Entrée dans le monde politique à un jeune âge, Léonore Porchet est aujourd’hui présidente des Verts lausannois, mais aussi historienne de l’art fraîchement diplômée et engagée dans le combat féministe, notamment en ce qui concerne le harcèlement de rue. Durant son speech, elle parle d’engagement. Car la croissance, thème principal de cette sixième édition de TEDxLausanne, c’est aussi l’évolution de milieux clefs comme celui de la politique, qui a eu la réputation d’être élitiste et masculin pendant trop longtemps. Comment pouvons-nous le rendre plus accueillant et y faire plus de place pour la jeunesse ? C’est ce à quoi la politicienne nous sensibilise avec succès. Interview.
À quel moment de votre vie avez-vous pour la première fois senti une réelle envie de vous engager politiquement, et pourquoi ?
Je me suis engagée politiquement à partir de 16 ans. Sinon, j’ai eu un intérêt politique depuis que je suis bébé parce qu’à la maison on en a beaucoup parlé. Un de mes premiers souvenirs de vie c’est la grève des femmes en 1991, donc j’ai vraiment baigné dans un milieu comme ça. Personne n’était dans un parti mais on parlait de politique et aussi de société. Donc j’ai toujours senti que je voulais faire quelque chose au lieu de juste me plaindre. Et puis j’ai décidé que ce serait la politique à 16 ans.
Vous vous engagez pour la place de la jeunesse dans la politique. Quelles mesures concrètes tendez-vous à prendre pour pousser la jeunesse à s’engager politiquement ?
Pour mon parti à Lausanne, j’ai adapté les statuts des Verts lausannois pour faire plus de place pour la nouvelle génération. Donc ça veut dire que j’ai, avec un groupe d’autres personnes – dont des figures historiques du parti qui étaient conscientes de l’importance du projet – changé les statuts afin que désormais un élu des Verts lausannois ne peut pas avoir plus de trois mandats consécutifs. Il doit faire une pause d’en tout cas un mandat. Et puis l’autre aspect c’est que l’on ne peut pas occuper plus d’un mandat à la fois. Par exemple, on ne peut pas être à la fois conseillé communal et député. On a changé ces règles en début d’année passée et maintenant on est en train de s’adapter pour que cela s’applique. À chaque fois que je rencontre quelqu’un qui se plaint, j’essaie de le pousser à faire quelque chose. Pas forcément faire de la politique mais s’engager. Et j’espère que grâce à des événements comme Tedx, je pourrai partager ma vision et mon exemple de parcours.
En tant que femme, avez-vous déjà senti une forme de discrimination dans le milieu politique ?
On dit que la politique et un milieu d’hommes. Comme l’économie, les arts, la science. Enfin à peu près tous les milieux sont des milieux d’hommes sauf celui de la famille. Ceux-ci tendent à recréer les mêmes systèmes pour garder leur domination. C’est sûr qu’en tant que jeune femme, c’est très difficile et on doit être doublement compétente et triplement entêtée pour réussir à percer dans ce domaine.
Tendez-vous à prendre des mesures pour que les femmes aient plus facilement accès à ce milieu ?
Alors on a la parité obligatoire sur nos listes. Enfin ce n’est pas dans nos statuts mais en tant que Présidente, c’est un objectif que je me suis donnée. J’ai raté mais dans le bon sens, c’est à dire qu’actuellement dans les élections communales lausannoises, on a plus de femmes que d’hommes parmi les candidats.
Que pensez-vous de cette édition de TEDxLausanne, quelles sont vos impressions ?
C’est une grande expérience. Je fais beaucoup de choses; la politique m’amène à vivre beaucoup d’expériences mais là, c’est vraiment un tout autre niveau de conférence. C’est vraiment du théâtre, j’ai eu la chance d’avoir trois à quatre coachs privés pour dix minutes de speak. J’ai appris en très peu de temps énormément de choses sur la présence scénique, sur l’anglais, sur la manière de tenir un speech devant une audience. Je suis très reconnaissante d’avoir été invitée ici au TEDxLausanne. J’ai aussi eu l’occasion de découvrir ce système qui vise à véhiculer de bonnes idées et j’ai pu participer à cet objectif qui est quand même assez noble. Je suis très reconnaissante pour cela.