De vendredi à dimanche s’est tenue à Genève la deuxième édition du SIGEF, forum éthique sur l’innovation sociale, confirmant la réputation internationale de la ville. Au rythme d’idées prodigieuses et de projets progressistes, des dizaines de cultures et de visages différents, du Cameroun aux États-Unis, ont solidement marqué l’événement. Si le grand public ne remplit pas encore tous les sièges de la salle de conférence, la qualité du programme n’est en tout cas pas contestable : les organisations notables et personnalités d’exception étaient au rendez-vous. Des plus petits aux plus reconnus, la parole a été donnée à tout le monde. Les promesses ont été tenues. Bilan.
Speakers et programme principal : des thèmes bien ciblés
Jour par jour, des thèmes principaux orientaient les débats. Survol des esprit marquants du programme de samedi, rythmé par des discussions de groupe ayant pour thèmes « alimentation et agriculture : l’adaptation nécessaire », « coopération scientifique internationale pour le bien de tous » et « l’évolution technologique pour le bien social ». En tout début de journée, Lasse Gustavsson amène le publique à réfléchir sur l’avenir des océans. Son groupe, Oceana Europe, agit sur plusieurs terrains : la recherche dans le cadre des territoires marins encore inexplorés, la protection des océans contre la pèche illégale et la surexploitation des eaux et l’aide à l’extinction de la famine dans le monde grâce aux ressources marines. Deux grandes idées à retenir : selon Gustavsson, les cas de presque disparition d’espèces marines ne signent pas (encore) notre arrêt de mort, car il y a justement ce « presque ». Les êtres aquatiques sont les reproducteurs les plus rapides sur terre, ce qui suppose que si, dès maintenant, notre rapport avec les mers/océans redevient harmonieux, dans environ 10 ans, les dégâts se restaureront de façon naturelle. C’est ensuite George Bwelle, chirurgien à l’hôpital central de Yaoundé, qui viendra prendre la parole, en groupe, pour poser la problématique des enfants déscolarisés au Cameroun et exposer les solutions qu’il élabore avec son association caritative. C’est que le problème est notable : les écoles sont payantes, chères, et les parents travaillant dans les secteurs primaires (c’est à dire la majorité de la population) n’ont tout simplement pas assez d’argent pour scolariser leurs enfants. Le résultat est évidemment dramatique pour l’avenir de ces jeunes et le développement du pays. Puis, toujours dans le thème de la jeunesse, Isidro Villoria a présenté la fondation Alicia Koplowitz. Elle s’occupe de la prise en charge d’enfants sans parents ou qui ne peuvent pas rester dans leur foyer respectif pour des raisons de sécurité sur le territoire espagnol , mais aussi de l’insertion de ces jeunes dans le monde réel une fois qu’ils ont atteint la majorité. En bref, la SPJ, mais en mieux !
Associations : Mocica ou l’audace qui fait du bien
Au milieu des partisans de la décroissance tempérée, découverte d’un projet ovni, un ton plus radical. En effet, sous le slogan « Unis et Libres », Mocica prône rien de moins que la suppression totale et définitive de l’argent sur terre (y compris toute forme d’échange économique, même le troc). Passer d’un système de croissance où les billets et les chiffres sont rois à un gouvernement où tout est gratuit et chacun libre d’exercer sa vocation est le but du programme en 3 phases qui nous est proposé : le rassemblement, la transition puis l’organisation. Pour ce qui est de la dernière étape, le projet propose une « Organisation Démocratique Globale » à 5 niveaux d’assemblée : l’assemblée du quartier, puis de la ville, puis du pays, puis du monde avec des représentants choisis de manière démocratique. Est-ce vraiment un tant soit peu envisageable ? À nous tous de décider. En tout cas, la condition sine qua non serait évidemment la synchronisation, en d’autre termes le monde entier doit brûler ses billets et faire des confettis avec ses cartes de banque en même temps. Néanmoins, une chose reste irréfutable : utopie ou non, l’âme du projet redonne espoir en l’humanité, et celle de ses voisins aussi. De nombreuses associations étaient présentes dans le but de connaître et de se faire connaître, véhiculant des idées solidaires, altruistes et toutes dignes d’intérêt.
La jeunesse qui s’engage, Guillaume Thebault et les méthodes d’alternative en agriculture
Guillaume Thebault a 17 ans. Le but de son projet, d’abord effectué dans un cadre scolaire, est de présenter toutes les méthodes possibles en agriculture.
Peux-tu expliquer un peu d’où tu viens, ce que tu fais ?
Donc je m’appelle Guillaume Thebault, je suis à l’école Steiner à Genève. Dans le cadre de ma scolarité, en fait, je fais un projet qui consiste à réaliser sur un an un projet au choix. J’ai personnellement choisi les méthodes alternatives en agriculture et je présente donc toutes les solutions possibles dans le domaine. Pour illustrer en fait toutes ces issues, je fais un film intitulé « Futur d’espoir » qui présente en premier le problème (nldr : des méthodes agricoles actuelles) et qui présente ensuite des réponses à ces problèmes… Enfin une partie des solutions possibles.
Avec ton film, tu es un des participants les plus jeunes du SIGEF 2015, qu’est-ce qui t’a poussé à te lancer aussi tôt dans un projet d’une telle ampleur ?
J’ai commencé à 12 ans à faire du jardinage bio avec un ami en face de chez moi et cela a vraiment été – on peut le dire – la graine qui a germé pour me faire pousser. J’avais envie d’agir, je ne savais pas comment faire et puis ce projet de l’école m’a vraiment poussé à prendre contact avec plusieurs personnes et à agir.
Qu’attends-tu de cette édition du SIGEF2015 ?
Je compte beaucoup sur les rencontres qui pourraient être fructueuses pour l’avenir, au delà de présenter, bien sûr, mon projet.