domaine. Aujourd’hui la situation s’améliore lentement, mais nous considérons que des moyens supplémentaires doivent être mis à disposition de la police (30 policiers supplémentaires). Nous avons également soutenu la politique des axes forts en matière de transports publics, menée par notre municipal Olivier Français et qui devrait aboutir à la construction dans un délai raisonnable du M3. Enfin, nous avons tenté de limiter au maximum les hausses de taxes demandées par la Municipalité, afin de limiter la pression sur les familles et la classe moyenne.
Est-il déjà arrivé que ce que vous percevez comme du progrès soit perçu comme une régression par vos collègues des autres partis ?
Prenons par exemple le cas d’Uber : alors que le PLR considère que l’arrivée d’un nouvel acteur sur ce marché du transport de personnes privées permet de faire bouger les choses, d’amener de la concurrence, les partis de gauche voient uniquement la question sous l’angle des droits sociaux et s’opposent à ces nouveautés. Nous admettons bien entendu que la concurrence doit être loyale et que des règles doivent être posées, mais nous estimons que cette nouvelle forme d’économie est un progrès salué notamment par les consommateurs. Ce genre de divergences arrive souvent dans le domaine économique où le PLR considère que les acteurs privés doivent pouvoir jouer leur rôle, tandis que la gauche veut que tout soit régulé par l’État.
Selon votre programme électoral, la sécurité semble être votre première priorité. On lit que la lutte contre le deal et la mendicité vous tient à cœur. Mais si la répression et la tolérance zéro – ce que vous défendez – devient réellement effectif, que fait-on de ces gens de rue (notamment des mendiants et SDF: insertion, indifférence ou renvoi si la personne est étrangère) ?
Tout d’abord, il faut préciser que nous ne sommes pas que pour la répression et la tolérance. Mais, nous estimons, pour avoir discuté dans les quartiers avec les lausannois, que la situation actuelle n’est pas tenable et doit être encore grandement améliorée. Dans d’autres villes, suisses ou étrangères, il n’y a pas autant de scènes de deal qu’à Lausanne. Il n’est de plus pas normal que des personnes, en particulier des femmes, aient peur d’aller dans des parkings ou de se balader en ville à 22h. Il n’y a pas de réelle volonté politique d’améliorer les choses. Dans la mesure où ces personnes sont en situation régulière, la priorité est l’insertion par l’emploi. Ce n’est qu’ainsi que des personnes en situation de précarité pourront avoir un véritable avenir
Parlez-moi un peu de l’initiative RIE III, que vous encouragez. Pourquoi et comment ?
La Suisse doit respecter les standards internationaux en matière de fiscalité des entreprises, raison pour laquelle elle doit supprimer les statuts fiscaux spéciaux. Un taux unique de 13,8 % sera appliqué à l’ensemble des entreprises, quelles que soient leurs activités. La RIE III est indispensable pour conserver les entreprises internationales, qui bénéficient aujourd’hui d’un taux oscillant entre 10 et 11 %, qui génèrent pas moins de 25’000 emplois dans le canton de Vaud et qui donnent également du travail aux PME vaudoises.
Que répondriez-vous à ceux qui disent que c’est uniquement un cadeau fiscal fait aux grandes entreprises et négocié avec ces dernières ?
C’est justement là que le projet est intéressant, contrairement à ce qu’avancent les opposants : les PME vaudoises, qui sont soumises à un taux de 22 % d’imposition des bénéfices, bénéficieront elles aussi d’un taux réduit à 13,8 %. Par ailleurs, le compromis ficelé par le Conseil d’État, la droite, le centre et la gauche (à l’exception de l’extrême gauche) permettra d’augmenter les avantages sociaux pour les familles et les travailleurs, grâce à une hausse des allocations familiales et des capacités d’accueil des crèches.
En cette période électorale lausannoise, la gauche a formé une alliance et une liste commune. En ce qui concerne la droite, ça semble être chacun pour soi. Y a-t-il moins de proximité (pratique et idéologique) entre les différents partis de droite ?
La droite a, il est vrai, plus de peine à trouver une alliance large qui aille du centre-droit à l’UDC. Certaines valeurs sociétales sont en effet incompatibles entre les partis, rendant difficile une union. Mais il faut dire que l’Alliance de gauche est une alliance électoraliste de façade : sur de nombreux points, il n’y a aucun accord entre les socialistes et l’extrême-gauche, sans que cela ne leur pose un quelconque problème.
Pour finir, quelles sont vos attentes et prédictions en ce qui concerne le résultat des élections ?
Les candidats au Conseil communal de la liste PLR ont été extrêmement engagés et motivés durant toute la campagne, en étant présents sur le terrain, dans les quartiers et à de nombreuses manifestations. L’enjeu est évidemment de reprendre un siège à la gauche pour ce qui concerne la Municipalité. Nous sommes certains d’être en mesure de le faire, car nous avons deux candidats, Mathieu Blanc et Pierre-Antoine Hildbrand, très compétents, à l’écoute de la population et aptes au compromis. De plus, depuis les élections fédérales, victorieuses pour le PLR, l’énergie est là pour arriver à de bons résultats électoraux. Nous verrons tout cela dimanche !