Concilier études et épanouissement n’est pas toujours facile à un âge où les choix déterminants se multiplient. Pour s’évader au grand air, Marie et Hubert, étudiants en faculté des Hautes Études Commerciales à l’Université de Lausanne ont décidé de participer au rallye estudiantin 4L Trophy. Depuis 19 ans, cet évènement sportif et aventurier a déjà séduit 20 000 étudiants qui parcourent 6 000 kilomètres en Renault 4, de France jusqu’au désert marocain. L’occasion était rêvée pour Marie et Hubert de fuir pour une « traversée du désert » et trouver une dimension caritative qu’ils souhaitaient donner à leur projet.
Comment avez vous découvert le 4L Trophy ?
Hubert : L’an dernier, un ami commun est parti au Trophy avec un autre ami. C’était l’étincelle et on a voulu partir.
Marie : On s’est dit que la vie étudiante entre les examens, les vacances et le boulot était insuffisante. Il fallait quelque chose de plus.
Le déclic émotionnel est de partir à l’aventure dans le désert coupé du monde ?
Marie : C’est se dire « go ! », on veut quelque chose de plus tout en participant à une action solidaire.
C’est une première pour vous de partir dix jours à l’aventure ? un rêve ?
Hubert : C’est la première aventure où l’on sort un projet, où l’on doit récolter des fonds et rencontrer d’autres personnes. Comme cela fait longtemps qu’on y pense, c’est devenu un rêve !
La voiture Renault 4, dite « Renault 4L » est obligatoire pour participer au rallye. Comment l’avez vous trouvée et rénovée (ndlr, c’est une voiture datant de 1981 ; et le premier modèle date de 1961) ?
Marie : Notre ami Matthieu Charlot nous l’a vendue. Elle était en bonne état, donc il n’y a pas eu trop de réparation à faire. Un garagiste nous a aidé pour quelques bricoles.
Pouvez-vous nous parler des coûts qui vous sont imputés aussi bien pour la voiture que pour participer au rallye ?
Hubert : Nous sommes en Suisse donc c’est un peu plus cher que pour les projets français et justement une majorité de participants viennent de France. Notre budget est grosso modo de 7 000 à 8 000 francs suisses, sans compter l’achat de la voiture à notre charge. Heureusement, nous sommes allés chercher des sponsors – affichés sur la voiture – qui nous soutiennent financièrement.
Et le sponsoring s’est-il révélé être un outil très efficace ? Quel pourcentage de vos frais sont couverts grâce à cela ?
Marie : En fait, cela couvre tout nos frais ! Le but de la recherche de sponsors est justement d’éviter que l’on ait tout à financer.
Vous êtes à moins d’un mois du départ de la course. Est-ce que les conditions du voyage, malgré toute la préparation, ne vous font pas un peu peur ?
Hubert : On est tous les deux scouts alors dormir dehors, camper sous la tente quand il fait froid ou chaud ne nous fait pas peur. En revanche, on n’est pas à l’abri d’un problème avec la voiture.
Et quelle est la procédure prévue par l’organisation si problème il y a ?
Hubert : Cela dépend des étapes lors du rallye et surtout si c’est avant ou pendant notre passage au Maroc. Grosso modo, une aide est prévue et elle peut être lente selon les cas mais les trophistes s’entre-aident.
Marie : Des témoignages nous ont été racontés. Il y a un groupe Facebook pour les participants au 4L Trophy et il est très actif depuis trois ou quatre mois. Dès qu’un équipage a une question technique ou autre, les réponses des autres participants fusent ! Il y a une grande solidarité qu’on espère bien sûr retrouver lors de la course (rires).
On vous impose de vous débrouiller avec une boussole, une carte et un roadbook. Pas d’inquiétude sur leur utilisation ?
Hubert : Effectivement, il nous manque juste le roadbook que l’on nous donnera prochainement mais c’est seulement ces trois outils qui sont autorisés pour se guider. Le roadbook nous sert surtout pour le désert marocain et il nous indiquera quelles pistes prendre et quels passages éviter car ils sont dangereux. Le principe est d’aller vite comme dans toutes les courses mais surtout de faire le moins de kilomètres possibles.
Comme la 4L ne dépasse probablement pas de vitesses ahurissantes par rapport aux voitures que l’on trouve en 2016, le rallye repose beaucoup sur une bonne orientation ?
Hubert : C’est surtout de l’orientation !
Marie : C’est impossible de faire des courses avec ce genre de voiture. L’aspect « vitesse » n’est pas prioritaire par rapport à la recherche du bon raccourci.
Hubert : D’ailleurs, l’esprit n’est pas à la vitesse mais plus à un rallye étudiant, avec de la stratégie mais aussi de la solidarité. Cela permet de respecter les normes de sécurité car bien sûr qui dit vitesse, dit risque.
Vous parrainez l’association Enfants du Désert. Comment avez-vous entendu parler de cette association ?
Marie : Directement par l’organisation qui travaille déjà avec cette association sur place.
L’avez-vous choisie ?
Marie : Non, on ne l’a pas choisie. C’est elle qui est associée à l’organisation, qui construit des écoles, récupère les fournitures qu’on lui apporte. Son expérience avec l’organisation l’a privilégiée et on nous l’a donc imposée.
Concernant la communication de votre rallye, votre page Facebook ou les visuels que vous laisse utiliser l’organisation vous sont-ils très précieux pour que les internautes acceptent de donner de l’argent pour votre action caritative ?
Hubert : C’est super d’avoir ces outils mais je ne pense pas que cela soit notre revenu principal. Ce qui nous a le plus aidé, c’est d’aller voir les sponsors. Internet est bien entendu un accélérateur car le contact par e-mail est immédiat, ou par un appel, mais c’est surtout le cœur généreux qu’ils sponsorisent pour aider les enfants du Sud marocain. Ce n’est pas pour eux une question de profitabilité. Ce qui est vrai, c’est que les gens peuvent nous suivre sur Facebook où nous leur donnons des nouvelles et nous avons pu laisser notre entourage participer sur le site lepotcommun.fr qui est une plateforme de crowdfunding.
Aujourd’hui, s’investir dans le tissu associatif est une tendance importante chez les étudiants. Est-ce que l’Université de Lausanne vous a encouragés à participer à des projets associatifs et plus particulièrement à des projets caritatifs comme celui-là ?
Marie : L’Université de Lausanne et plus particulièrement HEC Lausanne soutiennent clairement le 4L Trophy. C’est donc à eux que l’on s’est adressé en premier pour être sponsorisé. On les a rencontrés plusieurs fois, ils nous soutiennent totalement. Ils attendent ensuite qu’on leur envoie des photos et des témoignages.
En fait, concevez-vous le 4L Trophy comme une aventure de volontariat plus qu’un rallye qui va vous mettre sur les genoux pendant des semaines ?
Hubert : Il y a plusieurs dimensions à ce rallye : aventure folle, sécher des cours puisque l’on a une autorisation (rires). C’est une aventure intense mais on a voulu lui donner une dimension humanitaire qu’il y avait déjà – mais pas assez pour nous. On participe à la journée « ambassadeur », qui n’est pas proposée à tous les trophistes ! Nous avons été sélectionnés sur un projet à soumettre à Enfants du Désert.
Marie : Lors de cette journée nous allons visiter les écoles de l’association et rencontrer les enfants ! C’est quelque chose de très concret et solidaire qu’on attendait lors de l’aventure.