La Suisse a « manqué de créativité » à Wembley

Raheem Sterling et Stephan Lichtsteiner au coude à coude. Le Britannique prendra le dessus sur son adversaire. © Oreste Di Cristino
De Wembley, Londres (Angleterre)

C’est avec ces mots que Stephan Lichtsteiner a communiqué sa déception au micro de leMultimedia.info après la défaite de la Nati en Angleterre. Imprécision et désorganisation défensive ont eu raison d’une Suisse peu inspirée. Le latéral droit de la Juventus ne se veut, en revanche, pas être pessimiste pour autant. Retour sur l’épisode Wembley.

L’engagement déclaré en conférence de presse à Wembley a résolument ôté toute ambiguïté quant à l’objectif des Suisses face aux hommes de Roy Hodgson. La composition de l’équipe décidé par Vladimir Petkovic en témoigne; en 4-3-3 concrétisant le retour attendu de Gökhan Inler, le sélectionneur de la Nati a voulu réaffirmer les bases de son football. Son triple coaching gagnant du Parc Saint-Jacques – les entrées réussies et providentielles de Josip Drmic, Valentin Stocker et Breel Embolo – a été fort inspirant pour le mettre sur la voie de la sélection de son onze de base en vue de la rencontre londonienne. L’attaque, dans laquelle figurent Stocker, Drmic et Shaqiri, est très attendue. Behrami et Xhaka soutiendront la réinsertion de leur capitaine Inler tandis qu’en défense, c’est le statu quo qui prédomine avec la titularisation de Timm Klose à la place du « sensible » – période compliquée avec son club Young Boys – Steve Von Bergen. Le tournant offensif n’a semble-t-il pas opéré de la meilleure des façons face à Rooney et consorts. Mais la rencontre au sommet du groupe E a tout de même livré son lot d’enseignements pour Vladimir Petkovic.

« Un manque de créativité que d’habitude nous avons »

Moins détendue que la veille mais en passe de « démontrer [ses] capacités » – comme l’annonçait en conférence de presse Petkovic – la Suisse semble avoir montré quelques signes de nervosité face à l’Angleterre, car à Wembley, si les idées affluaient, le manque de réalisme a primé sur l’entièreté de la rencontre. Pour le latéral droit Stephan Lichtsteiner, le problème n’était pas d’ordre mental: « Je ne pense pas qu’il y avait une quelconque forme de nervosité – débute-t-il au micro de leMultimedia.info avant de continuer – Je pense que l’on est parvenus à bien jouer derrière, tout en réussissant (plutôt) bien à accélérer quand on le devait. Il nous est manqué un peu de force dans les 20 ou 30 derniers mètres et un peu de créativité que généralement nous avons« . Shaqiri, qui a marqué lors des deux derniers déplacements de la Suisse en Lituanie (2-1) et à Saint-Marin (4-0), a manqué de souffle (et de repères ?) sur son flanc droit. Son attitude très offensive aurait pu permettre à son équipe de prendre un avantage certain sur les adversaires mais un cruel manque de précision les a pénalisés dans leur élan: « Il y avait très certainement beaucoup de fatigue« , se rassure Lichtsteiner.

Mais si les solutions offensives peinaient à apparaître pour les hommes de Vladimir Petkovic, force est d’admettre que les rouges et blancs ont également et passablement manqué de solidité défensive face à Raheem Sterling et au capitaine Wayne Rooney. Souvent servi au millimètre près par James Milner, l’attaquant phare des Three Lions a donné du fil à retordre dans l’axe. La charnière défensive helvétique, dont Timm Klose et Fabian Schär sont garants, a longtemps subi les assauts répétés et parfois imprécis des hommes de Roy Hodgson (seuls deux tirs cadrés en première mi-temps côté anglais). Toutefois, la Suisse est parvenue, par moments, à exacerber sa volonté de vaincre. Le trio Drmic-Xhaka-Shaqiri a été intéressant à suivre. Le numéro 10 suisse a parfaitement assumé son « présumé » rôle de meneur de jeu tout en dopant la sensation d’une Suisse en pleine ascension en phase d’accélération: « Il faut dire que le match était assez équilibré – se défend Stephan Lichtsteiner – Avec le 1-0 (ndlr, de Harry Kane à la 67e minute, oublié dans l’aire de réparation par Xhaka et Klose), on a un peu perdu de notre concentration. Mais on a toujours essayé de marquer le but que l’on voulait. Malheureusement, le pénalty (ndlr, 50e but de Wayne Rooney – record national – avec la sélection anglaise) nous a achevés« , conclut-il.

Stocker-Embolo, le duo « indécouplable »

L’apport de Valentin Stocker est indéniable. Sa rapidité et ses réflexes en contre-attaque ont permis à la Suisse de s’engouffrer dans les quelques brèches que l’Angleterre laissait en défense. Souvent, voire beaucoup sollicité dans les derniers mètres, Valentin Stocker est sur le point – si ce n’est déjà le cas – de devenir un incontournable dans cette équipe de Suisse. Fort de ses principaux piliers offensifs, Stocker et le jeune et talentueux Breel Embolo – sans oublier Drmic, Dzemaili et bien sûr Shaqiri – la Nati devrait pouvoir – les rencontres le confirment toujours plus – composer avec ce duo presque indécollable et rentable à souhait.

« Il ne faut pas spéculer. La Suisse ne manque pas de leadership »
Stephan Lichtsteiner

À Wembley, c’est également le volontarisme certain de Ricardo Rodriguez qu’il faut primer. Ses appels de balle semblent être une aubaine – peut-être la seule distinctive sur la pelouse de l’antre du football anglais –  pour ses coéquipiers en manque d’inspiration. Cependant, en Suisse, c’est le manque d’un véritable numéro 10 qui se fait ressentir. Si Xhaka parvient de temps à autre à colmater le vide, il n’est pas encore en mesure faire réapparaître la confiance dont l’équipe de Suisse a besoin. Il est alors une grande instabilité au sein du contingent helvétique. Mais Lichtsteiner réfute tout manque de leadership au sein de l’équipe rouge et blanche: « Franchement, je ne sais pas, il ne faut pas spéculer. Je ne pense pas qu’il manque un quelconque leader en Suisse; on a notre leader« . Il ne s’aventure pourtant pas à dénommer son favori. Inler ? Shaqiri ? Embolo ? ou encore le gardien Sommer ? Le latéral de la Juventus de Turin se limitera uniquement à affirmer l’inéluctable: « De l’avant à l’arrière, la jeunesse a marqué son territoire et est dotée de grandes personnalités. Cela nous suffit amplement pour l’instant« . Au final, la Suisse aura poussé, peut-être même est-elle allée au bout de ses forces accumulées ces dernières semaines en arborant une plus grande agressivité en fin de rencontre… Mais elle n’aura pas réussi à empêcher le « striker » et légendaire Wayne Rooney à devenir le « All-Time highest Goal Scorer in England« . Pourtant, avec un brin de réussite en plus – brin qui leur échappe encore – la Nati aurait pu se tirer du piège anglais.