All Blacks: Victoire nette et erreurs sans gravité

Twickenham Stadium for the 2015 Rugby World Cup. © Johann Ravera | Dreamstime.com

C’est fait avec netteté : les All Blacks (néo-zélandais) sont champions du monde de rugby, et les Wallabies (australiens) leurs dauphins. Très belle fin de compétition avec un jeu abouti pour le plaisir des 150 millions de téléspectateurs estimés à travers le monde par la World Rugby. Retour en détails sur cette magnifique finale, qui ne pouvait pas être plus ambassadrice du sport. 

Comme le disent les Anglais, « No scrum, no win » [Pas de mêlée, pas de victoire, ndlr] ! Justement, à la 50e minute, la mêlée néo-zélandaise bouscule impérialement les Australiens sur 5 mètres. Tout un symbole la puissance des All Blacks, qui n’ont pas démérité de gagner la compétition après 49 matchs et seulement 3 défaites en quatre ans. Une victoire à suspense qui n’était pas définitivement acquise avant la pénalité de Carter à la 72e minute et le dernier essai de Barrett à la 78e lors d’un contre de 60 mètres. Autant de qualité et intensité ne surprennent pas à ce stade de la compétition, mais le fair-play, lui, n’est jamais si évident.

Un fair-play digne pour une combattivité exemplaire

Loué par les entraîneurs pour rester lucide sur la performance des joueurs, le fair-play prend une part si importante dans le sport qu’il va jusqu’à concerner l’adversaire et l’arbitre. Celui de la finale, Nigel Owens, n’a pas pratiquement pas été critiqué en dépit de deux erreurs. Il n’a pas vu un en-avant des Néo-Zélandais menant ensuite à une pénalité de 3 points, ni le plaquage dangereux sur Pocock quand les Australiens se rapprochaient au score. Grâce à l’humilité, il y eut à peine un regard ou une remarque des joueurs Australiens vers Nigel Owens, mais rien de plus contre l’arbitre gallois très réputé et respecté. De même pour Michael Cheika, le sélectionneur australien, qui a reconnu la démonstration du jeu des All Blacks. Seul Mario Ledesma, l’entraîneur des avants, a fait une remarque sur les « décisions bizarres » d’Owens pour rappeler qu’un match de haut niveau mérite un arbitrage de haut niveau. Bien que le fair-play soit de plus en plus en présent dans tous les sports, c’était une vraie marque de fabrique du rugby. Pourtant, le fair-play ne va pas de soi, et les débordements sont d’ailleurs inévitables au niveau professionnel. Les joueurs de rugby cherchent toujours à intimider et à engranger de la confiance, mais il y a peu de disputes qui s’éternisent et plombent un match. Encore mieux, elles ne vont jamais à l’encontre de l’arbitre, personne tierce qui doit toujours être irréprochable pour ne pas gâcher le spectacle.

En effet, Nigel Owens peut souffler sur ce dernier match, et rester satisfait de sa compétition en tant qu’arbitre. Ses erreurs auraient pu mettre en péril la finale dans le cas où le score aurait été serré, comme ça l’a bien été il y a quatre ans quand la France perdait la Coupe du Monde sur un arbitrage maladroit de Craig Joubert (score final 8 à 7 pour les Néo-Zélandais). Avec l’assistance vidéo pour juger d’une faute, les arbitres sont impardonnables à la moindre erreur. Finalement, l’inquiétude est retombée chez Australiens hier soir, qui sont restés concentrés pour revenir dans le match et ne pas se plaindre de quoique ce soit.

“Richie [McCaw, ndlr] est le meilleur All Blacks que nous ayons jamais eu, et Dan [Carter] un deuxième leader très proche de lui », a déclaré le sélectionneur néo-zélandais Steve Hansen.

Des images pleines d’émotions

La défense très solide (Kaino, McCaw chez Blacks, Pocock et Hooper chez les Wallabies) et les actions d’essais (au nombre de cinq) ont éclipsé les erreurs d’arbitrage et des joueurs (plaquages dangereux sur Carter et Pocock, en-avants et passes mal données sur les contres), probablement provoquées par la folie du match. Sur les réseaux sociaux, les amateurs ont diffusé très rapidement, et non sans impatience, les plus belles images de la rencontre. Les images sont devenues si importantes à l’ère du numérique ! Qu’elles soient des photos fixes ou des images animées, elles fusent de toutes parts pour montrer un essai ou le drop de Carter à 40 mètres des poteaux. Pour le monde du rugby, le globe doit savoir qu’il y a un beau sport, et qu’il y avait ce soir une finale de légende. À propos de buzz, la vidéo de la médaille de Sony Bill Williams offerte à un adolescent a déjà fait le tour des réseaux sociaux. Il ne faut pas oublier le travail médiatique en relais, vu le nombre articles et flash-infos publiés la soirée de la finale dans les médias nationaux, tous en recherche de l’émotion que l’on trouve dans le sport et de noms qui resteront dans l’histoire du rugby.