Opinions: Rosa Behar (les Indépendants Vaudois) veut une politique plus efficace

Photo: independantsvaudois.ch

Parole aux principaux candidats des Élections Fédérales du 18 octobre 2015. À quelques jours de l’échéance des législatives, leMultimedia.info livre une série d’interviews avec les pressentis acteurs de cet été électoral. Au programme aujourd’hui: Rosa Behar (les Indépendants Vaudois).

Vous êtes candidate pour les Indépendants Vaudois, un mouvement indépendant vis-à-vis de quoi?

De tout parti politique, de tout comportement politique de ces derniers qui fait en sorte qu’on ne se bat que pour des pourcentages, des votes… Nous ne voulons pas fonctionner selon cette logique, nous ne voulons pas de cela. Nous voulons être indépendants, nous voulons être nos propres patrons. Nous ne sommes donc pas là pour obtenir des pourcentages, obtenir le plus de votes ou dépenser des grandes sommes d’argents.

Vous ne vous identifiez pas au marketing politique, ces jeux électoraux…

Non, pas du tout. Nous voulons faire partie d’un groupe qui apporte ses idées, répondant directement et clairement aux besoins de la population. Nous voulons être, avant toute chose, proches des gens et bien cibler nos objectifs. Nous voulons aussi être efficaces et donc éliminer toute la paperasse bureaucratique. Nous nous sommes lancés sur ces idées.

Si nous survolons le programme des indépendants, nous constatons une vision libérale de l’économie et un intérêt évident pour les questions environnementales. Deux éléments qui, assez intuitivement, peuvent conduire aux Verts Libéraux. Par conséquent, quelle est la différence entre les Indépendants Vaudois et les Verts Libéraux?

Je pense qu’il n’y a pas de grande différence. Dans notre programme nous mettons en avant la question de la mobilité. Plus spécifiquement, nous voulons renoncer à la vision de la Suisse des années soixante, caractérisée par la villa périurbaine, la voiture thermique et l’autoroute pour passer à la vision du XXIème siècle, basée sur la densification périurbaine, le tram, le métro, la voiture et les deux roues électriques, ainsi que la mobilité douce. Comparé aux verts libéraux, c’est à peu près la même chose. Nous avons plus ou moins les mêmes motivations. Quelque part, notre parti n’est ni de droite ni de gauche, nous sommes un parti centriste. Mais on retient et on se maintient sur la question de l’indépendance. Aussi, nous nous positionnons sur plusieurs causes à la fois, parce que chacun apporte son savoir-faire. Par rapport à l’urbanisme aussi, nous voulons améliorer la qualité de vie en ville, l’économie d’espace, la lutte contre les diverses pollutions et le soutien aux mobilités douce et électrique. Moi-même, j’ai un magasin de vélos, plus particulièrement, depuis quelques années, des vélos électriques. Cela marche vraiment très bien et les gens sont confiants par rapport à l’utilité de la mobilité douce en ville.

Pouvez-vous nous parler des motivations qui ont conduit à la formation de ce mouvement?

Monsieur François Meylin nous a invité en tant qu’amis à rejoindre cette idée. C’est un indépendant, il a travaillé un peu partout. Il a été ex-policier, gradé militairement. Il a donc quitté ces activités pour lancer son entreprise. Son idée était justement d’être indépendant. Comme alors, aujourd’hui les gens se fatiguent de la politique, de la droite, de la gauche, parce que de toute façon il n’y a rien qui bouge. On formule des initiatives, on fait des projets, mais on ne va nulle part finalement. Nous avons donc décidé de donner un coup de vent nouveau dans cette politique. On peut donc donner nos idées, évoluer comme des chefs d’entreprise. Aujourd’hui nous sommes quatre, avec plusieurs attentes mais une seule vision: faire bouger les choses. Vous allez me dire que c’est le slogan de tout le monde mais il s’agit aussi et surtout d’apporter de la nouveauté, de la fraîcheur, de la légèreté, dans tous ces vieux partis, anciens, traditionnels. Après, je ne les juges pas car ces partis ont quand même fait ce que la Suisse est aujourd’hui. Chacun apporte quelque chose, mais nous, Indépendants, voulons apporter quelque chose de plus, de différent.

Pour ce qui est de l’écologie: il y a les Verts à gauche et les Verts Libéraux tendanciellement à droite. Vous vous positionnez au centre avec un programme ouvertement écologique. Est-ce que vous estimez que ces partis ne font pas assez, concrètement, pour l’écologie?

Oui, ils font largement assez. Mais puisqu’on nous demande d’avoir un programme, alors nous en présentons un comme tout le monde. Après on peut apporter un plus ou un moins, mais quelque part on finit par se rejoindre. On reste dans la même lignée. Et justement, de très haut, on aimerait aussi éviter toutes ces dépenses qui doivent nous amener à l’écologie. Il faut le faire plus légèrement.

Ne serait-il pas souhaitable d’avoir un seul parti avec un programme écologique? Actuellement ces derniers semblent se multiplier. Ne pensez-vous pas qu’au final les votes finissent par se disperser?

Oui, bien sûr, il y a tellement d’offres de toutes parts. Quelque part, on finira tous par parler d’écologie. Maintenant, ça peut être l’écologie, mais ça peut aussi concerner les réfugiés, par exemple. Tout simplement parce que c’est ce qui intéresse l’électeur. L’électeur s’intéresse à l’écologie, à consommer local. D’ailleurs c’est quelque chose qui me tient à coeur: consommons local, consommons bio, continuons à faire avancer nos entrepreneurs, nos agriculteurs dans les marchés des villes. Cela me semble plus qu’important. La sécurité aussi me tient à coeur, notamment lorsqu’on parle des dealers…

Vous parlez aussi de terrorisme dans votre programme. La Suisse ne serait pas prête face à ce risque.

Non, elle n’est pas prête. Pas pour l’instant. Parce que nous sommes un peuple très naïf. Nous croyons que ça ne peut arriver qu’aux autres, du coup nous ne savons pas mesurer les risques.

Parlons donc de migration. Comment les Indépendants se proposent de gérer la vague migratoire qui frappe l’Europe et qui concerne par conséquent la Suisse aussi?

Il faut une meilleure gestion des flux migratoires. Nous devons ouvrir nos frontières aux personnes qui sont vraiment dans le besoin. Il faut donc ouvrir les frontières mais accueillir seulement ce que nous sommes capables d’assumer. Ceci dans le but de pouvoir réinsérer ces personnes sur le marché du travail. De toute manière, on ne peut pas faire n’importe quoi, c’est très délicat. La Suisse va malheureusement aussi devoir se protéger: c’est un petit pays. Il est vrai que notre économie est stable, mais superficiellement seulement. Cette année a été très difficile, une année de galère pour beaucoup de petites entreprises. On ne peut donc pas accueillir tout le monde sous peine de créer des problèmes.

Dans votre programme il est écrit qu’il faut « défendre le principe de l’indépendance de l’État vis-à-vis des systèmes religieux tout en traitant avec doigté les traditions culturelles et historiques nationales ». Pour les Indépendants il est important de défendre les valeurs et les origines chrétiennes de la Suisse. Pourquoi est-ce important?

 Il est important de savoir d’où on provient. Il est important de savoir ce qu’est un pays, culturellement, s’il est constitué par le catholicisme ou le protestantisme… C’est important lorsqu’on fait venir des étrangers, pour qu’ils respectent notre manière de vivre, notre vision des choses afin de garantir une meilleure intégration. Je propose, mais ce n’est pas marqué dans notre programme, la nécessité de créer un ministère de l’intégration. Pourquoi? Parce que: mieux on intègre les gens qui viennent chez nous, moins de dépenses seront faites et moins de conflits seront crées sur le long terme. Ces gens doivent connaître nos langues, la région, nos coutumes, nos habitudes, apprendre sur notre économie, apprendre sur nos lois. Il y aurait moins de dégâts si nous faisions cela.

Est-ce que les Indépendants pensent que le phénomène de l’islamisation de la Suisse soit réel ? Si oui, faut-il prendre des mesures pour freiner la tendance?

Bien sûr et ce phénomène est déjà développé. Je pense qu’il faut une rencontre. Il ne faut pas avoir peur de l’Islam. Il faut avoir peur des sectes. Ce n’est pas la même chose. L’Islam est une religion comme les autres et je ne crois pas que tous les musulmans soient, comme on dit, violents ou enclins à tuer. Il faut apprendre à connaître l’autre. C’est une responsabilité très importante pour la Suisse. Il faut apprendre à communiquer et tout se passera très bien.

Une dernière question. Le dernier point de votre programme stipule la nécessité de « trouver le moyen de rendre les partis politiques plus créatif« . Pouvez-vous nous expliquer ce dernier point?

C’est devenir partisans d’une politique plus légère. Il faut moins de pressions de pourcentages, moins d’obligations, de paperasses… Il faut rendre la politique plus accessible et donner aux jeunes la volonté d’aller voter.