Seb Mellia est décidément un authentique; micro à la main et doté d’un humour sincère, le Français a séduit le public du Lido Comedy & Club pour sa cinquième rentrée. Fort de toutes ses expériences aussi bien incroyables qu’originales, Seb n’omet pas de les retranscrire dans son petit carnet de pensées. Un carnet de pensées bien construit qui confirme toute la superbe artistique du prodige. Au Lido, la saison redémarre; interview.
Comment sont choisis les thèmes que vous traitez sur scène ?
Je raconte des choses qui me sont arrivées tout simplement. Je fais beaucoup de storytelling. J’essaie de rendre les événements que je vis drôles. Il s’agit ensuite de faire une sélection entre les meilleures anecdotes à partager sur scène.
On parle beaucoup d’improvisation dans votre description. Il y a beaucoup d’écrit ou vous vous laissez aller la plupart du temps à l’improvisation ?
Alors, la majorité de mes propos sont écris. Mais si on se retrouve face à un public très réceptif, on peut tenter de sortir un peu de la construction initiale du spectacle. Généralement, on ne mise pas tout sur l’improvisation parce que ce n’est pas fiable du tout. Le principal est d’avoir une base, des textes sûrs, puis l’impro, c’est du bonus.
La construction de ton texte est une chose mais la construction de ton image sur scène en est une autre. Le micro à la main, le tabouret et la bouteille de thé froid fondent le propre de ton personnage sur scène ?
Alors, le micro et le tabouret ne m’est pas propre. C’est une conception scénique qui existe depuis les années 1950 et l’invention du stand up. Quant au thé froid, j’adore ça, je le savoure… C’est mon alcool à moi.
Vous parlez beaucoup de la France, votre pays natal, avec une grande dose d’autodérision. Et à côté, vous présentez la Suisse comme the place to be. Pourquoi marquer cette différence ?
Je prends la France en autodérision parce que j’y ai grandi et que j’ai toujours un œil dessus. J’arrive à repérer toutes les particularités qui font mon pays et toutes ses incohérences. Je connais moins bien la Suisse mais c’est un pays que j’aime beaucoup. J’aime la découvrir, les gens sont tous très gentils et bien élevés ici. Il y a un choc par rapport à la France. Vous êtes adorables, on a envie d’habiter ici. Les migrants doivent venir en Suisse, ils vont vous adorer.
Jamel Comedy Club, premières parties de Gad Elmaleh… Quel regard portez-vous sur votre carrière ?
Ce n’est pas une énorme carrière. Je trace mon chemin petit à petit et j’espère ne pas m’arrêter en si bon chemin. Je ne me repose pas sur mes lauriers, je vais travailler encore pour pouvoir progresser davantage.
Vous êtes très jeune, je dirais 25-26 ans…
J’ai trente ans… Tout ça, c’est grâce au lait d’ânesse et au sang de vierge. Tout cela fait que l’on paraît très jeune.
On retrouve une maturité exacerbée sur scène et en même temps vous paraissez si jeune. C’est surprenant…
La maturité arrive avec l’âge mais j’essaie toujours de garder un regard un peu immature et espiègle sur les choses qui me caractérisent. On est comme on est et je pense qu’on ne change pas. On évolue mais sans perdre notre personnalité. Je serai toujours un gamin et finalement on vieillit et on accepte.
Finalement, la scène c’est l’endroit où l’on exprime sa vraie personnalité, où on se lâche…
Bien sûr, c’est très important. Les gens névrosés comme nous ont besoin de la scène. Tous les gens fous montent sur les planches. Les personnes saines d’esprit n’ont pas besoin de la scène pour s’exprimer. C’est uniquement ta volonté de partager tes problèmes psychologiques avec le public qui motive ton choix de monter sur scène. Tu aimes qu’on te dise qu’on t’aime. C’est pour cela qu’on fait ce métier.
C’est une sorte de carnet de pensées public…
C’est exactement ça ! C’est carrément une psychothérapie; tu exprimes tes craintes, tes pensées, ta manière de fonctionner aux gens. On en a besoin.
Vous étiez déjà venu au Lido Comedy & Club. Comment avez-vous vécu ce retour pour la première de la saison ?
J’ai adoré. Ça faisait un peu de temps que je n’avais pas rejoué le spectacle donc j’ai pu un peu retrouver mes marques. J’ai bien aimé la soirée même si je pense que demain (ndlr, samedi 12 septembre à 21h) sera mieux. Ce soir, c’était la reprise mais demain sera meilleur.