Le syndicat SUD Étudiants et Précaires organisait le mardi 10 novembre une conférence intitulée « Barrons la route à la RIE III« ; ce mardi 1er décembre, le référendum recueille 17’000 signatures. Le POP en relation avec SolidaritéS ont depuis quelques semaines, maintenant, pris un malin plaisir à dénaturer à son plus fin détail l’une des plus grandes réformes économiques en Suisse depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale, invoquant, en outre, un matraquage politique. Vol, absurde, dangereuse, catalyseur d’austérité et de chômage massif, putsch fiscal, transformant la Suisse en un super paradis fiscal… Les arguments sont nombreux sans pour autant faire preuve d’un moindre réalisme. Effarant ! Reste toutefois à définir qui parmi la quasi-totalité de la classe politique (de l’UDC au PS) favorable à cette réforme et le mouvement solidaire contestataire d’extrême gauche réalise le plus grand « matraquage politique » ?
« Le PS a fait un pacte avec le diable« , disent-ils; il se désolidarise complètement de son combat historique en faveur des plus démunis ! « Se rend-t-il bien compte que 4 milliards de francs vont disparaître par année, impliquant des pertes fiscales qui vont entraîner des politiques d’austérité sans sauver le moindre emploi ? » argumentent-ils. Cette troisième réforme de l’imposition des entreprises est dès lors jugée dangereuse et perverse; elle constitue un vol de plus de 50 milliards de francs au détriment des autres pays, selon le syndicat SUD-Étudiants et Précaires. Une absurde fantaisie ! Ces arguments diabolisés pour une cause jugée « diabolique » pour notre pays sont très loin de refléter la réalité. De par un discours éloquent et matraqueur, l’extrême gauche réussit l’un de ses combats historiques: sécuritiser les entreprises.
‘L’extrême gauche réussit l’un de ses combats historiques: sécuritiser les entreprises‘
Des petites PME, tenues et fondées entre autre par de nombreux étudiants, sont jugées sur le même pied d’égalité que les prétendues méchantes multinationales. Le monde de l’économie regroupant aussi bien la classe moyenne que les élites bourgeoises est jugé tel l’ennemi numéro un sans véritablement en reconnaître les bienfaits qu’il a apportés à la Suisse. Les entreprises nécessitent avant tout de l’innovation et du soutien de la part de la Confédération. Tant est qu’une harmonisation de l’imposition des entreprises – dans le Canton de Vaud – a été jugée à moindre pertes sur le court terme mais à de grands bénéfices sur le moyen et long terme: prospérité économique, maintien d’une politique de l’emploi adéquate sans surplus de chômage, faveur aux investissements et aux exportations dans un climat où le franc fort étouffe les petites PME des zones frontalières. De plus, des péréquations sont prévues d’ici à 2019 pour soutenir – avant tout – l’emploi et des mesures sont prévues par le Grand Conseil afin de favoriser le pouvoir d’achat des familles ! Donc loin de favoriser les grandes classes bourgeoises de notre pays, cette réforme – conséquente soit-elle – se reflète avant tout en faveur de la classe moyenne et des PME.
‘Moins étouffer l’économie pour favoriser l’écologie’
Sébastien Guex, professeur ordinaire à la faculté de Lettres de l’Université de Lausanne, avait cependant raison de remettre en doute l’argument selon lequel cette réforme était obligatoire et impulsée par des volontés européennes. En effet, cette dimension de la réforme est fort contestable, d’autant plus que la Suisse n’est pas tenue de respecter toutes les volontés de l’hyper-bureaucratie de l’Union Européenne. Toutefois, il n’est pas non plus souhaitable de maintenir une bureaucratie fort néfaste en Suisse. Rappelons que de nombreuses prérogatives cantonales sont en passe – et ce depuis des décennies – d’être transférées à la Confédération avec de très maigres compensations de mise en œuvre des décisions fédérales. L’exemple de la LAT est un très bon exemple de l’inefficience du transfert de pouvoir des cantons à la Confédération et le modèle keynésien a longuement prouvé son ineffectivité. La Suisse doit favoriser – avec précaution certes – sa transition dans un modèle néoclassique de base en favorisant (et maintenant) sa libre concurrence puisque l’économie de marché semble être la condition sine qua non de la prospérité croissante de la Nation. Ainsi, moins taxer les petites et moyennes entreprises – en réalisant une harmonisation par le bas des politiques fiscales pour les entreprises – semble alors être un choix de prestige pour favoriser aussi bien l’emploi que la transition énergique dans ces mêmes compagnies. Moins étouffer l’économie pour favoriser l’écologie; incroyable mais vrai !