Opinions: Olivier Français (PLR) veut plus de liberté, cohésion et innovation

photo: VERISSIMO

Parole aux principaux candidats des Élections Fédérales du 18 octobre 2015. À une semaine de l’échéance des législatives, leMultimedia.info livre une série d’interviews avec les pressentis acteurs de cet été électoral. Au programme aujourd’hui: Olivier Français (Parti Libéral Radical).

Quel bilan tirez-vous de cette législature libérale radicale ? Faut-il retenir votre victoire aux urnes pour empêcher l’intronisation d’un salaire minimum ou encore celle de l’initiative 1:12 ?

Il y a eu différentes agressions dans le monde de l’économie dans une perspective de renchérir les charges des administrés. Alors dans cette perspective, le PLR est parvenu à une victoire importante dans le cours de cette législature. C’est exact. Nous sommes toutefois inquiets car il y a de plus en plus d’initiatives et de tendances à transférer certaines prérogatives des cantons au gouvernement fédéral. Mais, il n’est toutefois pas question de sous-estimer certains thèmes de société qui sont importants. Il n’est pas question pour nous de nous y soustraire. Le seul problème est que nous ne réglementons pas tout.

Vous avez des attentes claires pour les législatives de 2015: gagner des initiatives pour empêcher l’expansion socialiste… Finalement, votre programme se calque uniquement sur l’opposition de celui du PS ?

Je ne vois pas vraiment à quoi vous faites allusion. Nous avons 11 thèmes de campagne bien clairs. Personnellement, je suis engagé en politique car je veux garantir le travail pour tous. C’est tout le besoin d’avoir des métiers sociaux au sein de notre société pour venir en aide aux plus démunis et aux personnes qui sont en difficulté. Pour y parvenir, il y a trois réponses: une fiscalité diversifiée, une formation de qualité sans oublier la part de la formation continue pour garantir la mutation technologique et enfin, l’infrastructure. On s’est clairement positionnés sur ces thèmes au sein du parti, lors d’assemblées générales. Je prends l’exemple de la mobilité; il y a eu (presque) consensus au sein de notre parti pour ce chapitre-ci auquel nous avons ajouté la notion de télé-travail avec la prise en compte de la problématique des aéroports. Il est clair que face aux socialistes – pour qui il n’y a que les transports publics qui sont utiles – le PLR est un peu plus pragmatique et est plus attentif à notre vie sociale dans laquelle la voiture peut aussi nous être utile. Sur la question des assurances sociales, ensuite, il y a une demande et il est légitime à ce que l’on soit bien soignés et que l’on bénéficie un peu de la technologie. Nous prônons la libre concurrence tandis que le parti socialiste préfère un monde centralisé.

Liberté, cohésion, innovation… C’est un retour aux fondamentaux du PLR. J’aimerais discuter un peu de la cohésion; il est pour vous nécessaire de ne pas professionnaliser la politique et rester dans un parlement de milice pour permettre l’intégration de toutes les minorités… Qu’en est-il réellement ?

Dans notre vision de la cohésion, s’attache également la notion d’équipe et puis il y a toute une dimension de cohésion sociale; toutes les fonctions sociales différentes doivent pouvoir travailler ensemble pour trouver la solution. Rappelons que de nos jours, nous découvrons des problèmes tous les jours alors qu’avant, c’était un par décennie. Donc si nous sommes cohérents – que nous travaillons ensemble en équipe – nous parvenons plus aisément à trouver des réponses aux besoins qui se manifestent dans la société. Nous avons un très bel exemple intrinsèque à notre campagne électorale libérale-radicale; j’ai rarement vu une campagne sur le terrain dans laquelle 54 candidats travaillent ensemble pour les autres et pour des missions qui leurs sont clairement dévolues. Je pense aux jeunes libéraux radicaux qui ont fait une déclaration intéressante: ils sont là pour apprendre mais aussi pour montrer à la société que les jeunes sont au service du parti aujourd’hui, mais aussi de l’électorat pour peut-être gagner des élections municipales, cantonales ou fédérales demain. Donc, on voit que chacun, dans son ambition, travaille et veut montrer que la présence de différentes couches sociales est bénéfique pour réaliser un bon travail. Je suis très fier de ce que le PLR démontre lors de cette campagne.

Une réforme phare que le PLR préconise est la RIE III. C’est une réforme jugée nécessaire, voire obligatoire ?

Nous n’aimons pas ce qui est obligatoire – la RIE III ne l’est pas – mais nous insistons sur le fait qu’elle est nécessaire parce que nous vivons dans un monde global et que certaines règles nous sont imposées. Cette réforme nous permettrait de traiter les entreprises de manières uniforme sans mettre de disparités qui sont fortement critiquées dans le monde organisé. Donc c’est bien qu’on rentre dans ces règles dites générales. Ensuite, il s’agira aux cantons de les appliquer et on voit bien que le Conseil d’État vaudois soutient cette réforme parce qu’il en a pris conscience. Par contre, quand on redescend progressivement sur le terrain, on retrouve des réactions parce qu’il y a des réductions fiscales non négligeables et il faudra bien sur que les communes, tout comme le canton trouve des solutions viables pour concilier les intérêts de chacun. On le sait, qu’il y ait une hausse ou une baisse des impôts, cela impacte directement sur tout le système de redistribution entre le social, la formation, la sécurité, etc… qui est ajusté en fonction des situations.

Soutenir l’économie suisse est un point qui vous rallie avec le PDC et l’UDC. Mais un thème crucial pour le 18 octobre semble séparer de manière irréconciliable le centre-droit avec l’UDC: la crise migratoire. Les jeunes UDC avaient lancé il y a quelques jours l’idée de fermer les frontières en réponse à l’initiative, certes temporaire, de l’Autriche, l’Allemagne et la Slovaquie de ne plus faire passer de migrants. C’est un véritable point de bataille à mener pour le PLR aujourd’hui ?

Alors, il faut préciser de prime abord, que le PLR a prôné le premier pour une économie de marché. J’ai beaucoup de respect pour les membres de l’UDC car c’est vrai que celui-ci, ces dix dernières années, a été plus attentif à certaines entreprises sérieuses et au fonctionnement de la liberté d’entreprendre. Ensuite, l’UDC s’est approprié du thème de l’immigration (au même titre que le parti socialiste mais avec des visions diamétralement opposées). Pour nous, ce qui est important reste que le libre échange est une loi fondamentale qui a des règles et ces règles doivent être établies par tous. Par contre, j’ai une remarque qui m’est imposée par le peuple et qui m’alertait sur le fait que ça allait trop loin. Donc nous nous devons de respecter cette remarque et on a par conséquent un peu tourné notre réflexion vers celle de l’UDC. Mais il y a un point sur lequel nous ne cèderons pas, c’est le libre échange avec le monde réel qui nous entoure. Nous devons surfer sur la vague des accords bilatéraux qui sont une pièce fondamentale de notre fonctionnement. On a également exprimé, depuis huit ans, de concert avec les volontés du peuple, notre revue de la logique à l’égard de l’Europe. Le carcan dans lequel est enfermé l’Europe nous rend bien évidemment réticents à l’encontre de l’Union et nous n’entrons même plus en matière sur le sujet. C’est pourquoi, nous bénéficions et privilégions les bilatérales contrairement à l’UDC. C’est bien ce qui nous sépare de ces derniers.

Ma dernière question: Le PLR est considéré dans le système politique suisse comme un parti pivot. C’est-à-dire que de par sa forte présence au CE et de par l’incapacité des partis à votre gauche et à votre droite de faire majorité tous seuls, vous êtes toujours appelés à faire des alliances avec le PS ou l’UDC pour faire valider une loi au Parlement. Est-ce là l’une des forces du PLR, celle de faire presque toujours partie des gagnants ?

C’est toujours plus sympathique de faire partie du monde des gagnants que celui des perdants. Mais il faut noter que nous n’avons pas toujours gagné sur des points très importants concernant les projets qui ont été présentés au niveau de la sécurité, où l’UDC prédomine. La loi sur la réforme de l’armée en est un parfait exemple. Mais c’est vrai que sur d’autres thèmes, nous avons pu nous allier avec succès parfois avec le centre-gauche, parfois avec l’UDC. Il est tout à fait juste que nous sommes un parti pivot, vous avez raison; nous avons plus gagné que les autres partis… mais tout seuls, nous n’avons aucun pouvoir lors des décisions politiques. De plus, nous savons que ces majorités sont relativement faibles et donc nous devons être très prudents sur nos exigences. C’est pour cela que le parti montre peut-être un peu plus d’humilité qu’avant. Oui, notre position est bonne mais nous ne devons pas tout miser sur notre position de pivot.