Chantal Ladesou : « Le public suisse est un public toujours chaleureux »

© Oreste Di Cristino

Invitée au Gala d’ouverture du Montreux Comedy Festival, l’humoriste Chantal Ladesou – bien connue du public français – revient « très décontractée » à la 26e édition du festival pour un public « toujours chaleureux ». Elle a accepté de répondre à nos questions avec intérêt et passion pour son métier, où elle aime « re-risquer tout chaque soir ». Interview – découverte !

Que représente le Montreux Comedy Festival pour vous ? 

Le Montreux Comedy Festival représente un excellent souvenir, car j’ai fait parti du tout premier festival, il y a 25 ans. C’est une histoire qui continue, puisque j’étais avec Eddie Barclay, qui était président du jury, et j’ai vu la naissance de Grégoire Furrer (ndlr, le Président) qui a monté ce festival, et on est resté très amis.

Donc, si vous revenez aujourd’hui, c’est aussi pour voir comment le festival a évolué ?

C’est notamment parce qu’il m’a souvent demandé de revenir, et je ne l’ai fait qu’une fois. Je ne pouvais pas, je n’étais pas libre, j’étais en tournée ou sur scène à Paris. Je joue beaucoup à Paris et je ne pouvais pas souvent venir. Il se trouve qu’hier, j’étais à Grenoble pour jouer « Nelson » (ndlr, une pièce de Jean Robert-Charrier) et après demain je repars. J’avais un jour de libre et je l’ai consacré pour faire un sketch avec Éric Antoine, le magicien.

La scène, c’est une proximité de plus pour l’humoriste comme pour le public que l’écran ne permettra jamais. Quel degré de plaisir et de stress ressentez-vous face aux Suisses pour le gala d’ouverture de demain auquel vous participerez ?

Pour l’instant, je n’ai pas beaucoup de stress puisque je ne viens pas jouer un spectacle toute seule, ni un sketch car je les ai arrêtés depuis que je joue la pièce « Nelson ». Je viens faire quelque chose avec des camarades de jeu pour le plaisir. J’en suis ravie et je viens très décontractée. Je vais jouer une assistante de magie, et ça m’amuse beaucoup parce que c’est nouveau mais ce n’est pas stressant. En plus, le public suisse est un public toujours chaleureux qui ressemble à celui du Nord de la France et de Belgique. Je suis d’autant plus ravie parce qu’en janvier, je reviens à Morges, Bulle et Lausanne. Je me suis sentie accueillie quand les gens m’ont reconnue au marché de Noël de Montreux, parce que ce n’est pas partout comme ça. Il y a des publics parisiens – un peu plus en retrait – qui ne cherchent qu’à juger tes compétences sans réellement accueillir l’artiste. De plus, les gens du spectacle disent souvent que le public suisse est très agréable.

© Oreste Di Cristino
© Oreste Di Cristino

Que pensez-vous du format de ce gala qui mélange des humoristes de tous les styles et ne leur laisse chacun leur tour que quelques minutes de passage ?

C’est le principe du festival : voir et découvrir une variété d’artistes, donc on ne peut pas durer trop longtemps sur scène. Je trouve ça bien ! On découvre les gens cinq minutes puis on passe à autre chose. Cela suffit; il n’est pas besoin de rester 15 minutes sur scène. Cela permet de découvrir des humoristes qu’il voudra peut-être voir en spectacle individuel dans le futur…

Vous avez fréquenté de nombreux humoristes en France, notamment en participant à la célèbre émission de RTL « les Grosses Têtes » dont vous êtes sociétaire. Aujourd’hui, l’humour des jeunes est à la télévision sur le Petit Journal ou sur internet avec les youtubeurs. Appréciez-vous cet humour et tous les montages vidéos indispensables à ce succès ?

Je trouve très bien car cela fait connaître les jeunes humoristes. J’aime beaucoup le Petit Journal, il traite l’information avec humour et dérision. C’est passionnant, fait par la lorgnette et il y a des humoristes que l’on découvre. C’est très important d’avoir de telles émissions. Avant, il y en a avait beaucoup plus telles « La Classe » (ndlr, émission créée par Guy Lux de 1987 à 2005) ou encore les émissions de Philippe Bouvard ou Laurent Ruquier. Quand il n’y a plus d’émissions de ce genre, on ne découvre plus les humoristes. Canal + continue à faire ça et c’est primordial.

Concernant les montages, qu’en pensez-vous ?

Il y a des choses qui conviennent très bien pour faire des montages cut comme chez les humoristes qui les utilisent. Certains montages sont uniquement pour la télévision et uniquement sur internet, très efficaces sur un seul flash, mais si vous voyez les humoristes sur scène, vous pouvez être déçus.

Vous qui avez essayé toutes les plateformestélévision, radio, cinéma, théâtre, one woman showen avez-vous une qui vous corresponde plus ?

Le théâtre ou le one (wo)man show m’intéresse beaucoup. Je dois sentir le bois de la scène, les planches sous les talons ! Le cinéma, c’est sympa. Quand un réalisateur vous veut c’est la cerise sur le gâteau. Pour moi, la genèse du métier c’est la scène, c’est se frotter tous les soirs à un autre public et tout (re-)risquer chaque soir ! C’est la situation dans laquelle je m’ennuie le moins.

Et c’est plus courageux que de se réfugier derrière la caméra ?

Je pense que oui mais je suis plus fatiguée quand je tourne un film car il y a une attente terrible. Et on ne sait pas ce qu’on a fait le soir. Avons-nous été bons ? or le théâtre nous donne tout de suite le résultat ! Il n’y a pas de délai. Les gens sont contents, heureux. Parfois, je regarde la scène que j’ai tournée au cinéma et je me dis: « Je pensais que j’avais fait mieux que ça » !